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mercredi 29 février 2012

«Nous ne sommes pas des fous d’armes»

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L’airsoft, «c’est un peu la version adulte du pistolet à eau, avec une dimension tactique, voire historique», explique Alain Ceragioli. VINCENT MURITH




Fondateur du tout nouveau Team Airsoft Gruyère, Alain Ceragioli cherche en vain un terrain pour pratiquer l’airsoft. Un sport de plus en plus couru, utilisant des répliques d’armes. Et banni des places d’armes.

«Nous ne sommes pas des sauvages, ni des fous d’armes, ni une organisation paramilitaire. Juste un groupe d’amis responsables qui souhaitent pratiquer un sport en toute légalité, sur un terrain adéquat.» Ce cri du coeur, c’est celui d’Alain Ceragioli, domicilié à Vaulruz. Cet Italo-Gruérien tente depuis quelques mois de trouver un coin de forêt, une clairière et, idéalement, un abri, pour pratiquer son dada avec ses équipiers du tout frais Team Airsoft Gruyère. Ce loisir: l’airsoft (ou softair), un sport qui consiste à utiliser des répliques d’armes – à billes – pour «éliminer » des adversaires et remplir des missions de jeu.

«Un vrai sport, physique, qui met tous les sens et tous les muscles en éveil, bon pour l’adrénaline. Et qui implique aussi une stratégie et un esprit d’équipe. En plus, ça se pratique en pleine nature, dans une ambiance bon enfant. Je dirais que c’est un peu la version adulte du pistolet à eau, avec une dimension tactique, voire historique», explique Alain Ceragioli, en détaillant les diverses missions possibles, de la prise de drapeau aux matchs au touché, en passant par les escortes.

Le magasinier-chauffeur de profession, âgé de 35 ans, avoue ne pratiquer cette discipline que depuis une année. «Avant, je faisais du tir sur cible et du paintball. Mais l’idée d’utiliser des billes 100% biodégradables plutôt que de la peinture m’a totalement séduit. C’est une bonne chose pour l’environnement. Et en plus, l’airsoft fait appel au fairplay des joueurs, puisque les projectiles ne laissent pas de marque, hormis des hématomes si l’on est touché de trop près», sourit-il.

Alain Ceragioli a donc rejoint depuis six mois environ une petite équipe d’une dizaine de membres, surtout domiciliés à Châtel-St-Denis et en Gruyère. «Des jeunes de 18 à 25 ans», précise-t-il. «Nous avons décidé de structurer ce groupe en lui donnant un comité, un règlement et un site internet, www.team-airsoft-gruyere.ch, qui sera en ligne avant l’été.» Le hic? «C’est qu’il nous manque un terrain pour pratiquer en toute légalité, voire pour proposer cette activité à des sociétés, des entreprises ou des groupes.»

Le joueur a en effet contacté les communes de Châtel-St-Denis, Semsales et Vaulruz, pour essuyer un même refus poli. «Nous n’avons aucune parcelle disponible», confirme par exemple le secrétaire général de Châtel-St-Denis, Samuel Russier. «Tous nos terrains susceptibles de convenir sont soit en zone touristique, soit inaccessibles. Raison pour laquelle l’exécutif communal n’a pas eu à se pencher sur la question de fond. Mais nous ne serions a priori pas opposés à une telle activité.»

Privés de places de tir

Le team, qui tient à prospecter entre la Gruyère et la Veveyse, devra donc passer par des négociations avec des propriétaires privés. Une galère que Ludwig Liger, fondateur en 2000 du Soft Air Club basé à Mannens et président de la Fédération romande d’airsoft, connaît bien. «Il est toujours très difficile de trouver des terrains. Les démarches sont nombreuses, et les services de la faune sont en général sourcilleux. Nous payons notamment pour les traces qu’ont laissées les adeptes de paintball, mais aussi pour les préjugés dont souffre notre sport», explique-t-il. Et d’indiquer que le club de Mannens dispose de trois terrains officiels et reconnus, mais qu’il a perdu son principal point de chute, la Montagne-de-Lussy, près de Romont.

«Armasuisse refuse depuis 2006 les «jeux de guerre» sur les places d’armes et d’exercice. Nous nous battons aujourd’hui encore pour changer les choses. Nous militons aussi auprès de Swiss Olympic et de la Fedpol (ndlr: l’Office fédéral de la police). Mais c’est laborieux. D’autres disciplines, comme le tir ou la chasse, bénéficient d’une reconnaissance sportive. Paradoxalement, l’airsoft, lui, n’en a pas, alors que les répliques ne sont pas considérées comme des armes à feu.»

Ce loisir, initié dans les années 1970 au Japon, connaît pourtant un certain développement sous nos latitudes. «La Fédération suisse d’airsoft compte plus d’un milliers de membres, dont environ 300 Romands», quantifie Ludwig Liger. «Et on peut estimer qu’environ 40% des adeptes ne sont pas affiliés.»

Dans le canton de Fribourg, les sites et forums souvent anonymes dédiés à ce loisir ne manquent pas. «Je pense qu’il y a au moins une centaine de pratiquants», jauge Alain Ceragioli. Qui n’entend pas pour autant se contenter de la clandestinité: «Nous sommes bien conscients que les répliques peuvent créer la confusion. Raison pour laquelle nous souhaitons agir au grand jour. Nous ne voudrions pas voir la police débarquer dans une partie, nous confisquer nos répliques ou, pire, se méprendre sur notre activité.» I

Une pratique très balisée

Le danger d’une réplique airsoft? «C’est qu’elle peut être confondue avec une arme réelle. De ce fait son porteur doit être conscient que son vis-à-vis, s’il s’agit d’un policier ou d’un garde chasse par exemple, risque de réagir en ripostant», explique Josef Brugger, chef du Bureau des armes et explosifs de la Police cantonale. Leur ressemblance avec les armes réelles a d’ailleurs valu aux réplique airsoft d’être intégrées dans le champ d’application de la Loi sur les armes (LArm). L’acquéreur doit être majeur et conclure un contrat de vente avec le vendeur, qui peut demander un extrait de casier judiciaire. «Par contre, il n’y a pas à déclarer une arme airsoft aux autorités, car il ne s’agit pas d’une arme à feu», précise Josef Brugger.

La pratique de l’airsoft sur le domaine public est en principe proscrite. «Le jeu doit se faire sur un terrain privé, étant entendu que le propriétaire du terrain doit donner son aval par écrit. L’organisateur doit aussi informer le service forestier de la région», précise le chef de service. «Les joueurs doivent cloisonner le secteur par des balises et s’assurer que la partie ne mettra pas en danger ou ne gênera pas des tiers. Enfin, le joueur doit avoir une assurance RC particulière.» Faut-il une autorisation communale? «La LArm ne le prévoit pas. Il n’y donc pas d’obligation, mais comme toujours, il vaut mieux informer et prévenir les conflits. De même, les jeux airsoft ne sont pas soumis à autorisation de l’autorité cantonale, mais nous recommandons aux organisations d’annoncer leurs jeux afin d’informer les services de police concernés», indique Josef Brugger. Et d’ajouter que les manifestations en forêt mobilisant plus de 100 personnes sont sujettes à
autorisation.

Le chef du Bureau des armes et explosifs relève encore que le contrevenant s’expose au séquestre et à la destruction de son arme airsoft. «Cela concerne environ 20 cas par année. Mais il s’agit là surtout d’armes portées sur la voie publique. Dans le contexte de parties softair, il s’agit de cas isolés.» SZ

Renseignements sur http://www.police-fribourg.ch/ ou à l’adresse
bae@fr.ch, ainsi que sur http://www.softairguns.ch/





REPÈRES

La panoplie d’Alain Ceragioli

P90 Une réplique en plastique d’une arme des groupes d’assaut américains. Poids: 2,4 kg. Puissance: 1,35 joule. Portée: 52 mètres. Vitesse du projectile: environ 160 km/h à la sortie du canon. Vitesse en rafale: environ 10 billes/seconde. Prix: 250 francs. «C’est une arme de base, pour le combat rapproché. Mais il existe des armes à plus longue portée (72 mètres pour le fusil de sniper) et des armes
bien plus chères. Ça peut aller jusqu’à 3000 francs», indique Alain Ceragioli.

Munitions: des billes de maïs compressé.

Accumulateurs: indispensables pour alimenter le moteur qui actionne le système de ressorts et de piston propulsant les billes. D’autres répliques fonctionnent à l’air comprimé ou à gaz.

Tenue: tenue d’assaut, gants, casque ou chapeau. Ils servent à la fois de protection, de camouflage voire d’élément de reconstitution historique. Des lunettes de protection sont obligatoires.

Contact: titsite@bluewin.ch

STÉPHANE SANCHEZ
La Liberté