Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 4 avril 2012

Le gorille, notre si proche cousin

.
«15% du génome humain se rapprochent davantage de celui du gorille que de celui du chimpanzé»




En décryptant le génome du gorille, une équipe britannique révèle les étranges similitudes qui existent entre les hommes et les autres grands singes.

La famille est maintenant complète, révélée dans la vérité de sa génétique: le génome des quatre grands singes - les hominidés – est décodé. Au début du mois de mars, une équipe du Wellcome Trust Sanger Institute (GB), aidée notamment par des chercheurs de l’Université de Genève, publiait le résultat de ses travaux dans la revue «Nature»: elle venait de décrypter le génome du gorille, le dernier des hominidés qui résistait encore. L’homme, l’orang-outang et le chimpanzé avaient déjà livré les secrets de leur code génétique.

Il est admis que l’homme et le chimpanzé sont, au plan évolutif, les plus proches cousins: «99% des 3 milliards de paires de bases formant notre double hélice d’ADN sont identiques à celles du chimpanzé», affirment les généticiens. Ensuite, vient le gorille, puis, à l’extrémité de la famille des hominidés, l’orang-outang.

Sur 11000 gènes

«Le séquençage du génome du gorille est important puisqu’il permet de lever le voile sur la période de l’évolution durant laquelle nos ancêtres ont commencé à s’éloigner de nos cousins les plus proches, explique Aylwin Scally, du Wellcome Trust Sanger Institute, premier auteur de l’article paru dans «Nature». Les chercheurs ont travaillé sur l’ADN de Kamilah, un gorille femelle des plaines de l’Ouest: «Et nous l’avons comparé aux génomes d’autres grands singes. Nous avons également prélevé de l’ADN d’autres gorilles afin d’analyser les différences génétiques entre elles.»

En analysant plus de 11000 gènes chez l’homme, le chimpanzé et le gorille, les chercheurs du Wellcome Trust Sanger Institute ont découvert des liens de parenté inattendus: «15% du génome humain se rapprochent davantage de celui du gorille que de celui du chimpanzé», explique le professeur Emmanouil Dermitzakis, de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, qui a collaboré aux travaux de l’équipe britannique. Pour 70% du génome, sans surprise, c’est le chimpanzé qui présente les plus grandes similitudes avec l’homme.

Il y a 6 millions d’années

Maintenant que le génome des quatre hominidés est séquencé, il est possible de préciser la généalogie des primates: l’homme et le chimpanzé se sont séparés d’un commun accord il y a six millions d’années, tandis que la divergence d’avec les gorilles remonte à dix millions d’années. Pour les orangs-outangs, c’est plus vieux: environ 15 millions d’années (voir le tableau).

La surprise, pour les chercheurs, c’est de découvrir dans le gorille un cousin qui nous est beaucoup plus proche que ne le laissait supposer la théorie: «Nous avons découvert que les gorilles partagent avec les humains de nombreuses modifications génétiques parallèles, en particulier l’évolution de notre ouïe», a déclaré Chrys Tyler-Smith, du Wellcome Trust Sanger Institute. Jusqu’à ce jour, on croyait que l’évolution rapide des gènes de l’audition chez l’homme était liée à l’apparition du langage. Or, jusqu’à preuve du contraire, les gorilles ne parlent pas: «Nos résultats jettent un doute sur cette théorie, car les gènes de l’audition ont évolué chez les gorilles à une vitesse équivalente à celle des humains», constate Chris Tyler-Smith.

En se penchant sur les génomes des gorilles des plaines de l’Est et de l’Ouest, l’équipe britannique a pu établir que la séparation entre ces deux populations s’est produite voici un million d’années. Et cette séparation s’est faite graduellement, bien que les deux espèces soient aujourd’hui distinctes sur le plan génétique:«Contrairement à ce que nous pensions, la divergence entre deux espèces n’apparaît pas toujours à un moment précis de l’évolution, explique Emmanouil Dermitzakis. Cette divergence qui existe chez les gorilles de l’Est et de l’Ouest peut être comparée à celle qui existe entre les chimpanzés et les bonobos, ou même entre l’homo sapiens et l’homme de Neandertal.»

Où se cache le diable?

A chaque fois que les généticiens progressent dans le dédale entortillé de l’ADN, la même question surgit: comment se fait-il que de si infimes différences dans le génome puissent déboucher sur des espèces en apparence très éloignées? Rappelons que l’homme et le chimpanzé partagent les 99% de leur matériel génétique. «C’est la grande question, reconnaît Emmanouil Dermitzakis. Il faut admettre que le génome ne dit pas tout des protéines. Le même gène produit souvent des protéines qui diffèrent selon les espèces. Vous connaissez le proverbe: le diable se cache dans les détails!» I

Les singes savent se soigner

En Tanzanie, dans les années 70, le primatologue Richard Wrangham constate que certains chimpanzés mangent des feuilles rugueuses provenant du Ficus asperifolia. Pourquoi se forcer à manger ces feuilles rugueuses comme du papier de verre?Wrangham, le premier, suppose qu’il s’agit pour les singes d’une forme d’automédication. Ce qui semble aujourd’hui confirmé par d’autres observations. «Dans les travaux de Wrangham, des études ont confirmé que ce comportement, par une action mécanique, induisait une accélération du transit et contribuait à l’expulsion des parasites intestinaux, confirmant l’hypothèse d’une utilisation médicinale des feuilles ainsi ingérées», écrit Jean-Yves Nau, dans un article intitulé «Grands Singes et automédication, que conclure?» (paru dans La Revue médicale suisse, décembre 2011).

La Française Sabrina Krief– citée par Jean-Yves Nau – est une spécialiste de l’automédication chez les singes, aussi appelée zoopharmacognosie. Elle a constaté que les grands singes africains étaient nombreux à manger sans mastication des feuilles de plantes diverses: «Ce comportement, dit-elle, est largement répandu chez les grands singes africains: une enquête auprès des chercheurs a permis de répertorier plus de 30 espèces consommées ainsi par les bonobos, gorilles ou chimpanzés. Chez les chimpanzés comme chez les bonobos, une augmentation de la consommation de feuilles rugueuses a été décrite en saison des pluies, période à laquelle la prévalence des nématodes (vers, réd.) du genre Oesophagostomum augmente elle aussi. L’ingurgitation des feuilles rugueuses agirait comme «un traitement mécanique» vis-à-vis des nématodes.»

Les singes auraient trouvé le moyen de lutter contre le paludisme: il y a une vingtaine d’années, un observateur avait remarqué une femelle chimpanzé apathique. Après avoir mangé une plante que ses congénères évitaient d’habitude, celle-ci s’était trouvée mieux. En fait, elle avait mangé une plante bien connue des guérisseurs locaux pour ses vertus antimalaria, Vernonia amygdalina.

Jean Ammann
La Liberté