Un '''Cordon bleu''' était, sous l'ancien Régime le surnom donné à un chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit. Il désigne aujourd'hui un grand chef cuisinier.
L'ordre du Saint-Esprit était la plus illustre des décorations de la Monarchie. Institué en 1578 par Henri III pendant les guerres de Religion afin de regrouper les principaux chefs du parti catholique contre les protestants, les chevaliers de cet ordre portaient comme insigne une croix de Malte suspendue à un large ruban de couleur moirée bleu ciel.
Aboli à la Révolution, le cordon bleu constitua pendant deux siècles la distinction suprême dans l'aristocratie française, quelque chose comme les plus hauts grades de l'actuelle Légion d'honneur, qui n'a fait d'ailleurs que lui succéder.
La locution pouvait donc s'appliquer par métaphore à tout ce qui est d'une rare élévation. Ainsi un poète du XVIIe siècle qui souhaitait se faire admettre à l'Académie française déclara que cette assemblée était « le cordon bleu des beaux esprits » : il fut élu.
Cependant, selon d'autres sources, l'application culinaire est fondée sur des faits plus précis : certains seigneurs de haut parage, tous dignitaires du Saint-Esprit et porteurs du cordon de l'ordre, avaient pris l'habitude de se réunir en une sorte de club gourmand pour cultiver l'art du bien-boire et du bien-manger.
Leurs déjeuners devinrent célèbres et l'on employa un temps l'expression « faire un repas de cordons bleus ». Façon de parler qui a passé des gourmands tombés dans l'oubli aux préparateurs des plats eux-mêmes, tous cuisiniers et cuisinières de haute volée.
En 1895, une journaliste prénommée Marthe Distel publie le premier journal de cuisine La Cuisinière Cordon Bleu. Au vu du succès du journal, elle se lance dans des démonstrations culinaires.
Depuis, des nationalités du monde entier ont défilé à Paris. Des écoles Le Cordon Bleu ont été créées à travers le monde afin de répandre la culture et l'art de vivre à la française. Avec 27 écoles à travers le monde, Le Cordon Bleu est reconnu comme une des meilleures formations culinaires.
Maintenant, l'Académie d'art culinaire publie aussi des livres traduits dans plus de 20 langues et dispose de restaurants vitrines comme au Canada ou au Mexique.
Le Cordon-bleu est une escalope de veau panée, fourrée de gruyère et d'une tranche de jambon.
Une belle escalope juteuse, du jambon aromatique et un cœur de fromage à fondre de plaisir: tel est le cordon-bleu. Plusieurs pays s'en disputent la paternité, mais ce sont probablement les Suisses qui l'ont inventé. En tout cas, cette escalope farcie est aujourd'hui l'un de nos mets préférés, tant à la maison que dans les restaurants conviviaux.
Le cordon-bleu est une escalope panée, garnie de fromage et de jambon. Il n'existe pas de recette unique, mais la version classique exige de la viande de veau. La très sérieuse Ordonnance sur les denrées alimentaires s'est même penchée sur la question. Elle précise que s'il s'agit de viande de porc, il faut le déclarer. La farce est normalement composée de jambon cuit. Le fromage, quant à lui, permet un peu plus de liberté: c'est tantôt de l'emmental, tantôt du gruyère.
Quelques restaurants se sont fait une spécialité de ces escalopes farcies et proposent plusieurs viandes et farces sous le nom de cordon-bleu. A la maison, cuisinières et cuisiniers ne se privent pas d'associer également des ingrédients différents pour confectionner ce plat délicieux. Le principal, c'est-à-dire la viande, peut donc provenir du veau, du porc ou d'une volaille. Il existe même des variantes de cordons-bleus avec des filets de poisson.
L'escalope est garnie de différents fromages: appenzell, roquefort ou fontina et de minces tranches de viande séchée, jambon fumé, ou encore de légumes, p.ex. potiron.
Cette escalope au fromage et jambon est si célèbre que plusieurs pays se disputent l'honneur de l'avoir passée en premier à la poêle. La France, l'Allemagne et la Suisse peuvent y prétendre, car chacun de ces pays apporte une contribution originale à l'origine du célèbre cordon-bleu. Mais il n'existe aucune preuve formelle.
Comment la farce se retrouve-t-elle dans cette escalope? Il y a deux solutions: ou bien on entaille délicatement la tranche de viande en portefeuille pour y glisser la farce, ou bien on dispose cette dernière entre deux escalopes. Dans les deux cas, le tout est solidement maintenu avec des piques en bois. Ensuite le cordon-bleu est tourné dans la farine, dans l'œuf battu et enfin dans la chapelure, avant d'être cuit à la poêle.
Même pour la Suisse polyglotte, le mot cordon-bleu n'est pas nécessairement un nom typique pour un plat. Et puis, a-t-on jamais vu un ruban bleu sur une escalope farcie? Explication: le terme cordon-bleu remonte à l'époque du roi de France Henri III. En 1578, il fonde l'Ordre du Saint-Esprit dont le nombre de membres, les Chevaliers, ne doit jamais dépasser 100. La charge de Grand Maître revient au roi.
Le roi remettait l'insigne, la croix de Malte suspendue à un ruban bleu ciel, aux personnes qui s'étaient particulièrement distinguées dans leur domaine. Au 18e siècle, les fastueux banquets qui suivaient la cérémonie de remise de l'ordre, étaient légendaires. Comme l'ordre était décerné à peu de personnes, il était considéré comme une très haute distinction et dans les pays de langue française, le terme cordon-bleu finit par signifier quelque chose de remarquable. Dans le domaine de la cuisine, cordon-bleu est synonyme de bon cuisinier ou bonne cuisinière. A la fin du 19e siècle, alors que l'Ordre est aboli depuis 1830, le mot cordon-bleu figure dans le titre d'un livre de cuisine. Et peu de temps après, une prestigieuse école de cuisine se crée à Paris (où elle existe toujours) et prend le nom de Cordon Bleu.
Une piste qui passe par l'Atlantique nous conduit à un autre ruban bleu: en 1933, le «Bremen», luxueux paquebot de la marine marchande allemande, bat le record de vitesse de la traversée Brême-New York. Son capitaine, Leopold Ziegenbein est récompensé par le Ruban bleu, distinction attribuée lors d'un pareil exploit. Pour fêter l'événement, le commandant demande à son cuisinier, un Suisse romand, de concocter un plat spécial, évidemment avec du fromage! Aussitôt dit aussitôt fait, le cuisinier fourre une escalope de fromage et baptise sa création cordon-bleu. Il avait apporté la recette de Suisse ou de France, c'est en tout cas ce que déclara le chef steward.
Une autre piste nous mène à Brigue, en Valais. Il y a 200 ans, une cuisinière se retrouva un jour devant un sérieux dilemne: elle avait deux fois plus d'invités que prévu. Elle découpa alors 60 escalopes au lieu de 30 dans son carré de porc et garnit les portions avec du jambon cru valaisan et du fromage.
«Vu son immense succès remporté partout, cette escalope mériterait d'être appelée escalope suisse», estime en 1960 le cuisinier suisse et auteur Willy Brenneisen. Quoique le fameux cordon-bleu ne soit pas connu depuis si longtemps que ça. On a beau chercher dans un des premiers livres de Brenneisen paru juste après la Deuxième Guerre mondiale, on ne trouve aucune trace de la recette.
Elisabeth Fülscher, une autre auteure légendaire de livres de cuisine, donne en 1960 la recette de l'«escalope cordon-bleu» qu'elle recommande de servir avec des carottes Vichy (revenues dans le beurre avec du sucre et une brunoise d'oignons) et des petites pommes de terre vapeur ou une salade mêlée. Dès 1970, le cordon-bleu est bien représenté dans le monde sur les cartes des restaurants. Une suggestion de l'époque propose de l'accompagner d'une purée de pommes de terre ou de croquettes et de petits légumes. Nous connaissons surtout la version avec des frites, mais d'autres garnitures sont naturellement possibles.
Egger Ph.