Mitholz compte quelque 170 habitants
(Photo: Keystone)
La sécurisation des stocks de munitions ensevelis sous la montagne à Mitholz, dans l'Oberland bernois, nécessitera l'évacuation des habitants du village pendant une période allant jusqu'à dix ans. Le coût de l'assainissement devrait dépasser le milliard de francs.
Des mesures seront aussi nécessaires pour sécuriser les voies de communication. La période d'éloignement de la population pourrait même dépasser dix ans selon l'évolution du chantier. Ce message a été transmis mardi soir par le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) lors d'une séance d'information au public à Kandergrund (BE).
La cheffe du DDPS Viola Amherd était présente sur place. «Nous devons résoudre un problème complexe», a-t-elle déclaré. Ce n'est pas facile pour la population, a-t-elle ajouté. «Vous pouvez compter sur notre soutien, nous voulons des solutions sur mesure».
Village fantôme
Mitholz, qui compte quelque 170 habitants, pourrait donc devenir un village fantôme. Cette commune recense entre 50 et 60 ménages et certaines familles y vivent depuis des générations. «Nous voulons soutenir le mieux possible les habitants», a expliqué Bruno Locher, chef Territoire et environnement du DDPS, lors d'un point de presse.
La sécurisation du site aura aussi des répercussions sur les voies de communication, routières comme ferroviaires. Les axes reliant Kandergrund à Kandersteg, qui permettent de rejoindre le tunnel du Lötschberg, nécessiteront des aménagements ou un autre tracé. Des ouvrages devront être installés pour protéger la ligne ferroviaire de la compagnie ferroviaire du BLS.
Viola Amherd a une nouvelle fois souligné que l'évacuation des restes de munitions de l'ancien dépôt de l'armée était l'objectif des autorités. Le DDPS ne veut pas laisser un cadeau empoisonné aux générations futures.
Déblaiement pas avant 2031
Le DDPS s'attend à d'importants travaux de préparation. Dès lors, le déblaiement à proprement parler des munitions n'est pas envisagé avant 2031. Si l'évacuation devait poser des problèmes jugés insurmontables, il serait toujours possible de réduire nettement les risques en recouvrant l'ancien dépôt d'une masse rocheuse.
Construit lors de la Seconde Guerre mondiale dans la montagne, à Mitholz, le dépôt a explosé en 1947. Il reste environ 3500 tonnes de munitions, soit plusieurs centaines de tonnes de substances explosives dans la caverne effondrée.
Le site est placé sous surveillance. Un système de mesures permet une détection précoce des changements survenant dans l'ancien dépôt. Il permet d'alerter la population en cas de danger. Des capteurs et des caméras enregistrent les changements de température, les émanations gazeuses et les mouvements de la roche.
Procédure de participation
Une procédure de participation a été lancée lors de cette séance d'information pour permettre à la population et aux entrepreneurs locaux de donner leur avis sur la variante. Ils ont jusqu'à fin mars pour renvoyer le questionnaire.
Les autorités ont jusqu'au 17 avril pour prendre position. Les réponses feront l'objet d'une évaluation. Les résultats de cette procédure de consultation seront pris en compte pour la suite des travaux. Une autre séance aura lieu mercredi à Kandersteg, commune concernée par la sécurisation des axes de communication.
Différentes variantes ont été élaborées l'an dernier pour sécuriser le site de Mitholz. Mais comme elles ne se distinguaient guère les unes des autres, le DDPS a opté pour une approche globale qui envisage l'évacuation des munitions et des explosifs dans leur totalité.
Difficile à digérer
Plus de 300 habitants de Mitholz et des communes environnantes ont participé à la séance d'information. «C'est difficile à digérer», a déclaré la préfète Ariane Nottaris. Lors de la séance de questions et réponses, l'émotion était palpable.
Un homme a demandé ce qui se passerait si quelqu'un refusait de quitter les lieux. Le représentant du DDPS, M. Locher, lui a répondu de manière évasive. Il s'est dit convaincu que des solutions appropriées seraient trouvées pour éviter de se retrouver dans cette situation.
Trois habitants présents mardi soir avaient été témoins de l'explosion en 1947. L'un d'entre eux a expliqué que le travail avait été fait beaucoup plus rapidement à l'époque. Un an seulement après l'explosion, les habitants avaient pu rentrer chez eux.
ATS