Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 18 août 2010

Les chômeurs à l’essoreuse

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Autour de la révision de l’assurance-chômage et de la course au Conseil fédéral, un drôle de climat semble s’installer, qui voit les grands fauves croquer généreusement du petit poisson.

Ainsi donc les chômeurs vont passer à l’essoreuse. Du moins en cas de oui, le 26 septembre prochain, à la réforme de l’assurance-chômage.

Un catalogue d’économies, cette révision, qui rogne partout où c’est possible, et tout ce qui peut l’être, avec une imagination qu’on aimerait voir plus souvent à l’œuvre au sein de la classe politique. Mais que ces messieurs-dames en leur coupole d’ivoire ne semblent retrouver curieusement que lorsqu’il s’agit de ponctionner la moelle vive du citoyen.

Au total 622 millions de récupérés, pompés essentiellement sur le dos des jeunes en recherche d’emploi et des salariés. Notons que la seule mesure qui soit annoncée comme temporaire et devrait être supprimée sitôt résorbé le gouffre de l’assurance-chômage, concerne — mais c’est sans doute un fantastique hasard — le 1% de solidarité imposé aux plus hauts revenus (à partir de 126′000 francs). Pour les autres, l’austérité et les saignées doivent être considérées probablement comme éternels.

Notons aussi que cela aurait pu être plus gratiné encore, si le parlement avait suivi les propositions d’un certain Johann Schneider Ammann, acoquiné certes sur ce coup avec quelques pontes UDC, mais surtout candidat aujourd’hui à la succession de Hans–Rudolf Merz. Un candidat pour lequel, comme on sait, une gauche sans cervelle ni mémoire semble tentée de voter. Ses propositions visaient entre autres à instaurer un délai d’attente d’une année pour un jeune ayant terminé sa formation avant de pouvoir bénéficier du soutien de l’assurance-chômage.

Peu importe, le PS préfère un pur lobbyiste de l’économie à la sauce patronale plutôt qu’une sécuritaire comme Karin Keller-Sutter, alors que la sécurité, historiquement, est une valeur, mieux une invention de gauche.

On sent bien pourtant l’idée qu’il y a derrière toutes ces mesures visant à restreindre les prestations et allonger les délais pour les obtenir: qu’un jeune chômeur par définition ne peut être qu’un tir au cul. C’est le même état d’esprit, la même équation, le même manque total d’imagination tout à coup, qui veut qu’un étranger à l’AI ne puisse être, par définition, qu’un simulateur.

Dans un tel climat, juste une petite fausse note, rien, de grave. Un couac qui émane de la dernière pouliche à avoir pris position sur la ligne de départ de la course au Conseil fédéral. A savoir la ministre bâloise des finances, la socialiste Eva Herzog. Déjà que ses chances sont considérées comme de l’ordre de la nano probabilité, elle n’a fait, en plus, lors de sa première interview de candidate, qu’agiter de vieux chiffons rougeoyants propres à réveiller le conformisme des taureaux obtus du parlement .

Madame Herzog avoue en effet ce qui ne peut être, certainement, qu’une erreur de jeunesse: un peu d’activisme dans les Magasins du monde. Sauf qu’elle persiste dans l’hérésie, l’outrage au rutilant catéchisme néolibéral. La dame reconnaît «accorder une grande importance à la défense du secteur publique», puis prôner «la prudence en matière de libre concurrence» et enfin être opposée «à une concurrence fiscale excessive entre les cantons».

Enfin, cerise sur le Läkerli, Madame Herzog estime qu’une «société se mesure à sa capacité à défendre les plus faibles». Incroyable d’anachronisme, n’est-ce pas? A se demander si la candidate s’est bien rendu compte du monde dans lequel elle vit et surtout de la nature de l’aquarium décomplexé où elle entend venir patauger.

Relevons à ce propos la saillie de Pascal Couchepin, à rebours de son cher Valais, si natal et si profond, plaidant tout à coup le loup. Solidarité de grands prédateurs?

Nicolas Martin