Des échantillons prélevés dans le Léman montre la présence de nombreux microplastiques et mésoplastiques. Les pailles, c'est pour les croyances populaires, les déchets de pneus et de ballons gonflables sont les vrais ennemis des lacs et océans (Photo: Oceaneye)
La semaine dernière, la presse a joué avec les émotions des Romands, leur annonçant coup sur coup que leurs lacs étaient cristallins puis affreusement pollués. Des informations contradictoires qui ont laissé planer le doute sur la qualité réelle des eaux. «La notion de propreté est un peu ambiguë», consent Gaël Potter, responsable scientifique d’Oceaneye. Cette association genevoise a mené une étude, relayée lundi par letemps.ch, révélant que le Léman abritait 14 millions de débris plastiques. Une pollution semblable, en proportion, à celle des océans. Toutefois, il y a une semaine, rts.ch écrivait que la trop grande propreté des lacs tuait les poissons à petit feu.
Dans les faits, les eaux romandes sont tout à fait propices à la baignade. Mais les substances qu'elles contiennent n'ont pas le même impact sur l'homme que sur le poisson. Pour l'humain, l’éradication du phosphore, trop concentré dans les années 1960 au point de nuire à la faune, est une aubaine. Mais l'absence totale de ce minéral prive les poissons de nutriments. Quant au plastique, il s'agit d'une «nouvelle menace que nous n'avons pas évaluée à sa juste valeur, estime Gilles Mulhauser, directeur général de l'eau pour le canton de Genève. Les études nous alertent et nous prenons des mesures en conséquence.» Toutefois, ce matériau est relativement récent. «Nous ne savons pas comment il va se comporter dans le futur», précise Gaël Potter.
Pour Eva Landry, pêcheuse professionnelle à Allaman, plastique et phosphore n'arrivent pas à la cheville des problèmes causés par les micropolluants. «L'Etat est obsédé par les résidus de phosphore mais se trompe de combat. Les médicaments qui passent dans l'eau, via les stations d'épuration, contiennent des substances qui perturbent la faune. Il m'est arrivé de pêcher des poissons mal formés à cause de cela.»
Plus de 20% d'emballage
L'association genevoise Oceaneye a mené une première série de prélèvements à la surface du Léman en août et septembre dernier. Sur 14 échantillons répartis sur l'ensemble du lac, 14 millions de particules étaient des microplastiques, entre 1 et 5 mm, et des mésoplastiques, entre 5 et 200 mm. cette concentration atteint 129 gr/km2, un niveau équivalent à la pollution mondiale moyenne des océans. Parmi les particules présentes dans les échantillons, 23% proviendraient d'emballage et 71% sont des fragments non identifiables. Une nouvelle série d'échantillons a été prélevée cette semaine.