Alors qu'une mauvaise hygiène dentaire augmente les risques de maladies cardiovasculaires, trop se brosser les dents provoquerait des cancers, selon une nouvelle étude. Que faut-il en conclure?
«Et n’oublie pas de te brosser les dents!». Nos parents nous ont bombardés avec cette injonction que l’on serine à notre tour à nos enfants.
Trois minutes de brossage ont longtemps constitué la panacée. Puis des conseils très précis quant à la technique la plus efficace ont été diffusés. Tout un chacun semblait avoir enfin abandonné mouvements horizontaux contre-productifs et brosses inappropriées au profit de mouvements verticaux appliqués avec une brosse à la dureté requise, ceci complété par l’usage d’un fil dentaire. Les hygiénistes dentaires commençaient à récolter les fruits de leur travail. Et voilà que surgit un questionnement totalement inattendu et déconcertant.
La question du «comment se brosser les dents» laisse place à celle du «combien de fois par jour».
L’été dernier, nous apprenions que le risque de développer une maladie cardiovasculaire augmente de 70% chez les personnes qui négligent leur hygiène dentaire. Des chercheurs de l’University College of London publiaient alors dans le British Medical Journal les résultats d’une étude portant sur un échantillon de 11′869 personnes. Son but: examiner les liens entre la fréquence auto déclarée de brossage dentaire et l’apparition de maladies cardiovasculaires.
Durant les 8 ans du suivi, 555 accidents cardiovasculaires, dont 170 fatals, sont survenus. Or, les personnes qui déclaraient se brosser les dents moins de deux fois par jour étaient sensiblement surreprésentées au sein de ces victimes. Depuis la publication de cette étude, ceux qui en avaient pris connaissance redoublaient de zèle à l’heure du nettoyage des dents. Mais, après quelques mois seulement, patatras! C’est une autre publication scientifique qui suscite l’affolement.
Le brossage des dents pourrait s’avérer dangereux pour la santé. Des chercheurs du Département de biochimie de l’Université de Lausanne (UNIL) ainsi que de l’Université d’Orléans (F) et du Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) auraient démontré que les nanoparticules contenues dans les dentifrices risquent de provoquer des cancers. Les nanoparticules de dioxyde de titane, par exemple, l’un des nanomatériaux très répandus dans la composition des cosmétiques et des dentifrices, produisent des effets inflammatoires similaires à ceux de l’amiante dans les poumons.
«Nos données suggèrent que le nano-TiO2 devrait être utilisé avec une plus grande prudence qu’il ne l’est actuellement», estime Jürg Tschopp, l’auteur principal de l’étude. Dans leur conclusion, les chercheurs relèvent qu’ils disposent maintenant de données scientifiques de bonne qualité et que, désormais, c’est une question politique. «Il y a déjà des commissions dans plusieurs pays qui réfléchissent aux mesures à prendre», précise le rapport.
Parmi les personnes exposées à d’importantes concentrations de ces nanoparticules se trouvent les enfants qui, entre 2 et 4 ans, avalent 50% du dentifrice, puis 30% entre 4 et 6 ans. Ils pourraient s’en tenir à deux brossages quotidiens, estiment certaines voix.
Difficile de ne pas avoir une dent contre toutes ces publications qui ne font que confirmer que le fait d’être en vie s’avère particulièrement dangereux.
Geneviève Grimm-Gobat