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jeudi 21 mars 2024

Le nombre de cas de violence dans les centres d'asile a doublé depuis 2020

 

De 672 à 1368 en l'espace... de trois ans! Le nombre d'incidents liés à la sécurité dans les centres fédéraux d'asile suisses a doublé depuis 2020. En 2023, ces chiffres a même atteint un nouveau record. En moyenne, la police a dû intervenir trois fois par jour. C'est ce qu'écrit ce dimanche la «NZZ am Sonntag», qui s'appuie sur les chiffres du Secrétariat d'État aux migrations (SEM).

Les incidents comprennent les disputes, le harcèlement ou les agressions. Selon le SEM, 70% des incidents sont le fait de demandeurs d'asile originaires des pays du Maghreb. Les demandes d'asile en provenance de cette région auraient fortement augmenté depuis 2021.

100 postes à plein temps créés pour la prévention des conflits

Le SEM indique qu'il s'agit de chiffres absolus. Concernant les incidents par nuitée par rapport au nombre de demandes d'asile, il y aurait eu 98 incidents de ce type pour 100'000 nuitées en 2020. En 2023, ce chiffre est tombé à 58.

Le SEM évoque également les mesures qui ont déjà été prises pour faire face à l'insécurité dans les centres d'asile, comme une aumônerie musulmane, une meilleure gestion des plaintes et une collaboration intensifiée avec les médecins spécialisés dans les addictions.

Plus de 100 nouveaux postes à temps plein ont également été créés depuis février 2021 pour améliorer la prévention des conflits dans les centres, selon un porte-parole du SEM.

Malgré tout, les chiffres font réagir le clan bourgeois. Le conseiller aux Etats PLR lucernois Damian Müller exhorte ainsi le Conseil fédéral à faire preuve de plus de fermeté. Il a déposé cette semaine une intervention en ce sens au Parlement.

Beat Jans travaille à procédure de renvoi en 24 heures

Il y écrit que la Suisse doit entamer des négociations avec le Maroc en vue d'un accord sur les phénomènes migratoires. Celui-ci devrait contenir une clause permettant l'organisation de renvois forcés par vol spécial ainsi que la possibilité de renvois par voie maritime.

Le ministre de l'Asile Beat Jans a, lui aussi, défini une ligne dure il y a près d'un mois, en annonçant vouloir agir de manière conséquente contre les demandeurs d'asile problématiques. Il a par exemple annoncé la mise en place d'une procédure rapide de 24 heures dans toute la Suisse pour les demandes qui n'ont aucune chance d'aboutir.

«À Boudry, les habitants vont commencer à se faire justice eux-mêmes»

«Imaginez, vous faites le choix d’habiter dans une commune calme, sans histoire. Du jour au lendemain, vous voyez des voitures de police foncer toutes sirènes hurlantes, des policiers qui cavalent dans les champs ou qui viennent fouiller les haies qui servent de planque pour la drogue. Ou encore des hélicoptères survoler la zone. C’est surréaliste, un rodéo pareil!»

Il pourrait en rire, mais Dastier Richner est fatigué. «A bout, même.» Ce père de famille vit à moins de 500 mètres du Centre fédéral d’asile (CFA) de Perreux à Boudry, le plus grand du pays. Las des incivilités et cambriolé à quatre reprises par des requérants d’asile, il a fondé, en 2020, Bien vivre à Neuchâtel, une association qui compte aujourd’hui 200 membres.

Sur le site internet du collectif, les témoignages de riverains s’accumulent. «Ma fille s’est fait toucher les fesses dans le bus, j’ai été cambriolée deux fois», «je me suis fait voler devant ma fille de 3 mois», «j’en ai marre, j’ai vécu un cambriolage traumatisant», peut-on lire sur la plateforme en ligne.

Une pétition signée par 1700 personnes

Si les statistiques confirment une hausse de la délinquance en 2022 dans le canton de Neuchâtel (+4%), avec la multiplication des vols à l’arraché, dans les voitures ou à l’étalage, due à une minorité de requérants en provenance d’Afrique du Nord, elles ne disent rien du sentiment de peur qui, incivilité après incivilité, s’est peu à peu saisi des habitants de Boudry.

Elles ne racontent pas les regards insistants et le harcèlement dans les transports publics, les jardins visités durant la nuit, les tentatives avortées de cambriolage. Certains riverains ont installé des caméras de surveillance, d’autres ont pris un chien pour les alerter en cas d’intrusion.

Fin février, Dastier Richner et les membres du comité ont lancé une pétition qui demande la réaffectation du centre en un site pour les femmes migrantes et les familles. Ou sa fermeture pure et simple dans un délai de six mois si la situation ne devait pas s’améliorer. Le texte compte déjà 1700 signatures.

«Je tiens à le réaffirmer, dit-il, attablé au Café du Tram, au centre du village. Les Boudrysans sont des gens ouverts d’esprit, avec une tradition de l’accueil. Notre association est apolitique. Mais implanter un CFA de 480 places, qui peut monter à 800, sans compter les 200 places pour l’hébergement cantonal, dans une commune de 6000 habitants, c’est trop! On ne peut plus vivre comme ça.»

Et d’ajouter en ôtant ses lunettes de soleil que les membres de Bien vivre à Neuchâtel envisagent de mener d’autres actions s’ils ne sont pas entendus. «Des manifestations, des initiatives. Il faut bien avoir en tête que si rien ne bouge, les gens vont commencer à se faire justice eux-mêmes, prévient-il. Il y aura des dérapages et des pères de famille vont prendre les fusils et sortir.»

«Il y a un problème, tout le monde le sait»

Sur le haut plateau de Boudry, Gilles de Reynier, le président de commune, ne cache pas son exaspération. «Il y a un problème, tout le monde le sait.» Si cet avocat de formation n’a pas signé la pétition, il comprend les motivations des riverains. «Ce sont des habitants qui se retrouvent sur le parcours des migrants qui souffrent et qui sont malmenés. Des commerçants aussi qui en ont assez de se faire embêter. Ou encore des parents inquiets lorsque leurs enfants prennent les transports en commun.»

Il enchaîne: «Cette pétition est une bonne chose, car elle vient mettre la pression sur les autorités même si la conseillère d’Etat, Mme Nater, a pris le dossier en main très sérieusement depuis octobre dernier.» Cette même ministre, chargée de la cohésion sociale, qui a menacé le 21 février dernier de résilier de manière anticipée la convention qui relie le canton à la Confédération en lien avec le CFA en l’absence d’amélioration significative. Le conseiller fédéral et ministre suisse de la justice Beat Jans est d'ailleurs attendu aujourd'hui à 15h30 à Boudry.

Depuis novembre 2023, des mesures ont été prises pour restaurer le sentiment de sécurité. Renforcement des patrouilles de sécurité privée sur les lignes de tram et de bus reliant Boudry à la ville de Neuchâtel, à partir de 17 heures en semaine et de 15 heures le week-end. Mise en place d’un dispositif de travail social de proximité. Le tout, pris en charge par la Confédération à 90%, les 10% restants par le canton. «Ça a rassuré la population, mais il faut aller plus loin», plaide Gilles de Reynier, père de quatre enfants.

Clarifier les règles d’admission

La solution selon lui? Faire un tri lors des admissions. Feu vert pour les familles, les hommes âgés et celles et ceux en provenance d’un pays en guerre. En revanche, c’est non pour les jeunes hommes du Maghreb. «Ils ne viennent pas ici pour chercher une protection. Ils font un tour de Suisse, d’Europe, pour se faire un peu d’argent. Venir au CFA, c’est une façon d’obtenir un toit et un couvert. La Tunisie, le Maroc ou l’Algérie, ce sont des pays où l’on souffre, mais qui ne sont pas en guerre. Il faudrait enfermer ces migrants dans le centre le temps qu’on analyse leur pedigree pour voir s’ils n’ont pas semé la zizanie à gauche, à droite.»

Une prison, donc? «C’est sévère, je le concède. Il faut les empêcher d’aller se promener le temps qu’on fasse les investigations. Il ne s’agirait que de trois ou quatre semaines, comme à l’école de recrues», dit-il, avant de préciser: «Attention, je ne parle pas des familles avec enfants qu’on doit protéger ou des femmes. Ce n’est pas un discours UDC que je tiens là. Je suis pour l’accueil. A titre personnel, ma famille et moi avons accueilli un jeune Afghan durant dix-huit mois. Mais il faut clarifier les règles d’admission afin de dissuader ceux qui n’ont aucune chance d’obtenir l’asile de venir ici.»

Un CFA sous haute surveillance

Depuis cette bâtisse communale, on aperçoit au loin le CFA qui cristallise toutes les tensions. C’est là, au milieu des champs, juste sous la forêt disparaissant sous la brume, que s’érigent de grands bâtiments aussi tristes que le ciel gris de cette matinée de mars. Selon les chiffres fournis par Anne Césard, la porte-parole du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), quelque 280 personnes sont logées actuellement sur le site de Perreux; 31% d’hommes seuls et 22,3% de requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA), les ressortissants d’Afghanistan et de Turquie étant les plus représentés.

Pour des raisons de protection de données et de la personnalité, le SEM maintient les portes du site closes. Impossible donc de poser un pied sur le site de Perreux, gardé comme une forteresse par des agents de sécurité, et d’accéder aux bâtiments sans se faire aborder par l’un de ces cerbères en uniforme qui gentiment, mais fermement, nous repousse sur la voie publique.

«Je ne cherche pas la bagarre»

A l’arrêt «Perreux-Est», planté devant le CFA, Hamza attend le bus, l’air un peu perdu, avec son sac à dos rouge pour seule maison. Cet Algérien de 29 ans, qui a quitté son pays en 2019 – «des problèmes avec la famille», explique-t-il –, fait partie de la catégorie de requérants dont les chances d’obtenir un statut de protection sont quasi nulles.

Dans sa main, un itinéraire auquel il ne comprend rien et une carte journalière. Arrivé au CFA la veille, il a vingt-quatre heures pour se rendre à Chiasso, au Tessin, pour des «raisons logistiques». «J’aurais voulu rester ici. Dans ce centre au moins, on parle français et il y a des petits boulots.» On lui apprend que les personnes en provenance du Maghreb ont mauvaise presse dans le coin. «C’est sûr, il y a des voyous, mais on n’est pas tous pareils. Moi, je suis sérieux, je ne cherche ni les problèmes, ni la bagarre», dit-il avant de monter dans le bus qui l’amènera à sa nouvelle destination.

On croise aussi Ayoub, un Algérien de 20 ans, arrivé au centre la veille, également. Déjà passé par la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique, il confie ne pas savoir de quoi son avenir sera fait. En attendant, «il tourne» et demain, il espère, il pourra travailler en cuisine.

Et puis, il y a Amir, un Koweïtien d’une quarantaine d’années, venu avec sa femme et ses quatre enfants. Ils ont vécu en Grèce durant trois ans, mais les conditions étaient trop difficiles. Il est venu tenter sa chance en Suisse. En attendant que sa demande soit examinée, il dort, va au marché, s’occupe comme il le peut.

Revenir un jour

A bord du Littorail, tram reliant Neuchâtel à Boudry, Mathilde Michaud, 18 ans, doudoune blanche sur le dos et cheveux bouclés qui encadrent son visage, raconte avoir subi du harcèlement dans les transports en commun. «C’est vrai que je ne me sens pas toujours en sécurité. Surtout en été, je me fais embêter. Il y a des regards insistants, on vient me parler, me toucher l’épaule, mais ça ne m’a pas traumatisée. Aujourd’hui, c’est plus rare, notamment grâce à la présence des Securitas.» Elle poursuit: «Si j’ai peur? Non, c’est juste chiant. Et ça me saoule qu’on fasse des généralités. La plupart du temps, ça se passe très bien avec les requérants.»

Justine Fortin, elle, n’en pouvait plus du harcèlement quotidien. A tel point qu’elle a pris la décision radicale de quitter Boudry pour déménager à Cormondrèche. «Ça m’a fait mal au cœur, admet la jeune femme de 25 ans en sirotant son coca au Code Bar, petit établissement du centre de village. J’ai quitté tout ce que je connaissais depuis petite. Mais je dois penser à mon futur; si j’ai des enfants, je n’ai pas envie qu’ils grandissent dans cet environnement.»

Elle raconte ses trajets de bus en fixant ses pieds pour ne pas attirer l’attention. La fois aussi où, la peur au ventre, elle a été suivie pendant une quinzaine de minutes par cinq personnes jusqu’à son domicile. Et de rappeler qu’elle ne veut «pas mettre tout le monde dans le même bateau. C’est une infime minorité qui cause des problèmes. Je suis pour accueillir des personnes qui ont vraiment besoin d’un refuge, pas ceux qui profitent du système d’asile.»

Elle regarde par la fenêtre. Deux agents de sécurité effectuent une ronde. «Ils tournent tout le temps. C’est quand même une drôle d’ambiance.» Ses yeux pétillent. «Je sais qu’un jour je reviendrai.»

Alessia Barbezat

blick.ch