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L’idée serait de libérer la place et ses alentours de la présence des voitures, en les faisant disparaître sous terre.
alain wicht
Faut-il construire un nouveau parking souterrain dans le quartier du Bourg? L’idée est lancée,mais sa concrétisation n’est pas pour demain. Riverains et défenseurs de la mobilité douce sont autour de la table.
Un parking sous la place Notre-Dame à Fribourg? L’idée fait son trou parmi les riverains et les commerçants du quartier du Bourg, mais aussi – dans une moindre mesure – du côté des défenseurs du patrimoine et de la mobilité douce.
Encore à l’état d’hypothèse de travail, ce projet, qui vise à libérer de l’espace en surface en supprimant des places de parc extérieures pour les remplacer par du stationnement souterrain, découle tout naturellement de la réalisation du pont de la Poya, explique l’architecte de ville Thierry Bruttin.
Si les choses se déroulent comme les ingénieurs l’ont prévu, l’inauguration de cet ouvrage – annoncée pour la seconde moitié de 2014 – soulagera le quartier du Bourg d’une bonne partie du trafic automobile noyant actuellement la cathédrale Saint-Nicolas. L’occasion était donc toute trouvée pour réfléchir à un réaménagement des espaces entourant le vénérable édifice,dont le «parvis» se résume actuellement à des routes et des parkings saturés de voitures. «Nous voulons redynamiser la ville historique», explique Thierry Bruttin. Ceci sans prétériter les commerçants et les habitants, qui doivent bien disposer de solutions de parcage.
Groupe de travail créé
L’idée d’aménager un nouveau parking souterrain dans le quartier du Bourg n’est certes pas neuve, mais Thierry Bruttin tient à préciser que le projet actuellement en discussion n’a pas été sorti d’un tiroir poussiéreux. Tous les milieux intéressés ont été réunis autour de la table pour le repenser de fond en comble. Sous la direction de l’architecte de ville, un groupe de travail a été constitué. Il rassemble des représentants des habitants et des commerçants du Bourg, de même que les associations de défense du patrimoine et de l’environnement (notamment Pro Fribourg, l’Association transports et environnement et le Service des biens culturels).
«Nous disposons de deux ans et demi, soit jusqu’à l’ouverture du pont de la Poya, pour trouver une solution acceptable pour tout le monde», explique l’architecte de ville. Dans ses rêves les plus fous, il imagine une concrétisation du projet dès 2015. Pour l’heure, il n’avance aucune donnée chiffrée concernant le nombre de places à supprimer en surface, ou la taille de l’éventuel futur parking souterrain.
C’est la mise en consultation par la commune de Fribourg, en 2010, d’un plan directeur de la ville historique qui a provoqué le retour en grâce de ce projet, note Thierry Bruttin. Le document était assez prolixe en ce qui concerne la suppression de places de parc extérieures, mais nettement moins lorsqu’il abordait la question de leur compensation par d’autres possibilités de parcage. D’où un accueil assez frais de la part des habitants et des commerçants du quartier du Bourg, admet l’architecte de ville.
Il faut rentabiliser
Avant de parvenir à une solution de compromis, beaucoup de questions doivent encore trouver des réponses. Combien de places sera-t-il possible d’aménager en sous-sol? Leur construction enterrera-t-elle définitivement le projet d’extension du parking souterrain de la Grenette, toujours au point mort?L’espace à disposition permettra-t-il de compenser intégralement la suppression des parkings de surface? Une certaine «masse critique» devra être atteinte pour rentabiliser le futur parking souterrain, rappelle Thierry Bruttin.
L’architecte de ville se dit très conscient de la nécessité de concilier beauté du site et besoins de la vie économique. «Si les commerces du Bourg ne survivent pas, la vie disparaîtra du quartier», affirme-t-il. I
Identifier les besoins avant de foncer
«Il s’agit pour l’instant d’une idée un peu floue et non d’un projet», explique Pierre-Olivier Nobs, secrétaire politique de l’Association transports et environnement (ATE). «Nous en avons été informés il y a environ six mois. Il n’y a pas de plan ni de chiffres concernant les places prévues. Nous ne savons rien non plus sur les éventuels accès». Pour rappel, l’ATE a fait recours contre l’extension du parking de la Grenette et n’envisage donc pas de manière positive ce projet de parking souterrain à la place Notre-Dame. «Il faut d’abord déterminer quels sont les besoins», affirme Pierre-Olivier Nobs qui demande un plan de mobilité pour le parking de la Grenette afin de déterminer quelles sont les places utilisées par des pendulaires et employés de l’Etat. «Ils devraient avoir recours aux parkings d’échange mis en place par l’agglo afin de libérer des places pour les habitants, mais aussi pour les commerces du quartier du Bourg.Dans tous les cas, nous ne permettrons jamais de construire des places en sous-sol si, en contrepartie, des places en surface ne sont pas supprimées.»
Du côté des commerçants, l’ordre des priorités est évidemment différent. «Nous sommes favorables à la construction d’un parking public», explique Henri Vollichard, président de l’Association des commerçants du Bourg. «Mais si c’est pour se retrouver avec quarante places de parc en sous-sol après suppression de cent septante places extérieures, ça n’ira pas», explique l’horloger-bijoutier. Qui ne verrait pas d’un mauvais œil une légère augmentation du nombre absolu de places disponibles dans le quartier. Mais avant de lancer de grands projets, Henri Vollichard préconise d’attendre l’ouverture du pont de la Poya et d’analyser ses conséquences sur le trafic automobile. Le cas échéant, il ne serait pas opposé à des mesures de modération, mais pas question de bannir les voitures. «Une mise en zone piétonne de tout le quartier, comme le préconisent certains, n’est pas une mesure réaliste.»
Marc-Roland Zoellig