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lundi 22 juillet 2019

Les Fribourgeois comme à la maison, le bonheur en plus


Samedi, la journée du canton a drainé la foule à la Fête des vignerons. Ambiance entre émotion et insolite


A l’ombre des arbres, un cercle s’est formé autour du Quatuor des Armaillis de la Veveyse. Samedi matin, les voix des quatre chanteurs en bredzon aimantaient un à un les visiteurs de la Fête des vignerons. Sur la scène de l’Aviron, la formation reprend en français Hallelujah de Leonard Cohen. Le public fredonne, hypnotisé. Il est presque midi et le quatuor se lance dans un joyeux Tous les Dzodzets dansent, repris par les spectateurs. Salves d’applaudissements et cris de joie. Le public exulte.


© Vanessa Lam

Des moments d’émotion comme celui-ci, les visiteurs de la Fête des vignerons auront eu l’occasion d’en vivre bien quelques-uns samedi à l’occasion de la journée du canton de Fribourg. Chœurs, fanfares, cors des Alpes et groupes de musique contemporaine ont offert au public près de trente concerts répartis sur les différentes scènes du site. Selon les estimations de la police, plus de 60 000 personnes étaient présentes à Vevey au plus fort de la journée.

Au Jardin Doret, quartier noir et blanc de la fête, les Fribourgeois étaient chez eux samedi. Dans le parc, on se salue, on se fait la bise comme dans un village. Agriculteur à Cormérod, Roland est descendu de l’alpage des Morteys pour venir sur les bords du Léman. «C’est l’occasion de rencontrer des amis et des confrères», explique le sexagénaire. Propriétaire d’une vache participant au spectacle, Valentin et Maryline Pasquier de Remaufens font découvrir à leurs deux filles les pavillons mettant en scène Fribourg de manière ludique. «Pour un touriste, cela montre l’essentiel des choses à visiter dans le canton», estime le Veveysan pour qui il pourrait y avoir «plus de gens habillés en vrai bredzon» sur le site. «Moi, je m’attendais quand même à quelque chose de plus technologique dans ces pavillons», confie Clémence de la radio NRV, la radio du Cycle d’orientation de la Veveyse qui invitait samedi le public à chanter Le Ranz des vaches dans une version rap hilarante.























Un radeau en tavillons

Il est presque 14 h et le soleil cogne sur les bords du Léman. Sous la tonnelle bondée du Lyo’bar, les serveurs suent et ne savent plus où donner de la tête. A l’autre bout du site, deux énormes ventilateurs apportent un peu de fraîcheur aux quarante vaches de la ferme éphémère qu’une multitude d’enfants ne se lassent pas d’admirer.

Alors que la foule prend la direction du quai Perdonnet pour le début du cortège des Fribourgeois, une scène insolite interpelle en chemin: un pianiste et un trompettiste jouent les musiciens équilibristes sur un radeau en tavillons. Cinq jours auront été nécessaires au tavillonneur Grégoire Gachet pour réaliser cette scène flottante d’une tonne et qui se veut «une réinterprétation moderne d’une toiture traditionnelle», selon les mots des architectes Jean-Michaël Taillebois et Agnès Collaud, concepteurs du projet.

Vers 16 h 30, un concentré de traditions fribourgeoises, des sonneurs de cloche, aux Barbus de la Gruyère en passant par la Landwehr et le Carnaval des Bolzes, fend la foule amassée sur les quais. «Les Fribourgeois savent mettre de l’ambiance», lance une dame. Sur la scène du Rivage, le président du Conseil d’Etat fribourgeois, Jean-Pierre Siggen, vient de terminer son discours. Le Chœur de mon cœur entonne un vibrant Ranz des vaches. Et la foule de reprendre d’une seule voix le Lyôba. Instant magique qui consolera peut-être les spectateurs restés sur leur faim samedi soir dans l’arène (lire ci-après).





Un ranz trahi par la technique

Ce devait être une consécration, ce fut une vive déception. Le Ranz des vaches présenté samedi soir, lors du spectacle de la journée fribourgeoise, n’a pas été à la hauteur de ce que nous avons pu entendre lors des représentations précédentes. Solistes désorientés, départs ratés, sonorisation déficiente. «Nous avons ressenti un grand flottement, c’était bizarre», note ce spectateur vivement déçu de n’avoir pas ressenti l’émotion attendue.


Les onze solistes, pourtant excellents, auraient-ils failli? «Au contraire, ils ont été héroïques! C’est la technique qui nous a trahis», s’emporte Nicolas Fragnière au lendemain de la prestation ratée. «Nous sommes tellement désolés et tristes pour notre public», confesse encore celui qui dirige le Ranz aux côtés de Marc-Antoine Emery.

Renseignement pris, le processus de sonorisation est bel et bien en cause. «Les solistes n’y sont pour rien! C’est une erreur humaine: un micro est resté ouvert et les solistes n’entendaient plus la bande-son», explique Martin Reich, responsable son de la fête. «Ce matin (dimanche, ndlr), nous avons refait une répétition avec eux dans l’arène pour les rassurer, et leur redonner confiance.» Lors de la représentation qui a suivi, les solistes du Ranz avaient retrouvé leur fière assurance. 


© Lib/Alain Wicht
Photos
Thierry Raboud