Son histoire débute en 1668, lorsqu'un marchand nommé Jean-Baptiste Tavernier rentre d'Inde. Il y a exploré la vallée des diamants de Golconde, et a négocié un millier de gemmes destinées au roi, selon le Muséum national d'Histoire naturelle. Dont un diamant bleu de 115,4 carats, qui suscite l'intérêt de Louis XIV. Le monarque fait retailler ce joyau, qui devient l'un des symboles de son règne. Placé sur un bâton d'or, la lumière du diamant donne l'illusion d'un soleil au centre d'un ciel bleu.
Mais le précieux fût volé. Il n'est réapparu officiellement qu'en 1839, lors de la succession d'Henri-Philippe Hope. Et après moult péripéties, le voilà dans une des galeries de la Smithsonian Institution (Washington) en 1958. Attirant huit millions de visiteurs chaque année. Pourtant, son éclat s'est assombri... Grandement assombri. Au point que le musée utilise un subterfuge. Un spot de lumière bleutée, positionné sous le bijou, lui rend son prestige.
Une réplique parfaite
Jusqu'en 2007, la France n'était pas en mesure d'obtenir une réplique du diamant de Louis XIV. Mais, cette année-là, une équipe tombe sur un moulage du Bleu de France, tapi dans les réserves. Ni une ni deux, des chercheurs français s'associent à des confrères nord-américains. Afin de « recalculer par ordinateur et de manière absolue la couleur du minéral, en prenant en compte sa composition chimique », raconte à l'AFP François Farges, le commissaire de l'exposition « Pierres précieuses ».
Une centaine d'essais plus tard, en jouant sur l'interaction entre la lumière et la structure atomique, les chercheurs parviennent à obtenir le fameux bleu roi. Ils déposent alors des nanoparticules de titane sur cette réplique, ce qui donne « l'impression de voir enfin ce diamant bleu, tel qu'apparu au Roi-Soleil ». Actuellement exposé au Muséum national d'Histoire naturelle, l'imitation duperait les diamantaires. « Ils étaient incapables de faire la différence avec un vrai ! » se réjouit François Farges.
Éléonore Solé