Après « Dites 33 ! », la formule la plus communément entendue dans les cabinets médicaux sera peut-être « Serrez-moi la main ». En effet, une récente étude menée sur 776 hommes et femmes finlandais suggère que la force de la poignée de main serait directement corrélée au risque de contracter le diabète de type 2. Les résultats indiquent que la probabilité d'être atteint de la maladie décroîtrait de 50 % à chaque unité de force supplémentaire. Grâce à cette nouvelle méthode de détection, les chercheurs espèrent pouvoir faciliter l'accès à un dépistage systématique et efficace.
Une nouvelle méthode diagnostique ?
Le diabète est l'une des principales causes de mortalité, touchant plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde. Parmi elles, 90 % sont atteintes de diabète de type 2, caractérisé par une faible production d'insuline et par l'augmentation résultant du taux de glucose dans le sang. Contrairement au diabète de type 1, celui de type 2 est plus difficile à détecter, à cause de l'apparition progressive de ses symptômes. Les patients sont généralement soumis à un test sanguin permettant de mesurer la glycémie ; cependant, cet examen représente un coût supplémentaire pour le système de santé et n'est pas réalisé régulièrement chez les individus hors de soupçon.
L'affaiblissement musculaire pourrait alors devenir une alternative de choix dans le dépistage systématique du diabète de type 2. Fortement associé à des troubles cardiovasculaires et à une longévité réduite, il a néanmoins longuement fait l'objet de résultats controversés dans le cadre de son association avec le diabète. Toutefois, une nouvelle étude longitudinale, menée sur 776 sujets âgés de 60 à 72 ans durant une période de près de 20 ans, offre de nouvelles données concluantes.
Chez les personnes diabétiques, la glycémie est généralement mesurée à l'aide d'un lecteur de glycémie © Robert Kneschke, Fotolia
La réponse dans une poignée de main
Durant l'étude, les patients ont été soumis à quatre tests de force (au début de l'étude, puis après 4, 11, et 20 ans) à l'aide d'un dynamomètre de main. Leurs résultats ont ensuite été normalisés en fonction de leur sexe biologique, de leur taille et de leur poids, révélant une forte corrélation entre le risque de diabète et la force musculaire. Cette corrélation en vient même à dépasser l'effet de certains facteurs connus pour faciliter l'apparition du diabète, tels que l'âge, les antécédents familiaux, la consommation de tabac, l'hypertension, l'activité physique ou encore le taux de glycémie à jeun.
« Ces résultats peuvent avoir des implications dans le développement des stratégies de prévention du diabète de type 2, commente Setor Kunutsor, auteur principal de l'étude, parue dans la revue Annals of Medicine. La mesure de la poignée de main est simple, peu coûteuse et ne requiert pas d'expertise ou de ressources particulières ; elle pourrait aussi être potentiellement utilisée dans l'identification précoce des individus présentant un haut risque de développer du diabète de type 2. » De plus amples études seront nécessaires afin de confirmer ces résultats sur une part plus diverse de la population mondiale.
Emma Hollen