En plein réchauffement climatique !?!, les citadins l'adoptent en masse et ressemblent à des explorateurs polaires. Mais quelle est l’histoire de ce vêtement? Où et quand est-il né? Flashback.
Nous voici en plein revival 80 avec plusieurs grandes marques qui ressortent leur doudoune pour cette saison hivernale. Ainsi, Chevignon réédite sa célèbre «Togs Unlimited» avec son canard sur le dos. Devenues accessoires indispensables, les doudounes noires ou pinky se promènent sur les épaules de Marion Cotillard, Rihanna, Kylie Minogue, Sarah Jessica Parker mais aussi sur celles de Julian Assange.
Souvent cantonnée aux pistes enneigées, la doudoune de nouvelle génération se fait citadine et chic. Classique, vintage, preppy ou techno-pop, laquelle est la vôtre? Les adeptes du bling-bling trouvent ce qu’il leur faut avec la Rolls, dorée et ornée de fourrure, Pyrenex d’Alexis Mabile.
Grâce à des modèles bien coupés, la crainte d’être confondu avec un bonhomme Michelin a disparu. Demeurent les avantages de cette veste qui remplace agréablement un manteau: chaleur, légèreté et confort. A Lausanne, on la lâche pour assister au festival éponyme.
Au Québec, le marketing s’en est aussi saisi. On encourage les clubbers à l’enfiler pour se rendre au Carnaval. Pas en reste, les Belges ont lancé le 26 novembre dernier la Journée de la doudoune.
Mais quelle est l’origine de ce vêtement? En Amérique, on en attribue la paternité à un Allemand installé en 1947 à Aspen dans les Montagnes Rocheuses. Klaus Obermeyer, ingénieur en aéronautique (il travaillait chez Messerschmitt), aujourd’hui âgé de 91 ans, a participé à la métamorphose de cette ancienne ville minière en une station de ski mondaine.
«Il y avait ici quelques maisons en ruine et davantage de chiens que d’humains. Mais une neige de rêve», se souvient-il. «Champagne Powder», une neige poudreuse aussi fine que des bulles de champagne. A l’époque, seuls quelques GI’s de retour d’Europe avaient quelques notions de ski. Le champion allemand ouvre une école de ski et se donne comme objectif de faire découvrir à la «high society» américaine les joies de la neige.
Arrivés en haut des skilift, les nouveaux hôtes étaient congelés tant il faisait froid. Ils ne pouvaient que difficilement se mouvoir et ne remontaient pas une seconde fois. «Avec ça, je ne gagnais rien», commente Obermeyer qui pense alors au duvet que sa mère avait pris soin de mettre dans son coffre de voyage. Et le voilà qui découpe sa parure de lit pour la convertir en une veste matelassée. Une réussite! Elle parvenait à merveille à préserver du froid, «mais des semaines plus tard, j’avais encore des plumes au petit déjeuner», plaisante l’astucieux couturier.
Aussitôt, 75 pièces sont commandées à une fabrique de duvets de Munich et vendues 250 dollars. Des milliers d’autres n’allaient pas tarder à suivre. Aucun brevet n’a été déposé. «Seul m’importait le fait que mes clients n’aient plus froid», explique l’inventeur.
En France, on semble ignorer ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique. On attribue la paternité de la doudoune à la marque Moncler, fondée en 1952 à Monestier-de-Clermont (Mon-Cler), près de Grenoble, par René Ramillon et André Vincent, qui se lancent dans l’équipement technique pour la montagne. Deux ans plus tard, leur ami Lionel Terray, le célèbre himalayiste, développe la doudoune, présentée alors comme la première veste de ce type.
Moncler habillera par la suite l’équipe de France lors des Jeux olympiques de Grenoble en 1968 et adopte le coq pour emblème. Au début des années 80, la doudoune Moncler quitte une première fois les pistes pour la rue et fait un tabac. Dans les années 90, retour de flamme, la doudoune se porte mal, l’entreprise est acquise par le groupe italien Fin Part, qui se frotte aujourd’hui les mains avec les modèles Moncler devenus vêtements des stars.
Difficile de recourir à un test ADN pour connaître le vrai père de la doudoune. La paternité des fuseaux, elle, n’est pas contestée. On les doit à Armand Aallard et Emile Allais, le champion de ski. On fête cette année leurs 80 ans…
Mais c’est une autre histoire.
Geneviève Grimm-Gobat