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mardi 1 octobre 2024

La « victoire » d’un Netanyahou ivre de guerres ouvre les portes d’une guerre sans fin

 


Des nuits d’horreurs et un choc terrifiant au pays du cèdre, si proche, si cher à nos cœurs. Les Libanais qui ont déjà tant souffert de guerres, de divisions et de privations, de pillages et d’austérité, sont une fois de plus pris en tenaille, sous les feux des guerres de proies, de territoires et d’accaparement des richesses qui ensanglantent l’Orient. Ce n’est malheureusement pas fini. Après avoir frappé de missiles la terre des Libanais, 10 000 fois depuis un an, l’armée israélienne promet un raid terrestre. L’assassinat d’Hassan Nasrallah et de l’état-major du Hezbollah est le point d’orgue de journées de bombardements et de terreur minutieusement préparées de très longue date. Cela redistribue les cartes en faveur d’Israël qui, après avoir détruit Gaza et amplifier la colonisation de la Cisjordanie, accélère la réalisation de son projet de construction du « Grand Israël »(Eretz Israël) avec la bénédiction et l’armement fourni par les États-Unis qui cherchent à élargir leur base avancée au Proche et au Moyen-Orient.

Le Premier ministre israélien étale au grand jour, sous les applaudissements de ses commanditaires, sa toute-puissance et l’impunité dont il jouit.

En pleine conférence annuelle de L’ONU, après avoir entendu les appels de M. Biden et Macron à cesser l’escalade au Liban, il est venu prononcer à la tribune de l’assemblée générale un discours belliqueux contre l’Iran, méprisant envers l’Onu en son sein. À peine son discours prononcé, il a donné l’ordre à son état-major de détruire le quartier général du Hezbollah. On ne peut être plus cynique, pour déclencher à ce moment précis une opération criminelle évidemment préparée depuis des mois, voire des années. Son arrogance est fortement encouragée par le président nord-américain qui voit avec l’assassinat de Nasrallah une mesure de « justice », après avoir réclamé de la pondération et la désescalade tout en validant de nouvelles livraisons d’armes qui tuent femmes et enfants à Gaza et à Beyrouth. C’est le grand royaume de la duplicité ! Des contraintes sévères sont appliquées à l’Ukraine dans l’utilisation des armes américaines contre la Russie qui l’a agressé, notamment l’interdiction de frapper en profondeur le territoire russe. Mais le pouvoir extrémiste de Tel-Aviv jouit d’une totale liberté dans l’utilisation des mêmes armes en bafouant toutes les règles de la guerre et du droit international ! La perfidie et la tartuferie sont au pouvoir.

Dénoncer cette hypocrisie occidentale ne nous conduit en rien à nous placer du côté du Hezbollah qui depuis tant d’années prend le peuple Libanais en otage. Son idéologie politico-religieuse intégriste est foncièrement opposée à nos valeurs et à nos combats contre l’aliénation et pour l’émancipation humaine. On ne peut oublier la multitude des assassinats pour lesquels il est – non sans raison – accusé et son implication quasi certaine dans l’importation et le stockage de nitrate d’ammonium à l’origine des explosions qui ont détruit le port de Beyrouth le 4 août 2000 ; ses crimes de guerre perpétrés en soutien au sinistre régime syrien.

Cependant, il est un fait que Nasrallah cherchait depuis des mois un accord avec le gouvernement israélien pour appliquer les résolutions 1 701 de l’ONU prévoyant son retrait de quarante kilomètres de la frontière au nord d’Israël.

On ne peut non plus ignorer deux données fondamentales : les forces de l’imperium nord-américain ont depuis longtemps choisi de faire éclore des forces politico-religieuse islamistes au moment où elles s’acharnaient à détruire les mouvements socialistes, communistes et de libération nationale. D’autre part, le point de départ de ce à quoi nous assistons est la non-application des résolutions des Nations Unis prévoyant au côté de l’État d’Israël, la reconnaissance et la construction d’un État palestinien viable.

C’est l’occupation de la Palestine et la volonté de son annexion qui conduit à ce que nous connaissons aujourd’hui. C’est bien le pouvoir d’extrême droite israélien et son armée qui ont rasé Gaza, provoqué des dizaines de milliers de morts, et bien plus encore de blessés et de déplacés. Ce même pouvoir, qui accélère l’occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem et promet le même sort au Liban Sud.

Le Hezbollah démolit, c’est le Liban qui sera écartelé, démembré, affaibli, défait. Rien n’a vraiment été fait, ces dernières années, pour penser l’avenir entremêlé du Liban, de la Palestine et de la Syrie dans le cadre d’un processus de justice et de paix, en tenant compte de l’histoire et de la géographie.

Humilier le Hezbollah, sans contraindre Israël à renoncer à ses vues stratégiques, ne peut porter que le malheur et nourrir les germes d’une guerre régionale de grande ampleur. Le prix à payer serait extrêmement lourd pour les populations de toute la région.

Au lieu d’initiative d’ampleur pour la paix, nos chancelleries et les grands médias occidentaux se réjouissent de la terreur électronique utilisée par le pouvoir israélien en violation du droit international.

Ces « bien-pensants » considèrent l’interception par Israël et l’ajout d’explosif dans des bipeurs, des talkies-walkies, des panneaux solaires, comme des prouesses technologiques alors qu’il s’agit d’actes de guerre, d’actes terroristes. Les 4 000 explosions ainsi déclenchées ont atteint l’intimité vulnérable des corps de nombre de Libanaises et de Libanais parmi lesquels de nombreux enfants. Les qualifier est interdit par la nouvelle vulgate en cours sous peine d’être traité d’antisémite !

Tant pis pour toutes les victimes tuées, blessées, défigurées, amputées, reléguées au froid tableau comptable des pertes et profits. On entérine ainsi la loi de la punition collective, la loi de la jungle. Celle-là même qui a été mise en œuvre en Afghanistan ou en Irak. Avec les succès que l’on connaît !

En 1982, à quoi ont abouti les attaques d’Israël au Liban détruisant les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila ? Puis celle de 2003 ? À l’expansion et au renforcement du Hezbollah ! De la même manière que l’étouffement de Gaza et la déconsidération de l’OLP n’ont abouti qu’au développement du Hamas. Les bombes et le colonialisme n’ont jamais la paix et la sécurité comme débouché. Et la tentative d’entraînement du monde dans une « guerre de religions « ou « guerre de civilisations » n’est que le paravent masquant les véritables intérêts en jeu : ceux du capitalisme qui se nourrit de la course aux armements et du vol de territoires pour capter les ressources énergétiques et de certains matériaux rares.

Nous avons nos responsabilités pour contraindre de diverses manières nos dirigeants en Europe et aux États-Unis à rompre le pont aérien qui transporte les armes qui tuent à Gaza et au Liban ; à faire cesser les coopérations techniques permettant la fabrication d’armes de plus en plus sophistiquées et non moins meurtrières pour les populations civiles ; et à mettre fin à la mise en œuvre de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël.

Le mouvement d’actions pour la paix et la justice devrait se fortifier ainsi que la solidarité avec les gauches et les forces progressistes arabes et israéliennes afin de construire un nouveau rapport de force pour la paix. Il se dit et s’écrit que Netanyahou entretient la guerre pour conserver le pouvoir. Il y a sans doute une part de vrai dans cette assertion. La question et les enjeux sont bien plus fondamentaux. Le grand Israël est un projet géopolitique décisif pour les dirigeants et le grand capital nord-américain cherchant à élargir leur sphère d’influence et d’exploitation au Proche et au Moyen-Orient. Ivre de guerre, Netanyahou bénéficie donc de leur impunité et de leur soutien. Voilà qui nous confère des responsabilités pour révéler et agir.

Pas de lignes rouges

Les pilotes et les opérateurs de drones israéliens n’ont pas à réfléchir au nombre de civils qui pourraient être tués par un missile visant une cible présumée. La décision d’assassiner a récemment été déléguée aux commandants régionaux de l’armée, dont l’autorité a été considérablement élargie.

Pour gagner du temps, il n’y a pas de renvoi vers le haut de la chaîne de commandement. Tous les civils, au Liban, à Gaza et en Cisjordanie, sont des cibles.

Les tabous concernant le meurtre d’enfants ont disparu. Il n’y a pas de frontières ni de lignes rouges dans cette guerre. Israël peut affamer une nation, il a utilisé la torture et le viol de manière routinière dans ses prisons, et il peut se réjouir.

Israël aurait tué 300 personnes dans ses frappes contre quatre immeubles au-dessus du centre de commandement du Hezbollah, dont la plupart étaient des civils, et la communauté internationale reste pour l’essentiel silencieuse.

Enivré par son pouvoir, Israël est plongé dans une profonde illusion. Peut-être la plus grave à ce jour.

Décimer ses dirigeants et ses commandants supérieurs n’a pas tué et ne peut pas tuer le Hezbollah lui-même, ni arrêter une nouvelle génération de combattants qui ne ressentiront pas les contraintes de la génération précédente.

Israël ne peut pas non plus garantir qui viendra ensuite. Jusqu’à présent, le Hezbollah n’a pas ciblé de civils et n’était pas intéressé à s’engager dans une grande guerre avec Israël.

Leurs attaques étaient destinées à démontrer la capacité militaire du Hezbollah, et non à infliger des coups mortels. Le Hezbollah a également déclaré que leur conflit prendrait fin dès qu’un cessez-le-feu serait conclu à Gaza.

Il est presque certain que cette retenue va disparaître. Le Hezbollah n’a pas le choix. Sa politique a été conçue pour lui. Comme le Hamas et Gaza, le Hezbollah est désormais engagé dans un conflit dans lequel son ennemi veut non seulement le chasser de son principal fief, mais le détruire complètement.

Cette guerre est désormais devenue existentielle pour le Hezbollah.

Un prix énorme

Que va-t-il se passer ensuite ? C’est une question qu’Israël se pose rarement dans des moments comme celui-ci. Il n’a pas non plus tiré les leçons de l’histoire de ce conflit amer.

Cette longue histoire d’assassinats politiques, conçus pour terroriser et dissuader, n’a pas compté un seul cas où la décapitation a entraîné la mort ou le retrait d’un groupe militant. Le Hezbollah a le devoir de se relever et de riposter.

En démontrant sa puissance et en brandissant son épée, Israël a créé une génération de jeunes dans le monde arabe qui, un jour, cherchera à se venger.

Toute puissance militaire a des limites. La seule façon pour Israël d’assurer la sécurité de son peuple sera de retourner à la table des négociations et de mettre fin à l’occupation. Sinon, tout ce qu’il aura fait, c’est ouvrir la porte à la guerre pour les générations à venir.

Israël peut transformer des parties du Liban en Gaza. Il peut réoccuper le sud du Liban et le nord de Gaza. Il peut détruire des maisons et d’innombrables vies. Il peut faire la guerre à toute la région. Mais il ne peut ignorer la principale source du conflit, qui est la cause nationale palestinienne.

La Palestine est le problème auquel Israël, quel que soit le nombre de guerres qu’il mène, ne pourra jamais échapper. Et les générations futures d’Israéliens paieront, pendant des décennies à venir, un lourd tribut pour les souffrances que leur pays a infligées aux Palestiniens et aux Libanais.

Aujourd’hui, les Israéliens célèbrent leurs exploits au Liban. Mais la victoire aura un prix énorme.

Le « succès » d’Israël a été de tuer environ 1.000 Libanais en une semaine. Il a normalisé la mort et s’est débarrassé des derniers vestiges d’humanité.

Les images de destruction à Gaza et au Liban resteront gravées dans la conscience collective : Israël ne peut donner vie à sa mission nationale qu’en prenant de plus en plus de vies à ceux qui sont soumis à son pouvoir.

Egger Ph.