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Dès son origine aux confins de deux influences, Fribourg naît dans la seconde moitié du XIIe siècle de la volonté d’un prince germanique, dont la famille est étroitement mêlée à l’histoire du royaume de Bourgogne.
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Détail de la première vue "exacte" à vold'oiseau de la cité
des bords de la Sarine prise du sud
et réalisée en 1582 par le Soleurois Gregor Sickinger (1558-1631)
(Musée d'art et d'histoire, Fribourg)
.Créé en 888 par Rodolphe Ier et agrandi par Rodolphe II en 934, le second royaume de Bourgogne résulte de la fusion de deux importants territoires : la Basse-Bourgogne et la Haute-Bourgogne cisjurane et transjurane, cette dernière comprenant l’actuelle Suisse romande. Tenté d’étendre son royaume jusqu’à l’Aar, Rodolphe II se heurte toutefois au duché alaman de Souabe.
Du duché de Souabe sont originaires les Zaehringen qui, en lutte avec une autre famille princière, les Hohenstaufen, choisissent de s’établir dans leurs possessions du Brisgau où Berthold II crée un château fort allodial (Zaehringen) et fonde l’abbaye de St. Peter en Forêt-Noire (1093). Par son épouse Agnès, nièce de l’empereur, il étend sa zone d’influence en direction de la Bourgogne, incorporée au Saint Empire en 1032.
Mais la concurrence des Hohenstaufen demeure et les Zaehringen cherchent à renforcer leurs positions grâce à la création de villes. C’est ainsi que le fils de Berthold II, Conrad, fonde Fribourg-en-Brisgau en 1120. Quelques années plus tard, soit en 1127, l’empereur le nomme recteur (administrateur) de la Bourgogne, en remplacement de son neveu qui vient d’être assassiné à Payerne. Désormais, les Zaehringen assurent la défense des intérêts impériaux de part et d’autre du Jura et s’installent dans les vallées de la Sarine et de l’Aar.
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Le fils de Conrad, Berthold IV, hérite des possessions de son père, en même temps que de la fonction de recteur. Le mariage de Frédéric Barberousse avec Béatrice de Bourgogne le met pourtant dans la délicate situation d’être à la fois vassal de l’empereur et suzerain de l’impératrice, ce qui l’amène à renoncer à la Bourgogne cisjurane, en échange de droits régaliens sur les évêchés de Sion, Lausanne et Genève.
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«DUX ET RECTOR BURGUNDIE»
(Musée national suisse, Zurich)
.En voyage dans la région, sans doute pour mettre de l’ordre dans ses possessions et tenant compte d’un « ensemble de considérations politiques, militaires, géographiques et économiques », Berthold IV choisit une terrasse surplombant la Sarine, afin d’y établir une ville « nouvelle » qu’il fortifie : Fribourg (de l’allemand frei « libre » et Burg « lieu fortifié », nom provenant des libertés octroyées par le fondateur et à rapprocher de celui de Freiburg im Breisgau). Quant à la fondation de la cité, elle peut être fixée, selon l’historien Pierre de Zurich, à l'année 1157.
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La destinée de Fribourg change à la mort de son fondateur (1186) : de point d’appui, la ville devient limite ouest de l’influence des Zaehringen face à l’évêque de Lausanne et aux ducs de
Savoie. Berthold V, qui entre-temps a fondé Berne (1191), la léguera, en 1218, à sa soeur Anne, épouse d’Ulrich de Kibourg.
Adaptant les anciennes franchises des Zaehringen, les Kibourg octroient aux Fribourgeois une charte communale : la Handfeste (été 1249), document majeur réglant l’organisation politique, judiciaire et économique de la cité. Grevés de dettes, les Kibourg vendront toutefois la ville de Fribourg aux fils de Rodolphe Ier de Habsbourg (1277), lequel avait été élu roi de Germanie quatre ans auparavant.
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Pendant près de deux siècles, Fribourg est sous la domination des Habsbourg (1277-1452). De nombreuses vicissitudes, tant militaires que politiques, marqueront cette période. Mais la cité des bords de la Sarine connaîtra également une prospérité certaine. La communauté des bourgeois prend son destin en main : la ville s’agrandit, les métiers s’organisent en corporations, l’éducation et l’assistance se développent. Alors que débute la construction d’une nouvelle église dédiée à saint Nicolas (1283), dont les travaux dureront plusieurs siècles, Fribourg adapte son système politique à son extension. Ainsi, par la Lettre des Bannerets (1404), elle se donne une nouvelle constitution.
Mais dès le milieu du XVe siècle, la situation politique se dégrade. Fidèles de la Savoie et partisans des Autrichiens s’affrontent régulièrement, et ce durant plusieurs années. Devant une telle confusion, la ville se place sous la suzeraineté de la Savoie (1452-1477) et renouvelle l’important traité de combourgeoisie passé en 1403 avec Berne qui, pour sa part, rencontre des difficultés avec la Bourgogne. En effet, Charles le Téméraire reçoit en gage de l’Autriche des terres proches de l’Argovie bernoise (1469). Membre de la Ligue des cantons suisses depuis 1353, Berne va entraîner Fribourg dans une guerre contre le Téméraire et la Savoie, son alliée.
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dans la Ligue des cantons suisses
(Archives de l'Etat de Fribourg)
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Combourgeoise, Fribourg prend part aux opérations militaires, en particulier à la victoire de Morat, le 22 juin 1476. Affranchie de la Savoie, Fribourg se voit accorder l’immédiateté impériale (1478), avant d’être reçue avec Soleure dans la Confédération des cantons suisses, à qui elle apporte sa première communauté bilingue (22 décembre 1481). Si, en 1483, l’allemand devient la langue officielle des autorités et ce jusqu’à la chute de l’Ancien Régime, en 1798, les Fribourgeois n’en continuent pas moins à pratiquer leurs parlers traditionnels, soit le franco-provençal et le dialecte alémanique.
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Au cours des XVe et XVIe siècles, Fribourg va se constituer un territoire pratiquement définitif en acquérant plusieurs seigneuries et villages, en participant à la conquête du Pays de Vaud (1536) et, toujours en compagnie de Berne, à la dissolution et au partage du Comté de Gruyère (1554-1555). En politique extérieure, Fribourg adopte une attitude modérée, influencée par la France, sa principale alliée. C’est d'ailleurs dans notre cité que sera signée, en 1516, la Paix perpétuelle entre la France et les cantons suisses, suite aux Guerres d’Italie, paix marquant le début d’une politique helvétique de neutralité.
Grâce à la fabrication et au commerce des lames de faux, des cuirs et surtout des draps, Fribourg connaît, sur le plan économique, une très grande prospérité. Les marchands fribourgeois sont au rendez-vous des grandes foires, notamment à Genève et Zurzach, et bénéficient également des avantages que constitue l’axe du Gothard, ouvert dès le XIIIe siècle. Mais au début des Temps modernes, la conjonction de plusieurs facteurs - baisse dans la qualité de production, guerres, mercenariat, développement de nouvelles voies commerciales, Réforme protestante, etc. - provoque le déclin de son industrie.
Sur le plan artistique, les arts connaissent aux XVIe et XVIIe siècles un brillant développement avec entre autres les œuvres des sculpteurs H. Geiler et H. Gieng (fontaines Renaissance), du peintre H. Fries, auteur de nombreux retables, sans oublier les créations de l’atelier des frères Reyff qui contribuèrent également à façonner l’image du « Fribourg artistique ». C’est aussi le temps de la Réforme à laquelle Fribourg résiste, se trouvant même entièrement entourée de pays protestants dès 1536. Participant activement à la « renaissance de l’esprit catholique », les jésuites s’engagent dès 1580 dans la fondation du Collège Saint-Michel, dont Pierre Canisius sera « l’âme » pendant dix-sept ans. D’autres communautés religieuses rejoindront peu après la Compagnie de Jésus, s’ajoutant à celles déjà établies dans notre cité au XIIIe siècle. C’est également à cette époque que sont imprimés à Fribourg les premiers livres (1585).
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A la fois « Ville et République », Fribourg, au gré de ses acquisitions territoriales, devient capitale suzeraine de la campagne. Peu à peu, ses autorités renforcent leurs pouvoirs et ce, au détriment de l’assemblée des bourgeois et des habitants. Une oligarchie de fait s’installe tout en se légalisant. S’inspirant de l’Absolutisme français de droit divin, le régime de Leurs Excellences - soit une soixantaine de familles - parvient au XVIIIe siècle à son aboutissement. Se désignant « patriciens », ces bourgeois privilégiés exercent les principales charges de l’Etat, tant sur le plan politique, économique et culturel que social. Certes, ce système inégalitaire ne va pas sans provoquer moult contestations, à l’instar d’insurrections « populaires » survenant un peu partout en Europe, voire dans les colonies américaines. Ce mécontentement se concrétisera notamment en 1781, lors de la révolte de Pierre-Nicolas Chenaux dirigée contre le gouvernement.
Toutefois, le régime patricien ne prendra fin qu’avec l’entrée des troupes de la Révolution française à Fribourg, le 2 mars 1798 (instauration de la République Helvétique "une et indivisible"). L’Acte de Médiation imposé en 1803 par Napoléon Bonaparte à la Suisse fixera notamment les frontières définitives de notre canton, tandis que la Commune de Fribourg sera désormais séparée de l’Etat (Acte de dotation pour la Ville de Fribourg en Uchtlandie, du 8 Octobre 1803). Certes, il y aura encore une brève restauration des anciens maîtres de Fribourg, en 1814, mais en 1831, sous la pression des élites libérales, le Grand Conseil adopte une nouvelle constitution, dont les « principes généraux reconnaissent la souveraineté du peuple et consacrent la victoire des libertés modernes sur l’Ancien Régime ». Si la langue française est la « langue du Gouvernement », les textes officiels « obligatoires pour tout le canton doivent être rédigés et publiés en allemand et en français ».
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Ouvrage principal de la ligne Lausanne-Fribourg-Berne,
le viaduc de Grandfey fut construit de 1857 à 1862
(Lithographie de A. Cuvillier. Musée d'art et d'histoire, Fribourg)
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Alors que le XIXe siècle signifie, notamment pour Fribourg, une période de transition entre l’Ancien Régime et la Suisse moderne (émigration civile vers le Brésil en 1819, guerre du Sonderbund en 1847, Constitution fédérale de la Confédération Suisse de 1848), le XXe siècle peut être considéré comme celle de l’ouverture et des « rattrapages ». Aux diverses réalisations de la seconde moitié du XIXe siècle annonçant une première phase d’industrialisation et entraînant une extension de la cité vers l’ouest (quartiers de Pérolles, Beauregard et Gambach) - début de l’éclairage au gaz en ville de Fribourg (1861), construction de la ligne ferroviaire Lausanne-Fribourg-Berne (1856-1862), fondation de la Société des Eaux et Forêts et construction du barrage et de l’usine hydraulique de la Maigrauge (1869-1872) qui reviendront, en 1915, aux Entreprises Electriques Fribourgeoises, création de l’Université (1889) et de la Banque de l’Etat (1892) - actuelle Banque
Cantonale de Fribourg (1996) -, ouverture de la première ligne de tramway reliant le Bourg à la Gare (1897), implantation d’entreprises, principalement dans le secteur alimentaire, etc. -, une nouvelle série de transformations importantes et rapides toucheront profondément la vie économique, sociale et culturelle fribourgeoise à partir des années 1950, selon le concept de la « décentralisation concentrée ». Ces mutations favoriseront également l’adaptation des droits des citoyens. Alors que les Fribourgeoises obtiendront en 1971 des droits politiques complets, l’égalité entre homme et femme sera inscrite dans la Constitution fédérale en 1981 et, dix ans plus tard, la majorité civique sera abaissée à 18 ans. Quant au principe de l’égalité officielle des langues française et allemande, il sera accepté par le peuple fribourgeois en 1990.
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Bien que de taille moyenne, Fribourg est aujourd’hui une cité importante, au rayonnement international, et assurant à ses habitants tous les services d’une grande ville (éducation, sports, santé, loisirs...). Tournée résolument vers l’avenir, elle a su néanmoins préserver ses traditions culturelles et ses valeurs spirituelles. Si les jours fériés étaient jadis plus nombreux, les Fribourgeois ne négligent point pour autant, au tournant du millénaire, les quelques fêtes profanes et religieuses qui rythment encore les saisons.
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(Archives de la Ville de Fribourg)
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En hiver, c’est la Saint-Nicolas, patron de la ville, du canton et de la cathédrale, que petits et grands honorent le 6 décembre. C’est également le Jeu des Rois, après Noël, que l’on redécouvre depuis peu, grâce à la Confrérie des Tireurs de Saint-Sébastien, à l’occasion de son cinquième centenaire (1493-1993). A la veille du carême, les jours gras du carnaval (cortèges, bals, feuilles satiriques...) attirent les « dzosets » (sobriquet que l’on donne aux Fribourgeois, provenant du prénom Joseph, alors en vogue dans le canton), en quête de réjouissances. Condamné et brûlé, le « rababou » emportera avec lui tous les maux de la cité et ce, jusqu’à l’année suivante (février).
Au printemps, la Fête-Dieu rapproche, le temps d’une importante célébration eucharistique et d’une procession, les autorités civiles et religieuses, ainsi que les habitants de la cité. Remontant au Moyen Age, cette solennité rappelle les liens privilégiés unissant Fribourg au monde catholique.
Après la fête nationale du 1er Août où drapeaux et lampions parent nos villes et villages, la Bénichon nous entraîne allègrement vers l’automne (septembre/octobre). Cette fête ancienne, dont le nom dérive de « bénédiction » et qui commémorait la dédicace de l’église paroissiale, marque la fin des grands travaux agricoles. C’est le moment privilégié au cours duquel la ville et la campagne se retrouvent pour fraterniser autour d’un fameux repas, avant le retour de l’hiver.
Capitale d’un petit pays influencé par les cultures latine et germanique, ville au patrimoine prestigieux, Fribourg, à l’approche du 850e anniversaire de sa fondation, se doit d’être plus que jamais une cité accueillante, ouverte sur l’Europe et sur le monde.
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senestrée d’un avant-mur crénelé du même et s’abaissant en deux degrés ;
un demi-anneau d’argent mouvant en pointe de la tour et du mur
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« La tour, son avant-mur et l’anneau figurent comme emblème sur les sceaux de la Ville de Fribourg dès le XIIIe siècle; à partir du XVIIe siècle, cet emblème fut souvent écartelé avec les armoiries de Fribourg (le coupé de sable et d’argent qui est devenu l’écu cantonal) ; ce ne fut qu’en 1803 qu’il devint le blason officiel de la Ville »(H. de Vevey).
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Du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, la Ville de Fribourg compte environ 5000 à 6000 habitants. En 1811 et 1910, on en dénombre respectivement 6200 (canton : 74'200) et 20'300 (canton : 139'700).
Aujourd’hui (recensement fédéral de 1990), Fribourg a, sur une superficie de 928,01 hectares (altitude moyenne de la cité : 610 m / point le plus haut : 702 m - Schoenberg; point le plus bas : 525 m - Windig/Sarine) :
36'355 habitants (canton : 213'571),dont 21'240 de langue française et 8288 de langue allemande.1799 personnes parlent l’italien, 1182 l’espagnol, 1341 le portugais, 551 le turc, 270 l’anglais et 1684 d’autres langues européennes et non européennes.
La scolarité peut être accomplie à tous les niveaux en deux langues.Quant à l’Université, elle est bilingue également.
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Egger Ph.