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mercredi 25 janvier 2012

La sortie de l’atome a bon dos

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Les grands groupes électriques voient leurs bénéfices chuter. La décision sur l’abandon progressif de l’énergie atomique n’y est pas pour grand-chose.

Le bénéfice des grandes sociétés d’électricité est en chute libre. Elles annoncent toutes de vastes programmes de restructuration et de réduction des effectifs. Premier à sortir du bois, le groupe Axpo mettait l’accent lundi sur la catastrophe de Fukushima et le changement de cap énergétique qui en résulte, en sus des problèmes posés par la turbulence des marchés financiers. Pourtant, la sortie progressive du nucléaire qui a été décidée par le Conseil fédéral et avalisée par le parlement ne peut pas être tenue pour responsable de ces mauvais résultats. Les cinq centrales nucléaires suisses fonctionnent comme si de rien n’était. Si le calendrier initial est maintenu, la sortie effective du nucléaire commencera en 2019 avec la mise hors service de Beznau I. Le processus devrait ensuite se poursuivre ensuite jusqu’en 2034.

Pour le conseiller national Roger Nordmann (ps/VD), les groupes électriques se cachent derrière la sortie du nucléaire pour justifier leurs erreurs de gestion. «Fukushima a bon dos. Preuve en est que les suppressions d’emploi annoncées ne concernent pas les centrales nucléaires mais le négoce de l’électricité.» L’écologiste vaudois Christian Van Singer note que le nucléaire ne compte que pour 30 millions de francs dans la chute du bénéfice d’Axpo de 409 à 45 millions. «Il s’agit du montant investi à perte pour les études préliminaires sur de nouvelles centrales.»

Aujourd’hui, Axpo a renoncé à ces centrales de remplacement, mais l’énergie nucléaire, c’est un peu comme la demande d’adhésion à l’Union européenne. Plus personne n’y croit, mais les sociétés électriques concernées se contentent de geler la demande d’autorisation qu’elles ont déposées. Axpo, Alpiq et FMB, qui s’étaient entendues fin 2010 pour construire deux nouvelles centrales, estiment qu’il n’y a pas lieu de retirer les demandes pendantes. «Ce n’est pas une priorité, affirme la porte-parole du groupe Axpo, Daniela Biedermann.


«Nostalgiques du nucléaire»

Chez Alpiq, ce n’est pas non plus à l’ordre du jour. «Nous attendons la procédure de consultation sur la nouvelle politique énergétique pour avoir une meilleure vision d’ensemble», indique la porte-parole Christel Varone. Commentaire de Roger Nordmann: «Ce sont des nostalgiques du nucléaire. Ils me font penser à une manifestation de vétérans de l’Armée rouge sur la place Rouge à Moscou».

Cela n’empêche pas les sociétés électriques de préparer l’avenir. Dans sa stratégie 2020, Alpiq a prévu un investissement d’un milliard de francs pour les nouvelles énergies renouvelables qui devraient à l’avenir représenter 10% de la production du groupe contre 1% actuellement. S’y ajoutera 1,2 milliard pour accroître la production d’énergie hydraulique. De son côté, le géant Axpo annonce des investissements de 21 milliards de francs d’ici à 2030 pour accroître sa capacité de production et développer les réseaux. Il veut notamment porter de 2,2 milliards de kWh à 5 milliards de kWh la production d’électricité issue des nouvelles énergies renouvelables.


Le coût du démantèlement

Parallèlement, il faut aussi provisionner des montants importants pour le démantèlement des centrales nucléaires et la gestion des déchets radioactifs. «Les coûts avaient été sous-estimés, note Christian Van Singer. Or cela revient aussi presque aussi cher de démanteler une centrale que de la construire.» Selon l’Office fédéral de l’énergie, la désaffection des cinq centrales existantes et la gestion des déchets entraînera des coûts de quelque 20 milliards de francs, à la charge des exploitants. Ce montant n’a rien à voir avec la décision sur la sortie du nucléaire puisque les centrales ont une durée de vie limitée et qu’il faut de toute façon trouver une solution pour l’entreposage des déchets. I


Un seul «gros» pépin en 2011

Les centrales nucléaires suisses n’ont subi aucun arrêt automatique en 2011. En tout, 31incidents ont été enregistrés, dont un seul a atteint le niveau 1 de l’échelle internationale (de 0à 7), les autres stagnant à zéro.

Le seul événement classé 1 a touché la centrale de Mühleberg (BE), a indiqué hier l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire. Il a concerné une obstruction potentielle de la prise d’eau du système d’urgence en cas de crue extrême. Les FMB ont dû procéder à l’arrêt et au rééquipement de l’installation avant la date de révision prévue.


Perte nette pour les FMB

Le groupe BKW (Forces motrices bernoises, FMB) s’attend à essuyer une perte nette de 150 millions de francs environ au titre de l’exercice écoulé. Le passage dans les chiffres rouges s’explique par un correctif de valeur nécessitant des provisions de l’ordre de 300 millions.

A l’instar d’autres acteurs du secteur en Suisse, l’entreprise bernoise explique dans un communiqué publié hier souffrir de la «mutation profonde» qui affecte le contexte et les conditions-cadres du marché de l’électricité. Elle avait déjà annoncé la couleur l’automne passé en dévoilant la suppression de plus de 250 emplois.

A l’origine, le groupe tablait sur un bénéfice net de plus de 100 millions de francs pour l’année dernière. Le correctif de valeur touche les nouveaux investissements réalisés dans des centrales thermiques fossiles à l’étranger.

BKW (ou FMB Energie) attend de ces installations des recettes inférieures à celles escomptées. L’électricité produite par ces centrales est reprise au prix de revient, qui est supérieur à celui du marché, regrette-t-il. Les FMB ne voient en revanche rien à redire sur la pérennité des valeurs comptables de la centrale nucléaire de Mühleberg. Il en va de même pour leurs participations dans d’autres centrales nucléaires, pour les centrales hydroélectriques et éoliennes ainsi que pour les installations d’énergies renouvelables en Suisse.

Christiane Imsand
La Liberté