Pour ses 25 ans d’existence, le RC Fribourg s’offre un joli cadeau: le titre de champion de ligue B et la promotion en ligue A. Le tout avec un effectif composé de jeunes joueurs dont les trois quarts ont été formés au club. La saison prochaine, le RCF visera le milieu du classement tout en gardant la même philosophie.
RUGBY-CLUB FRIBOURG
Ancien joueur d’un club dont il est aujourd’hui le président, Mario Aiello était déjà là il y a 25 ans lorsque le Rugby-Club Fribourg marquait l’essai inaugurant son histoire. Ensuite, il y eut une première incursion en ligue A lors de la saison 1995/96. Puis, trois saisons de collaboration jouées sous le bannière de l’Entente Berne-Fribourg (de 1998 à 2000, les deux dernières en ligue A). «Mais l’Entente a été dissoute et on est reparti depuis la ligue C», rappelle Aiello. Mieux structuré, plus mature, le RCF est, aujourd’hui, prêt pour son grand retour en ligue A.
La promotion
«Cette saison, on gagne 14 matches sur 18 disputés. Même si on est encore une équipe jeune, on a mûri et progressé», affirme Thierry de Roche, le capitaine du XV fribourgeois. Si le RCF se retrouve en ligue A, c’est parce qu’il a remporté le saison régulière. Seule la finale des play-off, perdue 11-6 face au Lausanne UC, lui a échappé. «Cette saison, le but était la promotion. Les joueurs en avaient décidé ainsi lors de leur assemblée», explique l’entraîneur Serge Mabboux. «On aurait bien aimé tout ramasser mais, une fois la promotion acquise, c’était dur de remotiver les gars pour la finale des play-off. Reste que le contrat est rempli.»
La ligue A
Samedi, le RCF a eu un avant-goût ce qui l’attend la saison prochaine. En quart de finale de la Coupe de Suisse, le XV du Guintzet a affronté Hermance, le 6e de ligue A, une équipe ayant participé au tour final pour le titre. Surpris en début de partie (0-13), les Fribourgeois se sont ensuite rebiffés au point de faire jeu égal avec une équipe genevoise habile à gérer son acquis (score final 5-23). «On a pris ça comme un match-test. Peut-être a-t-on été un peu trop gourmands, mais on n’a jamais été honteux», estime Serge Mabboux. Dans une ligue A qui passe de huit à dix équipes, le RCF aura-t-il sa place? «Oui, on peut viser le milieu du classement», estime Mabboux. «Pour y parvenir, on va devoir prendre du muscle afin de développer davantage de puissance. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’explosivité et du dynamisme qui sont nos grandes forces.» Le RCF a déjà été approché par quelques joueurs de Berne et de Lausanne intéressés à défendre les couleurs du XV local. «Ce sont de jeunes joueurs qui sont très liés avec les nôtres. Par contre, on ne veut pas de vedettes sur lesquelles seraient braqués les projecteurs», avertit l’entraîneur.
La formation
Parler du RCF, c’est aussi évoquer son école de rugby. «J’ai commencé le rugby il y a 7 ans, à l’école du RCF. Dans l’équipe, les trois quarts des joueurs actuels ont suivi le même chemin», remarque le capitaine Thierry de Roche (23 ans), domicilié à Guschelmuth près de Morat. «On est une équipe de jeunes qui a grandi ensemble. C’est pour ça que l’ambiance est unique à Fribourg. Quand je suis arrivé ici, cela m’a tout de suite pris le coeur et les tripes.» Chapeautée par Patrick Minder, l’école de rugby du RCF compte environ 45 enfants âgés de 7 à 12 ans. «On propose également aux jeunes de venir tester le rugby pendant un mois. Presque tous ceux qui y goûtent restent chez nous», sourit Mario Aiello. Pour le reste, le RCF s’est rapproché des clubs de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds afin d’aligner en championnat une équipe chez les cadets et une autre chez les juniors. Ce fut le cas cette saison. Autre type de formation: la création d’une équipe de réservistes, une exigence pour tous les clubs évoluant en ligue A. «On a une année pour la mettre en place. L’idée est de faire un panachage entre vieux briscards et jeunes», expose Serge Mabboux. «Dans un premier temps, cette «réserve» suivrait systématiquement l’équipe de ligue A. Une fois bien rodée, on pourrait alors l’inscrire en 1re ligue.»
Les blessures
Samedi, le RCF était amputé d’un tiers de son effectif au moment d’affronter Hermance. Les blessures, c’est un lourd tribut à payer à un sport de contact. Epaules, chevilles et genoux sont les endroits les plus exposés. «On doit accentuer notre travail de préparation physique. Dans ce secteur, on n’est pas encore à la hauteur», reconnaît Serge Mabboux. «En rugby, l’infirmerie d’une équipe n’est jamais vide. Les bons joueurs sont assez vite repérés et «visés» avec des contacts plus durs. J’aimerais que l’on mette en place un staff médical pour assurer le suivi des blessés.»
Le budget
Au RCF, tout le monde est, évidemment, à 100% amateur. «On tourne avec un budget de 30000 francs. On trouve de petits sponsors, mais les grands manquent cruellement», constate le président Mario Aiello. Pour la saison 2011/12, le RCF table sur un budget en augmentation de 10 à 15%. Et ne désespère pas de convaincre la ville de Fribourg d’installer une petite tribune aux abords de «son» terrain. Pour ce retour en ligue A, Aiello parle volontiers de «consolidation des acquis sur deux ou trois ans et d’un travail dans la continuité.»
Les valeurs
Serge Mabboux n’est pas qu’un entraîneur. Il est aussi un ardent défenseur des valeurs chères au RCF. «Même nos supporters ont compris ces valeurs: le don de soi, la camaraderie, le courage, la franchise», énumère-t-il. «Ce sont des valeurs que l’on retrouve dans la vie de tous les jours et qui sont acquises très vite grâce à l’école de rugby. Il n’y a donc pas trop à répéter…», se marre-t-il. «En fait, on a la réputation d’être une équipe de «sécateurs» parce qu’on est bon au plaquage et en défense. Pour atteindre ce but, personne ne peut se cacher. Et il est nécessaire de se sacrifier pour l’autre afin d’obtenir un résultat collectif. En fait, on essaie d’exprimer nos valeurs dans notre façon de jouer. C’est pour ça que je suis fier de ce club. Je ne voudrais appartenir à aucun autre.» Samedi, les joueurs d’Hermance et le trio arbitral ont défilé au-milieu d’une haie d’honneur formée par les joueurs du RCF. Comme après chaque rencontre. Le rugby, c’est aussi ça.
STEFANO LURATI