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lundi 28 octobre 2024

Sur 25 ans, le canton de Fribourg a les meilleures finances cantonales !

 

Il y a vingt-cinq ans paraissait pour la première fois le classement des grands argentiers cantonaux. A l’époque, c’était une vraie révolution que ce coup de projecteur sur un domaine dont on sous-estimait l’importance. Avec le recul du temps, ce ranking offre non plus une photo ponctuelle, mais un vrai film sur la durée. Avec un vainqueur: le canton de Fribourg. 

On a peine à l’imaginer aujourd’hui mais, lors de son lancement sur l’exercice 1999, le classement des grands argentiers cantonaux paraissait plutôt exotique. Les finances publiques étaient considérées comme un domaine ardu, voire incompréhensible. En tout cas réservé à quelques rares initiés presque excentriques. Et pourtant! Aujourd’hui, les parlements cantonaux et communaux, jusqu’aux Chambres fédérales, ont pris l’habitude d’ausculter avec attention leurs finances publiques. La crise grecque est aussi passée par là!

En Suisse, l’anarchie était pire encore (lire l’encadré ci-dessous) que l’actuelle cacophonie des finances en France. Tout le monde a oublié que, à la fin du XXe siècle, les finances publiques étaient calamiteuses, avec des déficits croissants. Au point que les grands argentiers faisaient preuve de créativité à la fois comptable et langagière.

Prise de conscience

Au début du nouveau millénaire, à la suite de la demande d’un journaliste précurseur, Nils Soguel, alors tout jeune professeur à l’Institut de hautes études en administration publique (Idheap), créait, en concertation, le Comparatif des finances cantonales. Cette étude annuelle allait, sur la durée, faire du jeune enseignant l’un des spécialistes les plus reconnus en matière de finances publiques. Il faut dire que l’on partait de (très) loin: la plupart des cantons appliquaient leur propre plan comptable, rendant les comparaisons impossibles: l’ATS, qui s’essayait à des synthèses, additionnait des pommes et des poires pour des prunes, au final, indigestes…

Des remèdes de cheval

A Genève, Olivier Vodoz avait récupéré l’expression constitutionnelle vaudoise du «petit équilibre» pour dire que l’Etat n’avait pas besoin d’emprunter pour payer ses fonctionnaires. Ce faisant, il taisait le fait que le canton vivait à crédit en empruntant 100% de ses investissements. Dans le canton de Vaud, Charles Favre faisait appel à sa formation de médecin pour trouver des remèdes de cheval afin de juguler une dette galopante et des charges d’intérêt dévorant plus de 1 franc d’impôts sur 10. A Neuchâtel, Jean Guinand se demandait quelle argutie juridique inventer pour éviter de vendre des bijoux de famille tels que les châteaux, comme Berne était en train de le faire.

«La génération des chefs des Finances vers la fin du XXe siècle a laissé filer la dette et n’a guère été correcte vis-à-vis de ses successeurs, qui ont dû souquer ferme pour remettre à flot le paquebot des finances publiques», constate Nils Soguel, professeur à l’Institut de hautes études en administration publique (Idheap) et initiateur en 2000 du comparatif des finances publiques.

Il faut le dire: le succès de Fribourg à l’issue d’un «film» de 25 exercices comptables ne laisse pas de surprendre un peu. On remarquera toutefois qu’avec une superbe moyenne de 5,32 sur 6, le résultat traduit une très grande constance: après un début illustrant les difficultés de la fin du XXe siècle (4,69 en 1999), Fribourg n’a cessé de s’améliorer, tutoyant rapidement le 5 de moyenne avant de monter régulièrement au-dessus du 5,5. Seules faiblesses dans cette lignée de notes probantes: le 4,36 de 2020 et le 4,46 de 2022.

«Fribourg est certainement le canton à citer en exemple: on y ressent une culture à la fois

politique et institutionnelle où l’on n’aime pas les déficits et qui est largement soutenue aussi bien au Grand Conseil que dans la population. Il a aussi été l’un des tout premiers cantons à introduire une forme de frein à l’endettement, dès les années 1970 déjà, institutionnalisée dans sa Constitution de mai 2004 qui pose le principe de l’équilibre budgétaire sur la durée», analyse le professeur Soguel, dont l’institut est aujourd’hui intégré à l’Université de Lausanne (Unil).

Pierre Ballay

pme.ch