Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 3 avril 2009

La Poya

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La poya (qui signifie en arpitan « montée », « côte ») ou montée en alpage est le nom de la transhumance dans les Alpes suisses. Ce terme est aussi utilisé en France en particulier dans la vallée de Chamonix, dans les Alpes.
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En Suisse, dans le village d'Estavannens (en Gruyère), la Poya est une tradition séculaire qui perdure, où art et fête populaire se joignent à l'agriculture. Cette région est spécialisée dans l'élevage et la fabrication de fromage. Le fromage de Gruyère est connu depuis le XVIe siècle. C'est un fromage au lait de vache entier, au lait cru.
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La montée à l'alpage et la désalpe
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Les troupeaux de vaches passent les mois d'été à l'alpage. Les déplacements que sont la montée en alpage au printemps comme la désalpe (ou Rindyà) en automne sont devenus des défilés où l'armailli est fier de parader avec ses bêtes, qui sont décorées pour l'occasion.
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Pour la poya et la rindyà, l'armailli porte le bredzon du dimanche, le capet, le beau loyi (poche à sel) neuf et la canne à la main. Les vaches sont bichonnées et fleuries. Une partie du troupeau porte les grosses sonnailles avec de belles courroies brodées et les initiales du propriétaire. Le « train du chalet » transporte le matériel jusqu’à l’endroit où l’on peut arriver avec un char tiré par un mulet : les malles des armaillis et tous les outils du chalet, c'est-à-dire le baquet à lait, les petits baquets à crème, le grand fouet, le tranche-cailler, la passoire avec son support, les baquets à traire, la baratte, l'oji (châssis servant à transporter les fromages sur la tête et les épaules).
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Au XVIIIe siècle, il y avait près d'une centaine d'alpages en activité. À cette époque, la production annuelle est de 14 000 meules de fromages. Dans ce contexte, la Poya est connue bien au-delà des campagnes. La Gruyère a fourni des troupeaux aux familles princières de France. Celles-ci se sont alors intéressées aux parades de la Poya.
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Les armaillis défilent également à la Fête des vignerons de Vevey dès 1819.
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Art populaire
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La poya est aussi dès 1800, une peinture, souvent naïve, qui représente cette transhumance.
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La poya, qui fait référence au terme éponyme poya, dès 1800, est une peinture profane, d'art populaire souvent naïve, qui, représente la montée aux alpages (transhumance) des troupeaux principalement dans le canton de Fribourg en Suisse, peints par les armaillis, les bergers d'alpage.
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L'origine et la fonction de ces tableaux étaient à l'origine de fournir l'inventaire du troupeau, des personnes et du matériel (contenu dans le « train du chalet ») se rendant à l'alpage.
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Ces tableaux étaient ensuite disposés sur les frontons ou bien au dessus des fenêtres de chaque maison en signe de prospérité.
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Histoire du sujet
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Le genre est issu des peintures et gravures de vie pastorale en vogue à la fin du XVIIIe siècle, qui ont pour sujet la vie de l'homme simple et innocent non corrompu par la société. Beaucoup de petits maîtres suisses se prêtent à ce sentimentalisme montagnard, comme F. N. König, J.-G. Volmar, G. Lory père et fils, etc.
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Le berger alpin devenu figure tutélaire et emblématique de cette vie pastorale, est intégré dans la culture du sentiment national suisse. Des fêtes populaires naissent dès 1805 (Berne, Fête des bergers d'Unspunnen), puis la Fête des vignerons de Vevey en 1819, le « Ranz des Vaches » est chanté par les Fribourgeois en guise d'hymne.
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Le genre proprement nommé Poya
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Sylvestre Pidoux (1800-1871), un charbonnier né en pays de Gruyère à Vuadens, déjà sollicité pour décorer les linteaux de porte de grange (supports propices aux signes gravés païens puis religieux), rajoute, en plus du monogramme du Christ et du nom du propriétaire, des petites scènes champêtres, puis il peint sur papier des troupeaux montant à l'alpage (entre 1827 et 1850, dont trois seulement ont été sauvées.
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La poya est alors essentiellement une enseigne, un inventaire du cheptel.
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Jusque dans les années 1970, la poya reste l'œuvre de paysans, d'ouvriers agricoles, d'armaillis (voire de charpentiers, ou d'autres métiers locaux) qui peignent leur familier, en tant qu'acteurs ou spectateurs.
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Iconographie
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Son origine (linteau de grange) lui donne ses dimensions originelles, soit d'un format allongé de 2 à 3 mètres de long, sur 50 cm à 1 mètre. Les poyas sont ensuite peintes sur une planche de bois rapportées sur le linteau. Mobiles, elles peuvent alors être accrochées sur les façades (en hauteur comme les retables d'églises), et pour les mêmes raisons elles doivent être lisibles dans des éléments convenus, la perspective en est absente pour éviter de donner de l'importance à un des protagonistes de la scène (même traitée sur deux niveaux). Le côté naïf qui s'en dégage est dû également aux représentations de profil du bétail (comme le jauge habituellement l'éleveur).
Seule la montée (ascension, l'été, l'avenir) est représentée plus que la désalpe (descente, fin de l'été, fuite du temps), ce dernier événement étant aujourd'hui le prétexte à fêter le retour du troupeau fortifié par son séjour alpin (vaches décorées de sapins enrubannées, concert de clarines, ...).
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Éléments incontournables
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On doit impérativement y voir le sujet complet de la montée à l'alpage avec :
Un défilé sur le chemin de la montée vers l'alpage,
la hiérarchie des armaillis, depuis le maître, le second le barlaté , l'apprenti le bouèbe, tous habillés du bredzon,
les vaches du troupeau équipées chacune de leurs sonnailles suspendues aux courroie de cuir brodé, le taureau, les génisses et les veaux... (voire quelques chèvres ou moutons et les porcs nourris au petit lait).
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le « train du chalet » (le char transportant les meubles et les ustensiles nécessaires à la vie en alpage et aux travaux du traitement du lait et de la fabrication du beurre, du séré, du fromage),
Le fond représente d'une façon réaliste, depuis le premier tiers du XXe siècle, le décor réel du lieu, le panorama visible depuis le fronton des son affichage (montagnes, forêts, bâtiments, qu'on doit pouvoir reconnaître autant que les bêtes du cheptel).
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Recensement
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On en a répertorié environ 800 dans la région des districts de la Gruyère, de la Glâne, de la Sarine, et de la Veveyse.
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Depuis la fin des années 1980, elle devenu un genre pictural, pratiqué par de nombreux artistes peintres qui se sont appropriés le thème en réalisant de nouvelles peintures, tout droit inspirées des tableaux d'époque, et qui ne sont pas destinées aux frontons des maisons. Elle se féminisa également, car précédemment on connaît peu de peintres femmes (à l'exception de Lucie Bochut - poyas entre 1918 et 1925).
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De grands artistes se sont essayés à la poya ou en ont exploité le thème, comme Jean Tinguely ou le styliste Thierry Dafflon.
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À Estavannens a lieu en mai 1956 la première fête populaire de la Poya d'Estavannens organisée par l'association gruérienne pour le costume et les coutumes. Elle célèbre le 75e anniversaire de la publication, le 21 mai 1881, d'un poème publié par Étienne Fragnière racontant la montée à l'alpage.
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Egger Ph.