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mercredi 4 janvier 2012

Un trolleybus nommé Fribourg

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En haut, un trolleybus emprunte le passage sous voie de la gare de Fribourg. Ci-dessus, deux trolleybus se croisent dans la campagne près de Grangeneuve. Les deux photographies datent de 1912.




Il y a exactement 100 ans, une ligne de trolleybus était inaugurée entre Fribourg et Posieux. Il s’agissait alors du premier moyen de locomotion électrique de ce type en Suisse. Une révolution pour l’époque.

Les historiens relèguent souvent Fribourg dans le gruppetto des cantons rétrogrades. Conservateur, agricole et peu ouvert au progrès. C’est l’image qui colle au canton jusqu’à une période pas si lointaine. Et pourtant… On oublie quelques tranches d’histoire qui disent le contraire. Comme celle qui débute un certain 4 janvier 1912. Ce jour-là, il y a exactement un siècle, la première ligne de trolleybus de toute la Suisse était mise en service à partir de la ville de Fribourg. A l’époque, l’usage de ce moyen de locomotion électrique était aussi révolutionnaire qu’avant-gardiste, selon les spécialistes de l’histoire des transports.

Si l’inauguration récente du RER entre Bulle et Fribourg a ravi les Fribourgeois, celle du trolleybus a carrément subjugué les citoyens de l’époque: «Avec un enthousiasme bien visible, les premiers passagers sont entrés dans l’élégant véhicule. A peine se sont-ils installés dans les confortables sièges que le trolleybus se mettait silencieusement en branle de la gare de Fribourg vers Pérolles, les Daillettes et la Glâne.

Il s’agit vraiment d’une nouvelle sorte de chemin de fer. «Sans odeur et sans mouvement brusque, on a l’impression de voyager à bord d’un bateau à vapeur», rapportait par exemple les «Freiburger Nachrichten» au début janvier 1912. L’article indiquait également le prix d’une course jusqu’au terminus: 60 centimes.

Des moteurs Porsche

Le parcours de l’«ovni fribourgeois» reliait d’abord Fribourg au village de Posieux, avant d’être prolongé en 1916 jusqu’à Farvagny. Les 12,5 km de routes non goudronnées étaient parcourus en 50 minutes et comportaient une quinzaine d’arrêts. En 1912, l’horaire comprend quotidiennement sept courses aller et retour Fribourg-Posieux et 13 courses aller et retour Fribourg-La Glâne-Les Daillettes.

Les véhicules électriques – de couleur rouge foncé, puis jaune – s’apparentaient plus à des diligences qu’aux trolleybus que nous connaissons aujourd’hui. Leur motorisation futuriste était assurée par des moteurs installés dans les moyeux de roues, développés par le fameux inventeur Porsche qui utilisait le même type de moteurs pour entraîner ses premières voitures électriques. Alors que le captage du courant s’effectuait par une sorte de petit chariot roulant sur les deux fils de la ligne électrique aérienne et tiré par un câble. Ce n’est qu’en 1932 que le système de trolleybus à perches a été introduit pour la première fois en Suisse, à Lausanne précisément.

Chauffés et éclairés

Durant son exploitation par une compagnie privée qui a duré jusqu’en 1932, la ligne comprenait une flotte de quatre véhicules, trois pour le transport de passagers et un pour le transport de marchandises. Pour la petite histoire, il est question, en 1917, de remplacer le service électrique par des autobus à benzine. Les usagers font opposition à ce projet, préférant les trolleybus qui étaient éclairés, chauffés et plus spacieux.

Pourquoi les initiateurs – l’idée est venue des ingénieurs Blaser et Schenker – ont-il porté leur dévolu sur le tronçon Fribourg-Farvagny? Parce que depuis plusieurs années, un projet de train entre Bulle et Fribourg était en souffrance. Les ingénieurs ont alors décidé de proposer à moindre coût la construction d’un «chemin de fer sans rails». Le tronçon jusqu’à Farvagny devait être la première étape, avant de continuer vers Bulle. Mais faute de moyens financiers, cette intention restera finalement un vœu pieu.

Plus de trace des trolleys

Le développement rapide des bus à traction thermique, face à la précarité d’un système éternellement fragile ont finalement sonné le glas de ce mode de traction entre Fribourg et Farvagny en 1932.

Aujourd’hui, il ne reste plus trace d’aucun des véhicules de la mythique ligne. Seuls deux vestiges ont survécu à l’aventure. Les anciens garages-ateliers à trolleybus de Villars-sur-Glâne et de Farvagny. I

Une expo pour le trolley

Un anniversaire, cela se fête, surtout quand le jubilaire, la ligne de trolleybus Fribourg-Farvagny, célèbre les 100 ans de sa fondation. C’est ce que s’est dit le Club du Tramway de Fribourg (CFT). Toujours aussi entreprenante que passionnée, cette association active depuis 20 ans dans la sauvegarde du patrimoine historique des transports publics à Fribourg, va organiser une exposition, dans le cours de l’année, consacrée à fameuse la ligne de trolleybus,disparue depuis belle lurette.

«L’idée est d’honorer la mémoire de cette aventure qui fit du canton de Fribourg un pionnier», explique avec enthousiasme Helmut Eichhorn, président de la CFT. L’exposition sera mise en place en été 2012 et sera accompagnée de visites guidées à bord d’un ancien autobus, le long du parcours historique.

Pour étoffer son exposition et profiter d’étendre les travaux de recherches historiques, la CFT lance un appel aux Fribourgeois. Elle invite ceux qui auraient des souvenirs, des images, des photos ou encore des objets – uniformes, titres de transport, etc…– en rapport avec le trolleybus en question, à prendre contact avec elle.

Adresses de contact: 100ans-trolleybus@fritram.org ou par téléphone au 0313722657 (Patrick Jucker).



REPÈRES
Le trolleybus de 1912

Lieu de construction en Autriche en 1911 par la société Daimler Motoren.
Longueur 5,6 m.
Largeur 1,8 m.
Poids 2850 kg.
Capacité 17 places assises et 7 debout.
Vitesse maximale 25 km/h.
En 1924, les roues pleines en bois sont substituées par des pneumatiques.
Voyageurs par année 99000 en 1912, 68000 en 1917, 96000 en 1922, soit plus de 250 passagers par jour les meilleures années.

Samuel Jordan
La Liberté