Un dépôt de stock d'or de la Confédération
Les trésoriers de la grande banque américaine JP Morgan ont de quoi se poser des questions. Comme le révèle l'agence Reuters, un millier de leurs lingots d'or sont estampillés d'une origine falsifiée. Prétendument d'origine helvétique, les barres d'un kilo chacune, soit l'équivalent d'environ 50 millions de francs, n'ont en fait pas été coulées en Suisse.
Bien qu'ils soient composés d'or véritable, ces lingots sont estampillés des noms de raffineries suisses alors qu'ils n'en proviennent pas. Le but: donner une impression de qualité et masquer les conditions de minage et de production douteuses employées pour extraire l'or. Car ces lingots à l'origine falsifiée sont principalement utilisés pour écouler l'or issu de mines illégales, qui sont nombreuses à travers le monde.
Les douanes confirment
Contactée, l'Administration fédérale des douanes confirme avoir connaissance de l'existence d'au moins 655 faux lingots d'un kilo. Mais elle précise que le nombre exact de fausses barres est inconnu, ce qui rend difficile l'estimation de l'ampleur du problème.
À l'échelle de l'ensemble de l'industrie aurifère (2,5 millions de barres produites chaque année) cependant, le nombre de contrefaçons découvertes est relativement faible. Mais selon le directeur de la raffinerie tessinoise Valcambi, Michael Mesaric, il y en aurait «beaucoup, beaucoup, beaucoup» d'autres faux en circulation. Et sans surprise, aucune grande banque ne souhaite avoir de tels lingots dans ses coffres.
Origine floue
La Suisse joue un rôle clé dans le commerce mondial d'or (lire encadré). Or selon Mark Pieth, professeur en criminologie à l'université de Bâle, ces lingots à l'origine falsifiée nuisent considérablement à la réputation des raffineries helvétiques, qui applique des contrôles de qualité stricts.
De son côté, la raffinerie Argor-Heraeus confirme que la problématique n'est pas nouvelle. Et conseille d'acheter de l'or uniquement auprès de marchands réputés et dignes de confiance.
Le pays de fabrication des lingots demeure incertain, même si des experts du secteur supposent qu'ils auraient été produites en Chine, avant de passer par Hong Kong, le Japon et la Thaïlande.
La Suisse: une plaque tournante du commerce aurifère
Bien qu'il n'y a plus de mine d'or commerciale sur le territoire helvétique, la Suisse reste le plus grand négociant de ce métal au monde. En outre, quatre des plus grandes affineries du monde (Valcambi, Pamp, Argor-Heraeus et Metalor) sont situées au Tessin. Ainsi, plus des deux tiers de l'or extrait sur la planète sont fondus et affinés en Suisse.
Possibilité de porter plainte
En principe, les privés qui possèdent des lingots à l'origine falsifiée de peuvent contacter le vendeur et les échanger contre des authentiques. «Comme pour les autres produits contrefaits, il est également possible de déposer plainte», rappelle l'Administration fédérale des douanes. L'AFD ajoute en outre que les plus à même de repérer de telles contrefaçons sont les raffineries elles-mêmes, car les procédures d'analyse sont très complexes.