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mercredi 28 décembre 2011

L’industrie suisse découvre l’infiniment petit

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Des vêtements Levi's et des crèmes solaires intègrent désormais des nanotechnologies, grâce à des PME suisses.

Les jeans Levi’s se mettent au nanotech made in Switzerland. Depuis avril 2011, leur ligne de vêtements pour cyclistes intègre «Nanosphere», une technologie propriétaire du fabricant de tissus helvétique Schoeller. Elle reproduit l’effet «lotus»: l’eau perle à la surface du jeans, glisse dessus sans y pénétrer et emporte avec elle la saleté.

Ce débouché commercial illustre parfaitement comment le nanotech développe son marché: en se faisant une petite niche dans une industrie déjà existante. Les premières applications mûres des nanotechnologies se trouvent essentiellement dans le domaine des matériaux (composites, émulsions) et du traitement de surface. Un nombre croissant d’entreprises suisses — le plus souvent des PME — ont franchi le pas.

Depuis quelques années, Spirig Pharma (à Egerkingen, SO) vend des crèmes solaires contenant des nanoparticules d’oxyde de titane. Les cannes de hockey de Composites Busch (à Porrentruy, JU) sont réalisées à partir d’une résine qui incorpore des nanoparticules et sont produites par la division bâloise de Huntsmann. Les cadres des vélos BMC (à Granges, SO) intégraient des nanotubes de carbone entre 2006 et 2010, mais l’entreprise s’est aujourd’hui tournée vers une autre technologie car la concurrence l’a entretemps copiée.

Bien sûr, on est encore loin des promesses vertigineuses faites par les futurologues (des nano-robots aux matériaux intelligents en passant par des machines moléculaires). Mais ces exemples montrent comment des PME peuvent concrètement développer des marchés grâce au nano. Des entreprises suisses se glissent désormais dans toutes les étapes de la chaîne de production: vente de machines de fabrication de nanoparticules (Frewitt), commercialisation des matériaux intermédiaires (Bühler Group, Adval Tech), fabrication de produis finis (Spirig, Schoeller, Heiq) sans oublier des instruments de mesure pour le service qualité (Nanosurf).

Loin d’être mature, le marché des nanotechnologies est cependant encore en train de se définir. Le fabricant fribourgeois de moulins industriels Frewitt a par exemple récemment développé un système mécanique capable de produire des nanoparticules, mais n’a pas encore reçu de commandes fermes. «Nous avons eu des demandes de la part de la pharma et de la chimie, mais devons encore trouver notre marché, confie le directeur Charles Phillot. Il s’agit d’une industrie naissante, qui n’a encore pas de tradition bien définie.»

Relier recherche et PME

Pays à la pointe de la recherche fondamentale (lire ci-dessous), la Suisse a compris le besoin de favoriser le transfert de connaissances. Une multitude de plateformes soutenues par les hautes écoles et les offices de promotion économique s’activent désormais à faire le pont entre recherche appliquée et industrie. Ce soutien est d’autant plus important que «le nanotech ne constitue pas une branche à proprement parler mais rassemble des outils qui peuvent soutenir des techniques existantes pour créer de nouveaux processus innovants, explique Marc Pauchard, responsable du transfert de technologie à l’Institut Adolphe Merkle de Fribourg. Nos études de marché ont montré que pratiquement tous les secteurs peuvent en profiter. C’est aux entreprises de se montrer créatrices et de découvrir ce que le nano peut faire pour elles.»

A Bâle, la plateforme i-net Basel Nano a développé une méthodologie pour identifier de manière systématique les PME susceptibles d’être intéressées par ces nouvelles technologies. «Nous en avons trouvé plus de mille dans la Suisse du Nord-Ouest, note son directeur Wolf Zinkl. Elles doivent nécessairement être prêtes à collaborer avec les instituts de recherche, car les solutions toutes prêtes n’existent pas. Mais la barrière n’est pas si grande: pour entrer dans le nano, 50′000 francs suffisent parfois.»

Gros budgets

La recherche suisse en nanosciences s’est hissée au premier plan mondial et veut y rester. Les moyens financiers suivent.

90 millions de francs: le coût du nouveau centre de recherche IBM/EPFZ à Rüschlikon (ZH) qui met à disposition des laboratoires «flottants» insensible aux vibrations

140 millions: le financement du Pôle de recherche national «Nanosciences» coordonné par l’Université de Bâle depuis 2004

120 millions: le budget de l’initiative fédérale Nano-tera de recherche sur des capteurs basés sur la nanotechnologie

100 millions: le don en 2007 de l’industriel Adolphe Merkle pour la création à l’Université de Fribourg d’un institut de recherche sur les nanosciences.

Daniel Saraga