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jeudi 1 mars 2012

Pas d’internement à vie

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Roland Trezzini a exprimé sa déception devant la presse à l’issue du procès. keystone



L’homme de 28 ans qui a tué Lucie en mars 2009 écope de 20 ans de prison. La Cour n’a pas suivi le Ministère public. C’est la déception pour Roland Trezzini.

Le verdict est tombé hier peu après 18h30 dans la salle du Tribunal d’Untersiggenthal (AG): Daniel H., le jeune homme de 28 ans qui a tué Lucie en mars 2009 purgera une peine de 20 ans de prison, assortie d’un internement, mais pas à vie comme l’avait requis le Ministère public. Le Tribunal de district de Baden (AG) l’a reconnu coupable de l’assassinat de l’adolescente fribourgeoise.

Ainsi, la Cour a suivi en partie la requête de Matthias Fricker, avocat commis d’office du meurtrier de Lucie qui demandait que son client ne soit pas interné à vie. Ce dernier souhaitait une peine de prison limitée à 18 ans pour assassinat, assortie de mesures thérapeutiques «longues et intensives».

«C’est bien sûr une déception», a expliqué hier soir à «La Liberté» Roland Trezzini, papa de Lucie. «Toutes les conditions étaient réunies pour prononcer l’internement à vie. Si on ne l’a pas fait cette fois, quand le fera-t-on? Le peuple a clairement dit oui à une initiative prévoyant cette sanction pénale, et on ne l’applique pas! Si Daniel H. y échappe, qui se verra infliger cette peine?»

Même avis pour Pierre Mauron, avocat francophone des parents de Lucie. «C’est tout de même une joie que cette personne reste derrière les barreaux», relève-t-il. «Mais c’est une déception de savoir qu’après l’exécution de sa peine, il pourra envisager de retrouver la liberté si certaines conditions sont réunies. De l’avis de la famille et du Ministère public, toutes les conditions étaient réunies pour qu’il ne sorte plus jamais de prison.»

Etrangeté de ce jugement

Qu’est-ce qui a pu faire pencher la balance?«Le fait que la Cour prononce 20 ans de prison, c’est un signe que le tribunal suit la famille et le Ministère public, c’est clair», estime l’avocat. «Dès qu’on prononce une telle peine, suivie d’un internement à vie ou ordinaire, dans tous les cas on considère que le condamné ne peut pas s’améliorer.»

Et c’est justement là que réside l’étrangeté de ce jugement. P. Mauron: «C’est assez étrange en effet d’affirmer que d’un côté l’assassin de Lucie ne peut pas s’améliorer pendant 20 ans et de l’autre dire qu’on ne sait pas pour la suite. Un article du Code pénal prévoit que, si les psychiatres estiment que le condamné ne peut pas s’améliorer d’ici 10 à 15 ans, l’internement à vie doit être prononcé et non pas une mesure qui permettrait d’espérer une sortie.»

Cet internement «simple» retenu par la Cour argovienne offre la possibilité, après la fin de la peine, d’un examen d’une commission d’experts. Cette dernière dira si le condamné peut changer ou pas. «Le jugement n’est pas encore rédigé et il faudra en examiner les motifs», poursuit P. Mauron. «Le Ministère public a tellement plaidé avec force l’internement à vie que les parents espèrent un recours. Mais pour cela il faut attendre le jugement écrit.»

Quant à Daniel H., il est resté impassible à l’énoncé du verdict. Durant le procès de deux jours pourtant, l’accusé a dit à plusieurs reprises, regretter son acte. Le procureur a estimé ces regrets peu crédibles, les qualifiant même de «tactiques», comme l’a relayé l’ATS.

Condamné impassible

C’est le 4 mars 2009 que le jeune homme a abordé Lucie à la gare centrale de Zurich. Il a attiré la fille de 16 ans chez lui, prétextant qu’elle pourrait y gagner de l’argent en posant pour des photos liées à des articles de bijouterie. Le soir même, il a tué brutalement l’adolescente à son appartement de Rieden bei Baden (AG).

Daniel H. s’est rendu à la police quelques jours plus tard. Il avait alors expliqué vouloir retourner en prison. En août 2008, il avait bénéficié d’une libération conditionnelle après avoir purgé 4 ans de réclusion dans un centre éducatif fermé après une tentative d’assassinat. I

Pierre-André Sieber
La Liberté