Le Conseil fédéral ambitionne de réduire d'un quart le nombre de victimes de la route. Pour cela, il entend soumettre les usagers à de nouveaux tours de vis. Mais sans investir un centime de plus. Décidé en 2002 déjà, le programme «Via sicura» est désormais en main du parlement. On y trouve une quarantaine de mesures touchant aux chauffards, au taux d'alcoolémie, à l'obligation d'allumer les phares même de jour ou de porter un casque, pour les cyclistes jusqu'à 14 ans. Opposé à cette dernière mesure, le TCS parle toutefois d'un «catalogue de bonnes intentions». Pour Moritz Leuenberger, «la lutte valait la peine».
Les accidents de la circulation ont fait 349 morts et 4708 blessés graves l'an passé en Suisse. Avec son projet Via sicura, confirmé hier, le Conseil fédéral ambitionne de réduire d'un quart le nombre de victimes de la route. Après dix ans de débats passionnés, il soumet enfin au parlement un paquet d'une quarantaine de mesures mariant répression et prévention. Un paquet, surtout, qui ne doit pas coûter un centime de plus à la Confédération. Tour d'horizon des principaux changements à venir.chauffards En cas de délit grave, le véhicule d'un chauffard pourra être confisqué et revendu, voire détruit. Lors d'excès de vitesse ou d'alcool (plus de 1,6 pour mille) importants, un examen médical et/ou psychologique sera ordonné pour déterminer si la personne est apte à la conduite. Un conducteur s'étant fait retirer son permis pour 12 mois au moins pour excès de vitesse ne pourra quant à lui retrouver le volant que s'il équipe son véhicule d'une boîte noire durant les cinq années suivantes. Enfin, dans les cas graves d'alcool au volant, les personnes condamnées ne reprendront la route qu'après une thérapie et l'installation sur leur voiture, et pour cinq ans, d'un éthylomètre qui empêchera le démarrage s'il mesure un taux supérieur à 0,5 pour mille. Association de défense des victimes de la route, RoadCross saluait hier ce volet répressif.alcool Le taux d'alcoolémie sera fixé à 0,1 pour mille pour les personnes ayant un permis à l'essai (soit depuis moins de trois ans), ainsi que pour les chauffeurs de camion et de bus.permis Désormais, le permis de conduire ne sera valable que jusqu'à 50 ans.
Par la suite, il sera prolongé de dix ans en dix ans à condition que le conducteur passe avec succès un examen de la vue. Le Touring-Club Suisse (TCS) approuve, pour autant que les tests de vue soient proposés à un prix abordable.seniors Pour continuer à rouler, les 70 ans et plus devront, comme aujourd'hui, effectuer une visite médicale tous les deux ans. Directeur de l'Office fédéral des routes, Rudolf Dieterle veut cependant «améliorer la qualité des examens d'aptitude à la conduite» effectués par les médecins de famille pour que «seules les personnes qui en sont capables prennent le volant».casque obligatoire La mesure s'appliquera aux cyclistes de moins de 14 ans. Le TCS la juge «inapplicable». Pro Velo estime que sept jeunes sur dix portent déjà le casque. Pour les autres, son président Jean-François Steiert aurait préféré «miser sur la persuasion». Et pourquoi pas le casque également pour les adultes? «On m'a dit que ces casques étaient si laids que l'attrait pour la bicyclette diminuerait si je les rendais obligatoires», explique Moritz Leuenberger. Par contre, il faudra un casque pour conduire un vélo électrique. Enfin, avant l'âge de 7 ans, plus question pour les enfants de rouler à vélo sur la route.radars Les annonces commerciales de radar seront interdites. Déjà en vigueur à la radio, l'interdiction est étendue à internet et aux systèmes de navigation. Mais ces annonces n'ont-elles pas une vertu de prévention? Au contraire, estime Moritz Leuenberger: sitôt passé le radar, les automobilistes appuient sur le champignon.Autres mesures A signaler encore que les voitures devront rouler phares allumés le jour aussi. L'éthylomètre aura désormais valeur de preuve, et n'aura plus besoin d'être doublé d'une prise de sang. Enfin, si l'auteur d'une infraction n'a pu être retrouvé, c'est le propriétaire du véhicule qui devra payer l'amende.points noirs Dernier point fort de Via sicura: le Conseil fédéral vise à éliminer les tronçons dangereux sur les routes. Mais pour ce faire, il ne dépensera pas plus que les 200 millions de francs déjà versés chaque année aux cantons pour l'entretien des routes. Une pingrerie largement dénoncée hier et qui constitue le... point noir de son paquet.
Serge GUMY