Le mécanisme de la leishmaniose, une maladie particulièrement défigurante, a été en partie élucidé
La leishmaniose muco-cutanée cause d’impressionnantes lésions de la face. Il s’agit de la forme la plus mutilante de la leishmaniose, une maladie parasitaire très répandue en milieu tropical. D’après des travaux de chercheurs lausannois publiés aujourd’hui dans Science, son déclenchement serait dû non pas au parasite lui-même mais à l’action d’un virus porté par celui-ci.
Touchant près de 12 millions de personnes, la leishmaniose est la deuxième maladie parasitaire mondiale derrière le paludisme. Elle est provoquée par la piqûre d’une «mouche des sables» véhiculant un parasite du genre Leishmania. La forme la plus courante de la leishmaniose est sa forme cutanée dont la plupart des individus guérissent. Cependant, dans 10% des cas, cette pathologie donne lieu après plusieurs années au développement de la leishmaniose muco-cutanée, dont les ulcères atteignent le visage.
Voyage parasitaire
L’origine de cette évolution, jusqu’à présent inconnue, vient d’être identifiée par une équipe associant des scientifiques américains et suisses. En étudiant des souches colombiennes de Leishmania guyanensis, les chercheurs ont montré que le coupable était un virus, appelé LRV1, hébergé par le parasite.
«Au contact du système immunitaire de l’hôte, le parasite est en grande partie détruit, explique Nicolas Fasel du Département de biochimie de l’Université de Lausanne. Ce qui a pour effet de libérer le LVR1. Ce dernier provoque alors une inflammation des tissus bénéfique aux parasites restants: elle leur permet de se déplacer jusqu’au niveau de la bouche et du nez.»
Ce résultat devrait permettre à terme d’identifier les personnes susceptibles de développer la leishmaniose muco-cutanée et de mieux les prendre en charge, grâce à l’emploi notamment de traitements anti-inflammatoires.
Caroline Depecker