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jeudi 21 mars 2024

Les frontaliers ont une «certaine indécence» à se plaindre, alors qu'ils ont profité du système depuis si longtemps

 

«Les frontaliers sont des assurés comme les autres, il est normal qu'ils participent à la solidarité», souffle à Blick Mauro Poggia, sénateur du Mouvement citoyens genevois (MCG). Il ne mâche pas ses mots: «Ça n'est pas le moment de geindre.»

La nouvelle fait mal aux frontaliers. En 2025, 155'000 de ces travailleurs verront leurs primes maladie exploser, jusqu'à 60% plus cher qu'actuellement. Le Parlement a accepté, fin février, une réforme de la loi sur l'assurance maladie (LAMal), proposée par le Conseil fédéral.

Les frontaliers paieront toujours moins cher

Tous les assurés qui vivent à l'étranger, dans un pays limitrophe ou non, seront inclus dans le mécanisme de compensation des risques (lire encadré ci-dessous), rapporte «Le Temps». À Genève, canton où 44'000 travailleurs vivent en France, la grogne monte.

Les intéressés regrettent de ne pas avoir été concertés. «Mais on sait ce qu’ils auraient dit, rétorque Mauro Poggia. Malgré une hausse de 100 à 150 francs par mois, qui est importante en pourcentage, je le conçois, les primes des frontaliers restent plus basses que celles des Suisses.»

En effet, elles se situent actuellement entre 200 et 300 francs par mois, et grimperont entre 300 et 350 francs. Selon le sénateur genevois, ce prix abordable s’expliquerait par le fait que les frontaliers soient «intégrés à la masse de tous les assurés suisses. Leurs primes seraient proches de la moyenne nationale, et pas dépendantes du canton où ils travaillent.»

Une «injustice flagrante»

Le Groupement transfrontalier européen crie à «l'injustice flagrante», pour de jeunes actifs en bonne santé, qui «se soignent en France, où les coûts de la santé sont bien inférieurs», assure-t-il.

Mauro Poggia doute de ce constat. L'élu MCG a dirigé le département de l'emploi lorsqu'il était conseiller d'État à Genève, de 2013 à 2023. Ponte du parti prônant la préférence cantonale, il se réjouit de cette décision, prise «sur la base du principe de solidarité». Il ajoute: «Il n'est pas possible de créer un groupe d'assurés distincts, qui représentent en plus de 'bons risques', puisqu'il s'agit d'actifs.»

Pour lui, il est peu probable que des affiliés à la LAMal choisissent d’être soignés en France. «Pas quand on connaît les délais pour consulter. Je parle de rapidité, pas de qualité, même si nous faisons partie d’un des systèmes de santé les plus performants au monde.»

Une «certaine indécence» à se plaindre

Mauro Poggia ne cache pas une certaine forme d’agacement quant aux protestations des assurés frontaliers. Notamment lorsqu’elles proviennent de cadres ou de parents de familles nombreuses qui choisissent la LAMal car elle est moins chère: «Tout en continuant de vivre en France, où le coût de la vie est moins élevé! souligne l’élu MCG. Il y a une certaine indécence à se plaindre. Surtout qu’avec le renforcement du franc suisse, les frontaliers ont bénéficié indirectement d’une augmentation de salaire plus importante que ce que pourraient avoir les travailleurs suisses.»

C’est clair pour le conseiller aux États: «On pleurera une autre fois, tance-t-il. D’autant plus que la France n’hésite pas une seconde à appliquer le principe de solidarité quand cela lui convient. Elle l’a fait il y a dix ans en demandant à tous ses ressortissants travaillant en Suisse et assurés en privé chez eux de s’affilier à la 'Sécu'.»

Le mécanisme de compensation des risques

Le principe de solidarité de l’assurance de base consiste à équilibrer la balance financière entre les assurances qui comptent peu d’assurés avec un risque élevé de maladie, et celles «confrontées à des risques importants», résume Léonore Porchet, conseillère nationale verte vaudoise, citée par «Le Temps». Ce système a été créé pour éviter que les assureurs maladie ne soient tentés d’assurer que les personnes en bonne santé. L’assureur dont le contingent est en bonne santé paie des redevances aux compagnies confrontées à de plus hauts risques. Les frontaliers qui prennent un emploi en Suisse sont, dans la règle, soumis à la LAMal, explique le conseiller aux États Mauro Poggia. «Ils peuvent, dans les trois mois, exercer leur droit d’option et choisir d’être affiliés à l’assurance de leur lieu de domicile, c’est-à-dire la France. Mais une fois qu’ils ont choisi, ils ne peuvent pas changer comme ils le veulent.»

Lucie Fehlbaum

blick.ch