Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 5 juin 2009

La vache fribourgeoise

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Contrairement à ce que croient les profanes, les animaux du genre que l'on peut admirer dans nos prairies n'ont pas un passeport génétique helvétique, mais canadien. La race Holstein, aux qualités laitières époustouflantes, a quasiment supplanté toutes les autres tachetées noires de par le monde, pour devenir la vache la plus répandue de la planète.Mais vache fribourgeoise, il y a eu. Fruit des sélections d'espèces pratiquées dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle a subsisté jusque dans la décennie 1970, date à laquelle les derniers spécimens ont été menés à l'abattoir.

Les paysans fribourgeois ne l'avouent pas, mais la disparition de «leur» race a laissé un arrière-goût d'amertume. Dans un mémoire de licence éclairant, l'historienne Martine Meyer a relaté la naissance, l'essor, puis la rapide déchéance de la tachetée noire. Une épopée digne d'une tragédie grecque.Tout commence vers le milieu du XIXe siècle. La Suisse pastorale connaît alors deux sortes de bétail bovin: les brunes et les tachetées. Pour améliorer la qualité des bêtes, les éleveurs entament une sélection. Les animaux sont dissociés par couleur, puis les différents troupeaux sont progressivement standardisés selon des critères propres à chaque espèce. On crée des syndicats d'élevage, rattachés à une race, dont les individus sont répertoriés dans un registre. Ce document deviendra le herd-book, qui permet de remonter les lignées.
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La bête à trois fins

La vache pie noire, aux couleurs cantonales, devient vite un emblème de Fribourg. Alors même que, contrairement à une idée reçue, elle est minoritaire au sein du cheptel fribourgeois. Robuste, de grande taille, c'est un animal «à trois fins», qui produit du lait et de la viande, et qu'on attelle pour les travaux des champs.Les débuts de la «Fribourgeoise» sont prometteurs. Brillant dans les expositions, en Suisse comme à l'étranger, elle prospère et s'exporte même au-delà des frontières. Las, les paysans du cru s'endorment sur leurs lauriers. Alors que leurs homologues européens affinent la sélection, augmentent la productivité et s'essaient à l'insémination artificielle, en Suisse, l'élevage évolue peu. De 40000 têtes en 1920, le cheptel baisse à 25000 en 1946.Interférences canadiennesLes agriculteurs fribourgeois réagiront avec vigueur, mais sans mesurer les conséquences de leurs actes. Pour sauver leur race, dès les années 60, ils procèdent à des croisements de substitution avec la Holstein canadienne, excellente laitière, au cuir blanc et noir elle aussi. Avec succès: la production de lait est décuplée, et les nouvelles «blanches et noires» deviendront des actrices majeures de la scène agricole helvétique.

Corollaire: la présence de la vraie Fribourgeoise se réduit comme peau de chagrin, victime du nombre massif d'inséminations artificielles. Dès la fin de la décennie, il en reste au plus quelques dizaines.«Les paysans ont considéré le problème sur le plan économique. La Holstein était meilleure laitière que leur vache, qui souffrait en plus de tares génétiques. Leur choix se comprend. Ils ne sont pas à la tête de zoos, mais d'exploitations qui doivent leur assurer un revenu. Pour eux, l'essentiel, c'était de préserver la couleur noir et blanc de l'animal», relève Martine Meyer.En 1975, Héron, dernier taureau authentiquement fribourgeois, part à la boucherie. Malgré des voix qui s'élèvent pour dénoncer cette atteinte au patrimoine, le sentiment dominant, dans le monde rural, n'est pas celui d'une disparition, mais d'une formidable renaissance.

Un généalogiste fribourgeois (Roger Pasquier) à la recherche de ses ancêtres, rencontre en Patagonie Chilienne, non seulement ses compatriotes expatriés autour de 1880, mais également des vaches, que les pionniers suisses avaient emmené avec eux en 1930: les vaches fribourgeoises, aujourd'hui considérées comme disparues.
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En 1975, fut abattue la dernière vache de la pure race fribourgeoise et dès lors, était considérée comme définitivement disparue. Fort de constater cette disparition tragique, la fondation ProSpecieRara, crée en 1982, s'est fixé l'objectif de prévenir de telles pertes dans le futur.L'élimination de la vache fribourgeoise traditionelle par croisements génétiques avec la vache Holstein, ne provoqua quasi aucune réaction de la part du peuple suisse. La raison principale de cette absence de réaction résidait dans le fait que les changements de caractéristiques morphologiques n'ont pas attiré l'attention des citoyens suisses, les deux races ayant une robe tachetée noir-blanc. C'est ainsi que, parallèlement à la disparition de la race, l'identité culturelle de tout un canton s'affaiblit au profit d'une nouvelle race.
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La Suisse est un pays d'élevage, lié à la prédominence de pâturages non cultivables: les alpages. Le prestige de ses fromages atteste de la qualité des races bovines qui y sont élevées.
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Sur une pancarte aux abords de l'axe autoroutier Berne-Fribourg, une vache noire et blanche de race fribourgeoise salue les automobilistes. Une situation aberrante, quand on sait que la vache fribourgeoise authentique a définitivement disparu de Suisse.

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Vision sensationnelle en Patagonie Chilienne

En 2005 et 2007, l'économiste retraité Roger Pasquier de Bulle entreprit un voyage au sud de la Patagonie. Sur les traces de ses ancêtres, qui quittèrent la Suisse autour de 1880 pour s'installer au Chili, il tomba nez à nez avec des vaches qui lui rappelèrent immédiatement les vaches qu'il trayait sur l'exploitation de son grand-père. En plus de sa robe noire et blanche caractéristique, le corps musclé et le pis en forme d'entonnoir retinrent toute son attention: ces critères furent identiques à ceux de la race fribourgeoise qu'il connut alors.Depuis le printemps 2008, ProSpecieRara s'intéresse à cet événement, grâce également à des recherches initiées par le journal ouest lémanique «La Liberté». En collaboration avec la haute école suisse d'agronomie HESA à Zollikofen, la fondation cherche à savoir si les animaux retrouvés en Patagonie Chilienne ont un lien avec les races fribourgeoises.
Les caractéristiques externes des animaux ne suffisant pas pour émettre de telles suppositions, ProSpecieRara s'est donc mis à la recherche de documents d'archives. Certaines races proches de la fribourgeoise se trouvant également dans d'autres pays, il a fallut identifier et retrouver des anciens documents retraçant les transferts d'animaux de la Suisse vers Punta Arenas, au sud du Chili.S'il paraît plausible que les vaches trouvées en Patagonie sont bel et bien des vaches exportées, ProSpecieRara va tenter, en procédant à des échantillonnages de sang, d'émettre de nouvelles suppositions. Bien qu'il n'existe aucun document de référence relatif à l'hérédité de la race fribourgeoise avec lesquels il serait possible de comparer les échantillons, on peut toutefois émettre la possibilité que la proche parente des races fribourgeoises, la vache de Simmental, peut constituer un moyen de comparaison qui permettrait d'émettre des suppositions plus précises.
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La dernière vache de la pure race fribourgeoise a été abattue en 1975.

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La présence de bovins similaires au Chili avait fait penser que la race y avait survécu grâce à des émigrés fribourgeois. ProSpecieRara a mené l'enquête et conclut par la négative.

«La décision de fermer ce dossier fait mal», a indiqué jeudi dans un communiqué de presse la Fondation suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et aux animaux. «C'est un peu comme si la vache fribourgeoise s'éteignait pour la seconde fois», regrette Philippe Ammann.

Ce dernier a fait le voyage de Punta Arenas l'an dernier afin d'y effectuer des prélèvements. L'institut de génétique du Tierspital de Berne s'est livré à une véritable investigation.

Il en ressort clairement que les vaches chiliennes noires et blanches ne se différencient pas assez des autres races locales et de la vache Holstein pour pouvoir être définies comme des descendantes des anciennes fribourgeoises.

M. Ammann ne regrette pas l'aventure: elle aura sensibilisé l'opinion à la possible extinction d'autres races. Tout a commencé avec les voyages d'un retraité bullois, parti en Patagonie en 2005 et 2007 sur la trace de ses ancêtres, émigrés dans les années 1880.

Il est tombé nez à nez avec des vaches furieusement ressemblantes à celles qu'il trayait enfant chez son grand-père. Une enquête du journal «La Liberté» approfonfit la question. Au printemps 2008, ProSpecieRara commence son enquête.

Différente mais ressemblante

La campagne fribourgeoise est toujours parsemée de tachetées noires et blanches. Il ne s'agit toutefois plus de vraies de vraies. Mais de vaches issues de croisements génétiques avec la Holstein, d'origine canadienne.

La dernière vache de la pure race fribourgeoise a été abattue en 1975. Sa disparition est passée quasi inaperçue dans le grand public, les deux races ayant une robe tachetée noir-blanc.
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Les traces de la présence de bovins en Suisse sont très anciennes. Une variante de l'aurochs est décrite localement: Bos brachyceros, une espèce de bovin de petite taille, aux cornes courtes et épaisses. Il est qualifié en Suisse de bœuf des marais, et on retrouve ses traces près des cités lacustres de l'Âge du bronze et de l'Âge du fer. La race Hérens (ou éringer pour les alémaniques) est très proche de cet ancêtre. Elle est incontestablement la race la plus rustique et la moins spécialisée. Sa ressemblance avec une race locale pie rouge l'évolène, peut laisser penser qu'elle serait une ancêtre du rameau pie rouge.
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Pendant l'Antiquité, les Romains connaissaient déjà la fabrication des fromages à pâte pressée. Des échanges de bétails ont eu lieu à l'époque, ne serait-ce qu'avec les bœufs de trait. Les Romains ont aussi apporté leur savoir-faire en matière de sélection. L'essaimage de la brune des Alpes date de cette époque (introduction en Corse, Sardaigne, Sicile, Baléares...).Les grands mouvements de populations à la fin de l'Empire romain ont provoqué un brassage des races. Ensuite chaque vallée a développé son cheptel à partir d'une base commune et créé une grande variabilité génétique. La géographie suisse n'autorise les cultures que sur une surface limitée, aussi l'immense potentiel des alpages en a tôt fait une région d'élevage.
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Certaines régions ont sélectionné des races hautement productives par leur travail sur les reproducteurs, souvent sous l'impulsion d'un seigneur "éclairé" ou d'un monastère prospère. Ces vallées ont ensuite pu vendre leurs reproducteurs lors de foires, aux éleveurs soucieux d'améliorer leur productivité. Les herd-book sont créés au XIXe siècle.Il existe une ligne nord-sud qui discrimine deux zones par leurs coutumes païennes, certaines de leurs bases juridiques, leurs cartes à jouer en allemand ou en français, et les races brunes et simmental. Ainsi, la pie rouge serait une race de l'ouest de la Suisse, Oberland bernois, Jura suisse, Valais... et la brune, une race de l’est : Alpes rhétiques, et ce, depuis l'époque celte.
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La Suisse n'est pas un pays agricole, mais une de ses principales exportations concerne les fromages AOC. Leur qualité est une résultante de la variété de la flore des alpages, de la qualité des fromagers locaux, mais aussi de la richesse du lait produit par les races suisses.Les races suisses ont conquis le monde et ont subi des sélections qui en ont fait des races très productives. L'exemple le plus frappant en est la brown swiss américaine issue de la brune. Elle est devenue une race laitière à haute performance, avec une production de lait importante et une mamelle très développée. De la semence américaine a été introduite pour augmenter l'efficacité de l'élevage suisse. De la semence de red holstein et de MRY a aussi permit de développer la productivité des élevages de simmental. Face à cette évolution, des éleveurs ont refusé ces apports et se sont fédérés en association d'éleveurs de race originelle. Ils représentent des effectifs faibles. À terme, des livres généalogiques distincts ne sont pas à exclure.Afin d'optimiser les qualités de mère de la simmental, des taureaux de races bouchère ont servit à faire des croisements. La simmental vêle aisément, nourrit bien son veau et le père ajoute un supplément de vitesse de croissance et de conformation de carcasse.
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Egger Ph.