Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 6 avril 2009

Le cor des Alpes

.
Le cor des Alpes est un instrument de musique à vent utilisé initialement pour communiquer à distance en montagne. On le trouve surtout en Suisse, mais aussi en Autriche, en Allemagne, en France, en Pologne, en Ukraine et en Roumanie ; son apparition remonte au IIe siècle après J.-C.
.
Durant des siècles, le cor des Alpes a été joué par les bergers pour appeler et calmer le troupeau ou à des fins de communication. Dans cette fonction, l'instrument du berger a toujours été joué seul, en instrument solo. Les récits des premiers concours de cor des Alpes n'ont jamais fait état de représentations à plusieurs voix.C'est dans la description des premières leçons de cor des Alpes données par le compositeur Ferdinand Fürchtegott Huber en 1826 et 1827 que le jeu à plusieurs voix est évoqué pour la première fois. Dans son autobiographie, on peut lire: «Tout le monde se réjouissait d'apprendre à jouer du cor des Alpes. En deux semaines, je les ai si bien exercés qu'ils étaient capables de jouer des phrases à une, deux et trois voix (...) en rythme et sans accroc».Le plus fameux recueil de pièces anciennes et modernes pour cors des Alpes, le «Alphornbüechli» de Alfred Leonz Gassmann, paru en 1938, contient huit duos et trios pour deux ou trois cors des Alpes de même tonalité.En 1972, le compositeur Johann Aregger a publié un recueil de pièces pour cor des Alpes à trois ou quatre voix intitulé «Das mehrstimmige Alphornblasen». La même année, Martin Christen enseignait le cor des Alpes à plusieurs voix à Stans (canton de Nidwald).Pour jouer ensemble à plusieurs voix, il faut avoir des cors des Alpes ayant la même tonalité de base et savoir lire les notes. En 1975, des mélodies pour cors des Alpes à plusieurs voix ont été jouées lors de la Fête fédérale des jodleurs et furent admises au concours. Aujourd'hui, on apprécie autant les duos, trios, voire les quatuors et chœurs complets de cor des Alpes, que les apparitions solo lors des concours de souffleurs de cor des Alpes.
.
Afin de promouvoir la tradition du cor des Alpes, les organisateurs de la première Fête d'Unspunnen, qui eut lieu le 17 août 1805, ont convié les joueurs de cor des Alpes à un concours. Les organisateurs ont endossé le rôle de jury et la femme du gouverneur se tenait prête à remettre des prix attrayants aux deux participants.Trois ans plus tard, un seul joueur de cor des Alpes s'inscrivit au concours: il gagna donc le prix, un mouton, sans concurrence. Ce concours, qui n'en était pas un, donna lieu à l'organisation de leçons de cor des Alpes, qui eurent lieu en 1826 et 1827 à Grindelwald (Oberland bernois).La pratique du cor des Alpes connut ainsi un renouveau. Des joueurs de cor des Alpes offraient de plus en plus souvent leurs prestations sur des lieux touristiques et récoltaient des dons. Comme cette pratique commençait à gêner certains visiteurs, on se mit à limiter et à contrôler les représentations, ce qui mettait à nouveau la tradition naissante en péril.En 1869, un concours de cor des Alpes réunissait neuf candidats à Siebnen, dans le canton de Schwytz. En 1876, six joueurs ont participé à la Fête du berger à Wäggital, mais une soudaine tempête de neige à rendu impossible l'achèvement du concours. En 1880, le Club Alpin Suisse a fait faire huit cors des Alpes qui ont été inaugurés une année plus tard au Muotatal.Après tous ces hauts et ces bas, ce fut finalement l'Association fédérale des jodleurs, fondée en 1910, qui raviva la tradition du cor des Alpes. Dès 1921, l'association organisait des leçons de cor des Alpes et se mit à publier du matériel didactique et des recueils de partitions, réunissant aussi bien des pièces traditionnelles que nouvellement composées. Grâce à cet engagement, des musiciennes et musiciens de talent jouent aujourd'hui du cor des Alpes dans tout le pays.
Que de sourires pour le cor de Alpes! Cet instrument que l'on rencontre partout en Suisse: au bord des lacs alpins pour le bon plaisir des touristes, sur des cartes postales et même dans les dessins d'enfants. Le cor des Alpes est devenu non seulement un symbole de l'industrie laitière mais aussi de la Suisse elle-même, équivalent à l'arbalète de Guillaume Tell.Aussi répandu que soit cet instrument, il est étonnant que son histoire, sa fabrication, son usage ont été peu décrits: relation omise, difficile à reconstituer. Il existe des sources écrites et iconographiques connues et d'autres, sans doute, encore inconnues.
.
Le cor des Alpes est un cadeau des esprits, dit la légende.Il y a très longtemps, un jeune berger du nom de Res (André) gardait les vaches sur un alpage du Haslital. Par une belle nuit d'été, alors que le garçon dormait déjà en haut sur la paille, il fut réveillé par trois étrangers qui avaient pénétré dans la fromagerie. Un géant s'était emparé du chaudron à fromage. Un berger frêle et pâle aux cheveux d'or ramenait des écuelles remplies de lait depuis la réserve. Assis près du foyer, un chasseur tout de vert vêtu fixait sombrement les braises. Il sortit un petit flacon de sa poche et versa de la présure rouge sang dans le lait brûlant. Pendant que le géant remuait énergiquement, le berger pâlichon s'empara d'une tige en bois à la forme bizarre et se mit à jouer devant la bergerie. Res n'avait encore jamais entendu pareille musique: longs, étirés, envoûtants, les sons s'élevaient tour à tour graves et gutturaux, ou clairs et joyeux. Les troupeaux s'éveillèrent. De partout, les cloches des vaches se mirent à tinter, se superposant en douceur à l'écho du mystérieux instrument.Sous l'immense voûte étoilée, Res fut envahi par un mélange de joie et de nostalgie.Pendant ce temps, le géant avait versé le petit-lait dans trois écuelles et invita le garçon à en boire une. Curieusement, l'une des écuelles était rouge comme le sang, l'autre verte comme l'herbe et seule la troisième était blanche comme la neige. Le géant expliqua que le petit-lait rouge donnait de la vigueur, du courage et une grande force. Le chasseur par contre recommanda au garçon de boire la verte, car ainsi, les Alpes les plus belles deviendraient siennes. Le berger pâle tendit à Res l'écuelle blanche, lui promettant en échange la corne. Le garçon pensa aux sons magiques et choisit le petit-lait blanc. Il avait un goût délicieux de lait et lorsqu'il posa l'écuelle, les esprits avaient disparu. Le feu flamboya une dernière fois avant de s'éteindre. Mais à côté du foyer, il y avait le cor des Alpes. L'aube pointait. Res sortit de la bergerie et souffla dans l'instrument. Après avoir joué quelques notes, il fit une pause et entendit la musique répercutée par l'écho, telle la voix d'un esprit.En bas dans le Haslital, surpris par ces merveilleux sages, les gens se demandèrent si les montagnes s'étaient mises à chanter.
.

Mosaïque romaine à Boscéaz du 2ème siècle après J.-C.
.

Le rappel des troupeaux dans les montagnes de la vallée de Gruyère.
Lithographie de Bacler d'Albe et G. Engelmann,1818

.

.
On en joue debout, pour des question de tenue de l'instrument et de souffle. On pince les lèvres comme pour jouer des cuivres.
.
Il était utilisé pour prévenir un village d'un danger, ou pour appeler les villageois à l'église, car le son peut parcourir des longues distances, et faire des échos dans les vallées.
.
En Haute-Savoie, il servait au regroupement des vaches dans les alpages dans les anciens temps.
.
.
C'est un long cor (ou trompe) en épicéa qui mesure environ 340 cm et se scinde en deux ou trois parties pour être transportable, mais certains peuvent mesurer jusqu'à 13 mètres. Il est généralement en fa#/solb.
.
On en trouve taillé d'une seule pièce dans un arbre dont la forme convenait (arbre poussant couché), mais en général il s'agit d'un assemblage de deux pièces de bois collées l'une contre l'autre, après avoir été évidées. Le pavillon est généralement ouvré dans une pièce à part. L'ensemble est ensuite recouvert de cerclages d'osier ou de rotin à des fins esthétiques et protectrices.
.
La nature donne sa forme au cor des Alpes, droit ou courbé. Un jeune sapin rouge au fût dressé, ou agrippé à la pente, de diamètre adéquat et sans branche à sa base, est abattu, écorcé et partagé à la scie à ruban dans le sens de la longueur. A la courbure naturelle, de nombreux facteurs de cors préfèrent le façonnage d'une pièce de bois de choix, adaptable au tube rectiligne. Le patient évidage des deux moitiés, à la doloire et à la gouge, n'a guère varié au cours des temps. Une épaisseur régulière de quatre à sept millimètres confère à l'instrument une sonorité équilibrée. Les deux moitiés évidées sont rectifiées au rabot, polies, puis réunies. Le facteur de cor des Alpes consacre plus de 50 heures au seul évidage de l'intérieur et jusqu'à 100 heures à la réalisation artisanale de l'instrument, coupe de bois non comprise. Il fabrique fort souvent lui-même son outillage personnel. Le cor des Alpes en fa dièse/ sol bémol actuellement le plus courant, mesure env. 340 cm et se scinde en deux ou trois parties, assemblées par emboutissage ou filetage de laiton. Pour les protéger des intempéries et leur assurer une longévité prolongée, le cor des Alpes est depuis toujours cerclé. Jusque vers 1930, d'osier, d'anneaux de bois et de fer.
.
Aujourd'hui le cor des Alpes est plus fréquemment gainé de rotin. On utilise aussi , mais plus rarement, l'écorce de bouleau prélevée sur le côté ensoleillé de l'arbre, quand la sève monte à la veille de l'été. Le pavillon du cor des Alpes, par contre, est fréquemment décoré d'une sculpture, pyrogravure, peinture rustique, marqueterie ou décalcomanie. Sujets privilégiés: croix fédérale, fleurs des Alpes, chalets d'alpage ou chaîne de montagnes. Les cors des Alpes actuels sont pourvus d'une embouchure tournée dans le buis et fort souvent sculptée. Les cors du siècle dernier, ou de facture personnelle actuelle,se présentent plutôt en embout constitué par l'épaississement du tube.
.
Lorsqu'on en joue, l'instrument repose sur un pied de bois massif.
.
Oeuvre achevée, vient l'heure de vérité: le facteur de cor expérimenté perçoit aux premiers sons si l'instrument "sonne juste" ou s'il exige une rectification. Autrefois, chaque berger fabriquait lui-même son cor. Aujourd'hui, une trentaine d'artisans helvétiques ont des commandes pour plusieurs mois, voire l'année entière.
.
La plupart d'entre eux en font un gain accessoire. Ils sont paysans, boisseliers, menuisiers, tourneurs, forgerons, serruriers, charrons, et consacrent à cette activité les mois creux de l'hiver. Les cor des Alpes ne se vendent pas seulement en Suisse mais dans le monde entier. Selon leur facture, leur longueur et leur finition artistique, leur coût se situe entre 1800 et 3000 francs suisses.
.
Prenons comme point de départ la première fête des bergers. Après les troubles politiques de 1798, la ville de Berne se rapproche de sa campagne en invitant à la fête du 17 août 1805 trois mille citadins et campagnard ainsi que des hôtes de toute l'Europe dans la prairie d'Unspunnen, à Interlaken. C'est par cette fête, en effet, que les Bernois ont, d'une part, repris conscience de la nécessité de s'unir, de l'autre, qu'ils ont repris goût aux jeux des bergers: lutter, lever des pierres, jouer du cor des Alpes.
.
"Zur Ehre des Alphorns" ( A la gloire du cor des Alpes) fut la devise inscrite sur la médaille commémorative. La fête elle-même fut brillante mais, ce que l'eau-forte du miniaturiste F.N. König et la chronique attestent, deux joueurs seulement se produisirent au concours de cor des Alpes et remportèrent sans concurrence les deux prix: deux médailles et deux montons noirs.
En 1808 la fête des bergers fut renouvelée. Quant à la devise, l'on fit bien de remplacer le mot "Alphorn" par patrie "Zur Ehre der Heimat" parce qu'il n'y eut qu'un seul joueur de cor des Alpes à obtenir quelques succès.
.
L'artiste-peintre König nota dans son journal, en 1814, à l'occasion d'une promenade au canton de Berne: "Vom Alphorn sieht und höret man fast nichts mehr..." En effet, il fut nécessaire que le maire de Berne priât un jeune professeur de musique qui jouait du cor des Alpes comme Ingres de son violon d'enseigner le jeu de cet instrument. Des cours eurent lieu à Grindelwald en 1826 et en 1827; l'artiste-peintre G. Vollmar en fit d'ailleurs un tableau. L'idée de sauver la tradition du cor des Alpes par l'enseignement donna naissance à l'instruction populaire qui ne se fait pas aux académies mais le dimanche après-midi dans les prés et les forêts. La confrérie des joueurs de cor des Alpes compte environs 1500 membres, citadins et campagnards, que s'exercent d'après des mélodies notées souvent dans des conditions difficiles, même dans les caves.
.
Le cor des Alpes sert non seulement d'instrument de musique, on le porte aussi de nos jours dans presque tous les cortèges suisses comme symbole national. Cette coutume de montrer le cor des Alpes dans les villes est représentée déjà en 1828 au cortège du carnaval de Rheinfelden et se retrouve à partir de 1833 dans les illustrations des fête des vignerons de Vevey.
.
Le cor des Alpes est un instrument «naturel». A la différence des autres instruments à vent, il n'a pas de tube additionnel, ni trou ou autre piston dont l'ouverture permet d'amplifier la tonalité de base ou de varier la gamme harmonique.La langue produit des vibrations plus ou moins intenses et rapides qui, par l'intermédiaire de l'embouchure, agissent sur l'air insufflé dans le cylindre en l'interrompant à intervalles réguliers. C'est ainsi que le sonneur produit des «sons naturels».Autrefois, la longueur du sapin déterminait la tonalité de base. Aujourd'hui, des dimensions fixes permettent de produire les tonalités voulues et de jouer avec d'autres cors ou instruments de même tonalité.Dans le système tempéré, l'intervalle d'octave est divisé en 12 demi-tons. Sur un cor des Alpes, l'échelle chromatique ne peut être produite qu'à partir de la quatrième octave. Dans les octaves inférieures, les sons naturels sont plus espacés, et vont carrément jusqu'à une octave d'intervalle dans le registre le plus grave. Les quartes et les quintes se situent dans le deuxième registre, les tierces dans le troisième.Un sonneur amateur peut obtenir 13 sons sur près de quatre octaves, alors qu'un virtuose obtient plus de 20 sons sur quatre octaves et demie.Parmi les sons couramment produits par un sonneur, trois n'existent pas dans le système tempéré. Le 7e son naturel est un si trop haut, le 11e sonne nettement plus haut que le fa, mais trop bas pour un fa dièse et le 13e sonne un peu plus haut qu'un la bémol. Le 11e son naturel est celui que l'on reconnaît le mieux parmi ces trois sons «faux». Il s'agit du fa du cor des Alpes.
.
Les bergers se sont longtemps servis des matériaux qu'ils avaient à portée de main pour façonner leurs instruments. Une manière simple de produire des sons consiste par exemple à tenir un brin d'herbe entre les pouces et à souffler dedans. Le recours à des feuilles de poirier ou de lierre est une autre possibilité, documentée dès 1511. En plaçant la feuille contre la lèvre supérieure, le «musicien» peut produire une gamme de sons qui s'étend sur deux octaves.Les sifflets fabriqués à l'aide de tiges de plantes étaient eux aussi très répandus et les enfants aiment aujourd'hui encore les confectionner : la tige creuse est fermée à une extrémité ; à l'autre bout, on taille une encoche, et on souffle dans la tige comme dans un sifflet. Puis un jour, un berger eut l'idée d'évider le tronc d'un jeune sapin et de l'utiliser comme corne. C'est du moins ainsi qu'on peut imaginer l'invention du cor des Alpes.Jusqu'au début du 20e siècle, le cor des Alpes était l'instrument des bergers. Il servait à rassembler les vaches pour la traite.Sur une gravure de 1754, on voit comment un berger se sert du cor pour inciter ses vaches à escalader la dernière pente raide qui mène à l'alpage.L'utilisation du cor à l'alpage fait l'objet de nombreuses illustrations entre les 16e et 18e siècles. Une peinture sur verre de l'Emmental (canton de Berne) remontant à 1595 montre un berger qui souffle dans son cor des Alpes pour calmer les vaches pendant la traite.Autre thème récurrent: le jeu du cor des Alpes au crépuscule. Faisant office de prière du soir, il se pratiquait surtout dans les cantons réformés, alors que les cantons catholiques de Suisse centrale y recouraient plutôt pour rassembler les fidèles.Aujourd'hui dépassée, la fonction principale du cor des Alpes était d'assurer la communication avec les bergers des alpes voisines et les gens de la vallée.
.

Quelques compositeurs se sont intéressés à cet instrument. En particulier, Vinko Globokar a composé une pièce Cri des Alpes pour cor des Alpes, créée à Helsinki en 1986. Globokar possède un instrument de 3,7 m de long qui lui a été offert par le hautboïste suisse Heinz Holliger.
.
D'autres compositions existent: Corps des cors, du valaisan Pierre Mariétan. Composition n°172 d'Anthony Braxton (pour 11 cors), le monde minuscule de Daniel Schnyder. Robert Scotton a composé de nombreuses pièces pour grand ensemble de cor des Alpes, en utilisant des tonalités différentes.
.
Le compositeur Nicolas Perrillat, fondateur de Vox Alpina et spécialiste français du répertoire des Alpes, utilise le cor des Alpes dans des formations musicales. Il a fondé plusieurs groupes de cor des Alpes.
.
La voix humaine est capable de produire tous les sons de la gamme chromatique et ceux de la série des harmoniques. Il aurait été facile de combiner la voix et le cor des Alpes dès le début de la tradition. En fait, il est probable que les bergers aient autrefois chanté et joué en même temps. Mais il ne subsiste aucune trace de cette pratique musicale. Aucun document, ni partition, ni récit traditionnel n'attestent d'une association entre cor des Alpes et chant.Une exception a pu toutefois être trouvée à Lucerne: le «Alpenlied auf Rigi-Scheideck» (chant des Alpes sur le Mont Rigi) pour chœur d'hommes et cor des Alpes ad libitum, composé en 1835 par Franz Xaver Schnyder von Wartensee.Dans les années 70, au moment où le cor des Alpes devint un instrument de musique expérimentale folk, l'artiste bernoise Christine Lauterburg commença à jodler et à chanter au son du büchel. Après cette expérience, le trompettiste de jazz Hans Kennel, également adepte du cor des Alpes et du büchel, a travaillé avec les quatre soeurs jodleuses Schönbächler; avec un hackbrett et une percussion, ils participèrent ensemble au festival international de musique «Alpentöne» qui se déroule tous les deux ans à Altdorf dans le canton d'Uri.Dans les années 90, l'ensemble «Stimmhorn» (le cor à voix) a été fondé. Le chanteur diphonique Christian Zehnder et l'instrumentiste à vent Balthasar Streiff ont atteint une certaine notoriété grâce à leurs nombreux CD. Balthasar Streiff a créé de nouveaux instruments de musique, à l'instar du double cor des Alpes (deux cors avec une embouchure commune), de «l'alpophone» (un hybride entre saxophone et cor des Alpes) et d'une machine à traire transformée en instrument à vent.Hans Ott, joueur de cor des Alpes, a récemment commencé à accompagner les chansons pop avec son cor des Alpes. Pour accorder tous les sons harmoniques, il remplace le fameux fa du cor des Alpes, le onzième son partiel de la série des harmoniques qui sonne entre le fa et le fa dièse, par un fa généré par ordinateur.
.
Si la tradition du cor des Alpes a connu bien des changements entre les 16e et 20e siècles, la forme de l'instrument n'a guère évolué: aujourd'hui encore, le cor est un long tube conique, recourbé en son extrémité comme une corne de vache. Jusque vers 1930, le cor était confectionné dans du jeune sapin naturellement courbé, poussant à flanc de montagne. Le tronc était abattu, partagé en deux, puis les deux moitiés étaient évidées pour être ensuite réassemblées.Aujourd'hui, les facteurs de cors utilisent d'autres essences, comme le frêne, ou des matériaux modernes, fibre de carbone par exemple. La technique de facture a elle aussi évolué puisque l'instrument n'est plus fabriqué en une seule pièce, mais en différents éléments (tube, rallonge centrale, pavillon), collés avant d'être façonnés.Quelle que soit la méthode choisie – évidage ou assemblage des éléments -, il faut compter à peu près 70 heures de travail jusqu'à ce que le pavillon atteigne 4 à 7 millimètres d'épaisseur.Une fois évidées et assemblées, les parties sont fixées ensemble à l'aide d'anneaux. Un petit pied (en bois) permet de stabiliser le cor. L'instrument est ensuite gainé de rotin. Autrefois, on utilisait des bandes de lin, du métal, des os, de l'écorce de merisier ou de bouleau.Depuis un siècle environ, c'est l'embouchure qui détermine la hauteur et le timbre de l'instrument.
.

.
Christine Lauterburg, yodel / Res Margot, büchel (alphorn): Mythen.
.

"Biel 2006", Alphorn-Grossformation Bieler Seeland

.
Stimmhorn (Balthasar Streiff, double alpenhorn / Christian Zehnder, overtone singing): Raureif.

.
Stimmhorn (Zehnder, overtone singing; Streiff, büchel) & Kold Electronics: Seikilos.

.
Stimmhorn (Zehnder, yodel; Streiff, double alpenhorn) & Kold Electronics: Bauz.

.

Egger Ph.