Mélanie Rouiller a photographié les Barbus de la Gruyère chez eux, en tenue, en mettant l’être humain au centre de sa démarche. DR
Une exposition, un livre et un reportage de la TSR célèbrent la toison fleurie de ces hommes qui portent haut les valeurs et l’héritage patrimonial des armaillis de la Gruyère
C’est même par ce biais-là que tout a commencé. Par la rencontre entre la photographe Mélanie Rouiller et Pascal Rebetez, écrivain et journaliste à la TSR. Séduits par ces gens au travers de qui survit tout un pan du patrimoine gruérien, ils ont décidé de braquer vers eux leurs objectifs curieux. Une idée qui a tout de suite plu à Patrick Rudaz, conservateur du Musée de Charmey, et Jean-Philippe Ayer, directeur des Editions de l’Hèbe, basées également dans la station gruérienne.
Des toisons non taillées
Le résultat est dévoilé en deux volets au Musée de Charmey. Le premier rassemble des objets pêchés dans les archives des Barbus de la Gruyère. Comme le drapeau de leur société, réalisé en 1986, ou les carnets dans lesquels les procès-verbaux de toutes leurs séances ont été soigneusement dactylographiés depuis plus de sept décennies.De vraies mines à anecdotes, qui stipulent notamment que, pour entrer dans la société, les aspirants-barbus doivent arborer une toison buccale non taillée et la plus longue possible. «Pour arriver à une belle barbe, il faut bien sept ou huit ans. Chez certains, ça pousse vite. Chez d’autres, il faut plus de temps», évalue Yvan Thévenaz, secrétaire des Barbus. Il précise que la société compte actuellement 25 membres, dont le plus jeune va fêter prochainement son demi-siècle. Le deuxième volet de l’exposition est composé des photos que Mélanie Rouiller a prises en partageant quelques instants de la vie de ces héros en bredzon. Des portraits de Barbus immortalisés dans l’intimité de leurs chalets trônent fièrement aux murs, entourés par quelques clichés plus classiques, comme une vache broutant un peu d’herbe, un chalet émergeant du brouillard ou une montagne au loin.
Patrick Rudaz explique que c’est Placide Currat qui a forgé l’image des Barbus qui désormais représentent la Gruyère. Habitant de Grandvillard et notaire à Bulle, Placide Currat fut chanteur lors de la Fête des vignerons, en 1889 et en 1905. «Il n’était pas fromager, mais il a contribué à répandre l’image de l’armailli avec le capet, le bredzon, le loyi et la canne. Avec lui, on est passé de la fonction de l’armailli au mythe de l’armailli», explique le conservateur. Un mythe qui, aujourd’hui, est plus vivant que jamais. «Depuis l’an 2000, on est de plus en plus sollicité pour aller défiler en costume», confirme Fernand Ruffieux, président des Barbus.
> Exposition: vernissage samedi à 17h30 au Musée de Charmey, à voir jusqu’au 28 mai.
> Emission: «Passe-moi les jumelles» à voir vendredi soir à 20h20 sur la TSR. Les Barbus de la Gruyère
> Livre: «Les Barbus de la Gruyère», Mélanie Rouiller et Pascal Rebetez, Editions de l’Hèbe, 2012.