Le Conseil fédéral a fait appel à Alfred Gantner, cofondateur du gestionnaire d'actifs Partners Group et l’un des hommes les plus riches du pays, pour trouver une issue aux surtaxes douanières de 39% imposées par les Etats-Unis à la Suisse, rapporte la «NZZ am Sonntag».
Le chef d’entreprise, connu pour ses positions anti-Union européenne (UE), faisait partie, avec d'autres dirigeants d'entreprises, de la délégation emmenée par la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter à Washington mardi et mercredi.
Un plan «très convaincant»
Alfred Gantner a présenté au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) un plan visant à réduire le déficit commercial de 40 milliards de dollars avec les Etats-Unis. Selon des sources du journal dominical alémanique, le ministre de l’Economie, Guy Parmelin, et la secrétaire d’Etat à l’économie Helene Budliger Artieda l’ont trouvé très convaincant.
D’après Thomas Borer, ex-ambassadeur de Suisse, ce plan comprendrait des achats massifs de gaz naturel liquéfié américain, l’achat d’avions Boeing par Swiss, la promesse de Roche de construire davantage de sites de production aux Etats-Unis, l’engagement des raffineries suisses à traiter davantage d'or directement aux Etats-Unis et, potentiellement, des achats supplémentaires d’armes américaines par la Suisse.
Alfred Gantner, un chef d’entreprise connu pour ses positions anti-Union européenne
Capture d'écran Facebook
La pharma aux Etats-Unis
Menacée de droits de douane pouvant atteindre 250%, l'industrie pharmaceutique suisse, qui représente environ la moitié des exportations de marchandises vers les Etats-Unis, entend se développer à grande échelle outre-Atlantique. Il est désormais clair que Roche souhaite bientôt produire plus de médicaments aux Etats-Unis que ce pays n'en a besoin, devenant ainsi un exportateur net de produits pharmaceutiques. Grâce à sa filiale américaine Genentech, Roche dispose déjà d'importantes capacités de production aux États- Unis.
De son côté, Novartis prévoit de produire à l'avenir 100% de ses principaux médicaments entièrement aux Etats-Unis. La construction de quatre sites de production est prévue. Cependant, plusieurs années peuvent s'écouler entre la construction de nouvelles usines pharmaceutiques et l'obtention d'une autorisation d'exploitation.
Washington veut un accord avec la Suisse d'ici fin octobre
Aucun des partenaires commerciaux des Etats-Unis ne semble menacé par des droits de douane aussi élevés que les 39% imposés à la Suisse.
Les Etats-Unis souhaitent finaliser les négociations commerciales avec les pays concernés d’ici à la fin octobre. C’est ce qu’a indiqué le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, dans une interview accordée au quotidien japonais «Nikkei». Ces déclarations, faites jeudi 7 août et publiées durant le week-end, interviennent après l’instauration de nouveaux droits de douane étendus par l’administration du président Donald Trump.
Les droits de douane pourraient diminuer
Les déclarations de Scott Bessent laissent entendre que des efforts sont en cours pour conclure des accords. La Suisse, tout comme des partenaires clés des Etats-Unis tels que le Canada et le Mexique, mène actuellement des discussions avec Washington pour atténuer les effets de ces mesures tarifaires et sécuriser leur accès au marché américain.
Selon Scott Bessent, la Suisse participe aux négociations en tant que partenaire central, même s’il ne précise aucune avancée concrète ni nouvelle proposition. Le secrétaire américain au Trésor se contente d’indiquer que les discussions progressent, ajoutant qu’il s’attend à ce que les négociations avec la Suisse soient «en grande partie achevées d’ici à la fin octobre».
Les tarifs douaniers mis en place par les Etats-Unis «devraient diminuer» si les déséquilibres commerciaux sont corrigés, estime Scott Bessent. L’administration Trump utilise aussi ces droits de douane comme levier pour obtenir des concessions sur des sujets qui dépassent le strict cadre commercial.
Manon Blanc
Daniel Kestenholz
20min.ch