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jeudi 12 janvier 2012

Villars lâche une part de sa torréfaction

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Le café Villars n’est aujourd’hui plus tout à fait fribourgeois, puisqu’une bonne partie des fèves est désormais torréfiée à Berne. Charly Rappo




La société fribourgeoise a confié une partie de la torréfaction de son café à Espresso-Club, un spécialiste de la branche basé à Gland. Cette entreprise s’occupe désormais aussi de toute la logistique des cafés Villars.

C’est peut-être une page de l’histoire industrielle de Fribourg qui est en train de se tourner. Dans le courant de l’année 2012, l’entreprise Villars Maître Chocolatier SA (140 collaborateurs) va déménager son unité de production vers l’usine flambant neuve construite sur l’ancien site de Dyna. Ce faisant, la société pourrait cesser une activité qu’elle exerce depuis une huitantaine d’années: la torréfaction de café. «Est-ce que nous continuerons à torréfier le café dans le nouveau bâtiment? Il faudra voir, la décision n’a pas encore été prise», indique Alexandre Sacerdoti, directeur général de Villars Maître Chocolatier SA.

Qu’on ne s’y méprenne: Villars ne tourne pas le dos à l’industrie caféière. «Ce secteur reste une priorité pour nous. La marque et la recette du café Villars vont subsister, quoi qu’il arrive», poursuit-il. Simplement, rationalité économique oblige, la société fribourgeoise a pris la décision de collaborer avec un spécialiste de la branche pour être plus efficiente. En juillet dernier, un accord de partenariat a ainsi été signé avec Espresso-Club SA, une filière du groupe Saprochi, basée à Gland (VD). «Nous assurons la logistique des cafés Villars et proposons à la clientèle un service complet, de la commande à la livraison porte-à-porte et à la facturation. Nous distribuons même leurs napolitains», note Matthieu Quiquerez, directeur d’Espresso-Club SA.


Torréfaction à Berne

Cette firme a également pris en charge une partie de la torréfaction, qu’elle exécute à Berne, à l’enseigne d’O. Aeberhard AG Regina Bergkaffee. Mais pas la totalité. «Pour l’instant, nous continuons de torréfier une part de notre café à Fribourg», relève Alexandre Sacerdoti. Dans quelle proportion? Comme à son habitude, l’homme refuse de parler de chiffres ou d’ordres de grandeur. «C’est vrai que nous avons beaucoup diminué la torréfaction sur notre propre site», poursuit-il. Avant d’ajouter: «Notre accord de coopération avec Espresso-Club est sain et équilibré. Le café, c’est leur métier. Ils ont une flotte de sept véhicules et disposent de sept vendeurs rien que pour la Suisse romande – une force que nous ne pourrions jamais avoir à nous seuls. Ce partenariat doit permettre aux cafés Villars de vivre, voire de se développer.»

Cette collaboration, on l’a dit, est entrée en vigueur le 1er juillet dernier. Elle a été entourée d’une certaine discrétion – la société fribourgeoise n’a ainsi pas communiqué à ce sujet, alors qu’elle ne manque pas de le faire en d’autres circonstances, notamment en ce qui concerne ses produits. Pourquoi cette timidité? «Nous avons averti nos clients. Pour le reste, je ne vois pas qui cela pouvait intéresser en dehors d’eux», répond Alexandre Sacerdoti.


Cafetiers inquiets

Qui assure que ce changement n’a suscité aucune réaction négative. «Il n’y a pas eu de rupture de contrats, c’est le signe que tout continue comme avant.» Pourtant, l’entrée en scène du personnel d’Espresso-Club semble avoir engendré une certaine inquiétude. Ainsi, selon les informations de «La Liberté», des restaurateurs du cru, soucieux d’offrir à leur clientèle un petit noir torréfié sur place, ont pris langue avec d’autres acteurs du café à Fribourg.

Quoi qu’il en soit, torréfié dans l’une ou l’autre des deux cités des Zaehringen, le café Villars continuera à avoir le même goût. Et le groupe Bongrain, propriétaire français de Villars Maître Chocolatier SA depuis 1995, n’est pas prêt de lâcher cette dernière. Il vient en effet, selon la Feuille officielle suisse du commerce, de porter le capital-actions de la société fribourgeoise de 8 millions de francs à 18 millions de francs, une opération en lien avec l’investissement consenti pour la nouvelle usine de production. I


Un encadrement trop français?

«Pourquoi tous les chefs sont-ils français?» Telle est la problématique qui a figuré quelque temps en automne dernier dans la boîte à questions de l’intranet de Villars Maître Chocolatier SA. Elle a depuis lors été retirée. Mais la réponse de la direction, dont «La Liberté» a pu obtenir une copie, est assez étonnante. Relevant que le groupe Bongrain, qui a repris Villars en 1995, a pu créer, lors du rachat, «une nouvelle structure grâce à l’engagement de collaborateurs français avec des prétentions salariales moins élevées», elle précise que lorsqu’un poste de cadre doit être repourvu, la direction a l’obligation de mettre une annonce à l’intérieur du groupe Bongrain durant trois semaines avant de pouvoir rechercher un collaborateur externe.

Avant d’ajouter: «Finalement, les salaires pratiqués en Suisse sont souvent plus élevés que la moyenne européenne et l’embauche de personnel suisse avec des prétentions salariales élevées peut désorganiser complètement la grille de salaires de certains services, ce qui nous a conduit dans certains cas à privilégier des embauches européennes et françaises au détriment des candidats suisses.» Contacté à ce propos par nos soins, Alexandre Sacerdoti, patron de Villars, conteste tout favoritisme français dans l’encadrement de sa société. «C’est faux, nous ne favorisons pas les Français. Au contraire, je suis pro-Suisse et pro-Fribourgeois, et je défends les emplois locaux», indique-t-il. Et de préciser qu’au départ, les structures françaises de l’entreprise ont pu donner l’impression d’un encadrement français. Il ajoute enfin que dans certains secteurs comme le laboratoire et la gestion industrielle, il est difficile de dénicher du personnel helvétique. «Les cadres suisses, dans ces domaines, sont souvent trop chers pour nous», indique-t-il.

François Mauron
La Liberté