Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 5 avril 2010

Soubey, village sans antenne

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Le maire veut repeupler son village jurassien avec des personnes sensibles aux ondes. Pour y parvenir, il doit supprimer la téléphonie mobile.




«C'est mon dernier téléphone portable. Je ne le remplacerai pas», explique Samuel Oberli. Le maire de Soubey (JU) a répondu au coup de fil du «Matin», mais ce n'est pas un accro du téléphone portable. «Ma facture trimestrielle ne dépasse pas 20 francs.» Pourquoi vouloir supprimer l'antenne fixée sur l'ancienne école quand on n'est pas électrosensible? «Pour attirer une nouvelle population.»

L'idée d'une zone blanche certifiée sans ondes est née chez un collègue du maire, le conseiller municipal Nicolas Barth, qui se définit comme un «électron libre». Pendant six mois, ce fermier aux idées fleuries a hébergé une réfugiée de l'électrosmog qui fuyait les antennes françaises: «Elles sont dix fois plus puissantes que les nôtres», indique Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom.

«Cette dame a retrouvé le sommeil chez nous», rapporte Nicolas Barth. Philosophe mais pas intégriste, ce fermier n'est pas arrosé par l'antenne du village, dans cette vallée encaissée. Mais Nicolas Barth ne boude pas son téléphone fixe et son ordinateur, sans wi-fi mais avec l'ADSL. «C'est parce que je branchais l'électricité de 8 h à 12 h que mon hôte est partie au Maroc.»

4% d'électrosensibles

La dame est partie, mais l'idée a germé: pourquoi ne pas repeupler le village avec les naufragés de la technologie? «Selon les statistiques, 4% de la population suisse sont électrosensibles», s'enthousiasme le maire. C'est plus qu'il n'en faut pour une commune rurale de 158 habitants, dont un tiers de retraités. Village «analogique mais pas numérique» selon son maire, Soubey est pauvre en maisons à vendre mais riche en terrains à bâtir.

Un village sans électrosmog, c'est le rêve pour l'Association romande pour la non-prolifération d'antennes émettrices, dont le téléphone mobile. Les électrosensibles mettront-ils le cap sur Soubey? Contacté par e-mail, leur président, Philippe Hug, refuse de parler à un interlocuteur muni d'un téléphone portable. Il se dit «très gravement affecté» dans sa santé et refuse les appareils sans fil qui lui valent «tant de maux que je ne suis pas près d'en composer un quelconque numéro».

Les autorités ne veulent pas transformer leur commune en sanatorium. Nicolas Barth a d'autres rêves: «On retrouvera le temps de jouer à la pétanque et de boire l'apéro.» Soubey peut devenir un village labélisé, mais la population le veut-elle? Réaction du maire: «C'est justement ce qu'on se disait avec ma copine: les jeunes sont peut-être accros au téléphone...»

Les 13 écoliers font 40 minutes de minibus et l'exode des jeunes n'est pas total. Convaincre des familles qui ont jusqu'à huit enfants ne sera pas une tâche facile. Au final, c'est l'assemblée communale qui décidera du sort de l'antenne. Sauf que les professionnels décèlent déjà des failles...

«Soubey ne pourra pas bloquer les ondes de France Télécom», constate Christian Neuhaus. «Et un privé peut prendre l'antenne Swisscom chez lui», avertit Caroline Sauser, porte-parole de l'Office fédéral de la communication (OFCOM). Pas de quoi décourager le maire Samuel Oberli. Employé à la gare de Glovelier, il veut remettre Soubey sur les rails. En faire un «écovillage»: «Nous ne pouvons compter que sur nous: le seul service public qu'il nous reste, c'est le facteur et la cabine téléphonique.»


Interview de Jérémie Forney, assistant à l'Institut d'ethnologie de Neuchâtel

«On peut faire d'un isolement un avantage»

Comment comprendre la démarche du maire de Soubey?

Pour une commune, c'est d'abord une stratégie de positionnement, comme un label bio. Cette réaction s'inscrit dans un contexte politique de développement régional. Chacun réagit avec ses armes pour se distinguer dans un marché.

Peut-on vivre sans natel?

Pour la population, l'enjeu sera complexe. Derrière un natel, il y a souvent une attente sociale et un enjeu économique. Pas seulement pour les opérateurs, mais pour les utilisateurs: ne pas être atteignable, c'est impensable dans certaines professions. Même à la campagne, les paysans appellent leur vétérinaire depuis leur tracteur.

C'est une utopie?

A Soubey, on ne crée pas un village en partant de zéro. C'est une utopie construite sur une population qui intègre la technologie.

Un retour à la nature est-il une réponse à une surdose de technologie?

Oui, mais ce n'est pas nouveau! Souvenez-vous des soixante-huitards et de leurs chèvres dans le Larzac.

D'autres communes suivront?

Pouvoir s'isoler n'est pas donné à toutes les communes. On ne peut pas s'enfermer dans une bulle, mais on peut tenter de faire d'un isolement un avantage...



Insomnie et cancer

Selon les médecins signataires de l'appel dit «de Freienbach», les rayonnements électromagnétiques «influencent les activités du cerveau, modifient la formule sanguine, occasionnent des dégâts sur le facteur héréditaire, modifient la barrière hématoencéphalique et peuvent accélérer le développement d'un cancer». Maux de tête? Insomnie? La Française réfugiée à Soubey pesait 38 kilos, mais la relation de cause à effet n'est pas prouvée.

Les téléphones et leurs antennes ont une puissance limitée et ces appareils ne sont pas seuls en cause. A l'OFCOM, Caroline Sauser évoque les ondes diffusées par les micro-ondes et les ampoules économiques. Mais c'est un autre combat pour le maire de Soubey...

Egger Ph.