En 2018, chaque habitant y possédait en moyenne 70'850 dollars
(quasiment la même somme en francs) de fortune, en hausse de 17'790 dollars
La Suisse occupe toujours la première place mondiale en termes de fortune par habitant. Sur l'année écoulée, celle-ci y a augmenté de 17'790 dollars (quasiment la même somme en francs) en moyenne, la hausse la plus importante constatée au plan international, révèle une étude de Credit Suisse publiée lundi.
Selon la 10e édition du «Global Wealth Report», l'étude sur la fortune mondiale établie par le numéro deux bancaire helvétique, la richesse totale au plan mondial s'est étoffée de 2,6% sur douze mois, entre mi-2018 et mi-2019, pour s'établir à 360 milliards de dollars, soit une richesse moyenne par adulte de 70'850 dollars ( 1,2%).
En Suisse, la fortune des ménages a connu une croissance annuelle moyenne de 2% depuis 2000. Avec des avoirs moyens par adulte de 564'650 à mi-2019, les Helvètes restent les plus riches au monde, montre l'étude. La richesse par ménage en Suisse a progressé de 17'790 dollars en douze mois.
Renchérissement du franc par rapport au dollar
Ces chiffres représentent la fortune nette et incluent le patrimoine immobilier. En revanche, le 2e pilier n'est pas pris en considération. Une grande partie de l'évolution en Suisse est due au renchérissement du franc par rapport au dollar. Les effets de change ne sont pas à négliger. D'autres pays riches, comme l'Australie ou la Norvège, en ont vu les conséquences, dans un sens inverse. La richesse moyenne par ménage exprimée en dollars a diminué de 28'670 dollars pour les Australiens et de 7520 dollars pour les Norvégiens.
Le monde comptait par ailleurs en milieu d'année 46,8 millions de millionnaires, soit 1,1 million de plus de plus qu'un an plus tôt. Les Etats-Unis ont contribué pour plus de la moitié à cette hausse.
La Suisse est très largement surreprésentée en termes de millionnaires, comme l'avaient déjà montré précédemment d'autres études: le pays en abrite 810'000 d'après Credit Suisse en tenant compte des avoirs immobiliers, et 400'000 environ si l'on exclut notamment la résidence principale et les objets d'art, selon les critères de Capgemini.
56'000 ultra-riches
Les ultra-riches (UHNW), soit les personnes d'une fortune nette d'au moins 100 millions de dollars, étaient au nombre de 55'920 dans le monde à mi-2019, révèle encore Credit Suisse. Parmi eux, 4830 jouissaient de plus de 500 millions. La Chine se distingue particulièrement dans son évolution dans ce segment.
Credit Suisse note encore une diminution des inégalités depuis 2000 dans la plupart des pays. Les 90% les moins riches possèdent 18% de la fortune des ménages au plan mondial, contre 11% au tournant du siècle. Il est encore trop tôt cependant, précise l'étude, pour parlant d'un tournant, même si les chiffres semblent indiquent que «qu'un pic de l'inégalité» a pu être atteint en 2016.
D'une façon générale, les pays émergents, dont la Chine, jouent un rôle toujours plus important dans l'évolution de la fortune mondiale. Les deux tiers de la croissance de cette dernière enregistrés depuis 2008 sont dus à ces régions du monde. L'Afrique et l'Amérique latine en revanche sont en souffrance.
Renforcement de la «classe moyenne»
Environ 57% de population adulte mondiale, soit 2,9 milliards de personnes, disposent d'une fortune de moins de 10'000 dollars. Environ 1,7 milliard de personnes comptent entre 10'000 et 100'000 dollars, ce qui représente un triplement par rapport à 2000. Ce fort renforcement de la «classe moyenne» est dû, là aussi, à l'évolution dans les pays émergents.
Credit Suisse anticipe une hausse de plus d'un quart (27%) de la richesse mondiale dans les cinq prochaines années. Elle devrait atteindre 459 milliards de dollars, pour un total, là aussi de nette hausse, de 63 millions de millionnaires.
En attendant, la hausse de 2,6% de la richesse sur les douze derniers mois sous revue est qualifiée de très «modérée» par Anthony Shorrocks, économiste à la London School of Economics (LSE) et auteur du rapport. Le début du siècle, qualifié d'«époque dorée», avait été marqué par une croissance robuste et avait posé les jalons de la création de richesse, évoque-t-il en guise de comparaison.
ATS