Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 10 novembre 2010

Je pue mais je sauve la planète : enquête sur la douche pas écolo

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Se priver de sa douche quotidienne, un grand progrès pour l'humanité. C'est ce que tente de nous faire avaler le New York Times, média de référence dans le pays des deux salles de bains minimum. Comme si les Français avaient besoin de ça. Alors que la moitié de l'humanité n'a pas accès aux commodités de base, prétendre que ne plus se laver est du dernier chic, voilà qui va encore faire passer les écolos pour de sombres bouseux privilégiés donneurs de leçons.

Sur le papier, les « unwashed » ont tout compris

Ne pas se laver ne veut pas dire puer

L'enquête sur les « unwashed » (pas lavés), qui a beaucoup fait parler d'elle jusqu'en Europe, valorise les méthodes économes en eau pour ne pas sentir mauvais. Car il ne s'agit pas de gêner ses collègues.

La gérante d'une société de cosmétique bio explique ne pas prendre « plus de trois douches par semaine » et livre ses secrets pour ne jamais devenir une nuisance olfactive :

•un coup de savon sous les aisselles, entre les jambes et sous les pieds ;
•une tranche de citron sous le bras en guise de déodorant.
Trop se laver est mauvais pour la peau

Le quotidien américain cite le livre « The Dirt on Clean : An Unsanitized History », de Katherine Ashenburg, un plaidoyer populaire en faveur d'une hygiène « à la Française » (c'est-à-dire pour se laver moins).

Le livre remarque à juste titre que le temps où l'on travaillait tous à la ferme est révolu. C'est un des paradoxes de la vie moderne de se laver autant alors qu'on n'a jamais eu aussi peu besoin de le faire.

Et qu'on ne se plaigne pas d'être plus vulnérables aux bactéries, ou d'avoir la peau trop sèche, ou de plus en plus d'eczéma. A force de trop l'astiquer, la peau ne joue plus son rôle protecteur, rappellent les dermatologues.

Ne pas céder au lobby de l'industrie cosmétique

Si l'on se lave autant, c'est pour le plaisir d'utiliser le gel douche qui nous fera ressembler à cette jolie blonde à la télé… Coupez la pub et l'envie de douche disparaîtra, nous explique en substance le quotidien new-yorkais.

Les marques écolos ont d'ailleurs bien compris que l'eau est le bien mondial le plus précieux à notre survie et proposent des shampooings secs dont les ventes explosent.

Oui, mais dans la vraie vie, ce beau discours prend-il ?

Peu de « pratiques économes » dans la salle d'eau

Depuis la Caroline du Nord où elle vit, Hélène Crié, notre « American Ecolo », nous dit n'avoir :

« JAMAIS vu le moindre papier, ni forum, ni débat sur ce sujet dans les blogs et sites d'info écolos que je suis.

Ça ne peut pas être encore une vraie tendance de masse, sans quoi j'en aurais entendu parler au moins par ma belle-fille, 19 ans, qui est à fond sur ce genre de trucs. »

Les Britanniques se lavent-ils peu ?

Le Guardian de Londres a rebondi sur l'idée new-yorkaise avec un article titré « Pourriez-vous renoncer à vous laver ? » Des écolos y racontent qu'en se limitant à deux douches par semaine, on peut facilement diviser sa consommation d'eau par cinq (de 100 à 20 litres d'eau par jour).

A l'appui de cette tendance, une étude réalisée par la société de mouchoirs en papier SCA en 2008, année internationale de l'hygiène -et oui, ça vous avait échappé ? Un questionnaire a été soumis, sur Internet à un peu moins de 5 000 personnes dans dix pays.

Il en ressort que 41% des hommes britanniques et 33% des femmes ne se lavent pas tous les jours, et 12% des gens ne se font une toilette complète qu'une fois par semaine. Les Britanniques seraient moins accrocs à la douche que les Australiens et les Français.

Mais que penser d'une enquête qui affirme que 89% des Mexicains prennent une douche « au moins une fois par jour » et que l'on se lave plus souvent les mains avant de passer à table en Chine qu'en Suède ? Comme souvent, les sondages sur Internet ont du mal à rencontrer « l'échantillon représentatif ».

Les Belges, toute une vie sous la douche ?

L'enquête menée pour les sanitaires Grohe en Belgique est tout aussi peu fiable que celle de SCA, mais beaucoup plus amusante. Un millier de personnes (Wallons et Flamands à égalité) ont répondu sur Internet en 2007.

Entre autres choses passionnantes, on apprend que les femmes se douchent plutôt après avoir fait l'amour (18,8%) et les hommes avant (18,9%). Seuls 51% des Belges prendraient une douche tous les jours et 3% jamais -jamais ? Et les Wallons se douchent « plus souvent quotidiennement que les Flamands, respectivement 59% contre 46% ».

Le temps moyen sous la douche serait de 8,4 minutes mais pourrait dépasser 14 minutes dans le cas d'une douche « pour se détendre, surtout pour les femmes ». Quant à savoir à quoi d'autre qu'à se laver les Belges s'occupent sous la douche, voici les détails complets.

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Et comme les Belges sont voyants, ils nous disent même à quoi les sondés pensent sous la douche, avec le détail par sexe. « Et là le cliché se vérifie », nous dit le sondage.











Bon, maintenant que l'on a bien ri, passons aux choses sérieuses.

Un sondage Ipsos de 2006 nous apprend que les trois quarts des Français privilégient la douche au bain et que la durée moyenne passée sous la douche matinale est de 10 minutes, un chiffre stable entre 1997 et 2008.

Le meilleur moyen de connaître le comportement de consommation des Français dans le détail est encore d'interroger le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), qui a mené l'an dernier une grande étude sur « la consommation d'énergie des ménages ».

L'institut public a compilé des chiffres à notre demande, voici ce que ça donne :

•Le pourcentage de Français prenant une douche quotidiennement dépend nettement de l'âge : ils sont 95% parmi les moins de 35 ans mais seulement 43% chez les plus de 75 ans.
•Le pourcentage de la population limitant la durée de ses bains/douches varie en fonction de la taille de la commune : les ruraux (vivant dans des communes de moins de 2 000 ménages) se sentent concernés à 73%, mais les urbains (vivant dans villes de plus de 80 000 ménages) ne sont que 59%.
Romain Picard, chargé d'études au Credoc met en garde contre les déclarations des sondés sur un sujet pareil :

« A moins de mettre des caméras dans les salles de bains, on ne saura pas combien de temps les gens restent sous la douche. »

L'enquête qualitative révèle en tous cas que :

« En dépit d'une sensibilité écologique croissante, les comportements des ménages ne sont pas orientés vers des pratiques économes. »

Mais s'ils se mettent à lire le New-York Times, et qu'on installe une caméra dans leur douche, ils s'y mettront peut-être.

Sophie Verney-Caillat