La nomophobie désigne deux types de pathologies ayant trait aux phobies :
La peur excessive des lois (dans ce cas, le terme vient du grec nomos, la loi, et phobia)
La peur excessive d'être séparé de son téléphone mobile (dans ce cas, le terme vient de la contraction de l'expression anglaise no mobile-phone phobia).
Concernant la seconde acception, le mot a été inventé au cours d'une étude menée en février 2008 par la UK Post Office qui accrédita YouGov, une organisation de recherche basée au Royaume-Uni, pour observer les angoisses subies par les utilisateurs de téléphones mobiles. Cette étude a révélé que 53 % des utilisateurs de téléphones mobiles (76 % chez les jeunes de 18 à 24 ans) en Grande-Bretagne ont tendance à être anxieux quand leur téléphone est perdu, à court de batterie ou de crédit, ou qu'ils n'ont aucune couverture réseau. Elle a également révélé qu'environ 58 % d'hommes et 48 % de femmes souffrent de cette phobie, et 9 % se sentent stressés lorsqu'ils n'ont pas leur téléphone portable. L'étude a été effectuée à partir d'un échantillonnage de 2 163 personnes et montre que ce phénomène s'est amplifié avec l'avènement des smartphones et des forfaits illimités. 55 % des personnes interrogées ont cité le fait de garder le contact avec leur famille ou leurs amis comme étant la principale raison pour laquelle ils sont anxieux sans leur téléphone portable. 10 % des personnes interrogées disent qu'elles ont besoin d'être joignables à tout moment à cause de leur travail. L'étude montre que le niveau de stress induit par les cas standards de nomophobie est comparable à celui du trac éprouvé lors du jour de son mariage ou à une consultation chez le dentiste.
Cependant, user du terme de « phobie » peut paraître quelque peu exagéré car, dans la majorité des cas, il ne s'agit que d'une anxiété banale. Plus d'un nomophobe sur deux affirme ne jamais éteindre son téléphone portable.
Depuis douze ans, la journée sans portable débute à la saint Gaston. C’est l’occasion de tester son addiction pendant trois jours.
Phil Marso est le créateur de cette journée. Cet écrivain parisien n’est pas un antiportable mais il souhaite en dénoncer les travers. Selon lui, les smartphones sont à l’origine d’une faille dans la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle. En Allemagne, il existe des protocoles et les entreprises n’envoient plus d’email à leurs salariés en dehors des horaires de travail. Les entreprises françaises sont ouvertes à la discussion.
Se sentir "très angoissé" à l'idée de perdre son portable ou être incapable de s'en passer plus d'une journée: la "nomophobie", contraction de "no mobile phobia", touche principalement les accros aux réseaux sociaux qui ne supportent pas d'être déconnectés.
En février, une étude menée auprès d'un millier d'utilisateurs de mobiles au Royaume-Uni -pays où le terme de "nomophobie" est apparu en 2008- révélait que 66% d'entre eux se disaient "très angoissés" à l'idée de perdre leur téléphone.
La proportion atteint 76% chez les jeunes de 18-24 ans, selon ce sondage réalisé par l'entreprise de solutions de sécurité pour mobile SecurEnvoy. 40% des personnes interrogées indiquaient en outre posséder deux téléphones.
La faute aux smartphones
"Le phénomène s'est amplifié avec l'arrivée des smartphones et des forfaits illimités. Chacun a accès à une panoplie de services: où suis-je ? Y a-t-il des restaurants à proximité ? J'achète mon billet de train pour ce week-end, je planifie ma soirée, etc.", résume Damien Douani, expert en nouvelles technologies de l'agence FaDa.
"Il y a quelques années, le SMS était déjà une forme de nomophobie. On parlait même de la 'génération des pouces' pour décrire ceux qui tapaient non-stop des textos. Mais l'internet mobile via un smartphone, c'est le SMS puissance 10.000", selon lui.
"Le réflexe Google a été transposé au mobile: j'ai besoin d'une information, et je trouve réponse à tout, c'est la facilité incarnée", souligne Damien Douani.
"Ils ont toute leur vie dedans"
22% des Français avouent qu'il leur est "impossible" de passer plus d'une journée sans leur téléphone portable, selon un sondage en ligne réalisé en mars par la société Mingle auprès de 1.500 utilisateurs, et un pourcentage qui grimpe à 34% s'agissant des 15-19 ans.
29% des personnes interrogées indiquent qu'elles pourraient se passer de leur téléphone plus de 24 heures "mais difficilement", contre 49% qui estiment qu'elles y arriveraient "sans problème".
"On peut comprendre que les gens soient accros à leur smartphone car ils ont toute leur vie dedans, et si par malheur ils le perdent ou qu'il est en panne, ils se sentent totalement coupés du monde", souligne l'écrivain Phil Marso, organisateur depuis une dizaine d'années des Journées mondiales sans téléphone portable les 6, 7 et 8 février de chaque année.
"C'est un outil qui déshumanise. Un jour dans la rue, une personne qui cherchait son chemin m'a tendu son smartphone avec le plan du quartier sur l'écran au lieu de me demander où se trouvait la rue qu'elle cherchait", raconte-il.
"Parallèlement à tout cela, les réseaux sociaux créent des liens avec des communautés et font qu'il y a un besoin de mise à jour constante et de consultation en permanence. S'il y avait un petit compteur sur chaque téléphone comptabilisant le nombre de fois où on le vérifie, on serait surpris", souligne Damien Douani.
"Extension du domaine de l'addiction"
Cet expert parle de "véritable extension du domaine de l'addiction": "Il y a ce syndrome 'je suis toujours connecté', 'je vérifie mon téléphone au cas où'".
"On est dans une société robotique où on doit faire plein de choses à la fois. Une partie de la population pense que si elle n'est pas connectée, elle loupe quelque chose. Et si on loupe quelque chose ou si on ne peut pas réagir tout de suite, on développe des formes d'angoisse ou d'énervement. Les gens n'ont plus de patience", selon Phil Marso, auteur en 2004 du premier livre entièrement rédigé en SMS.
"Le smarpthone détruit une forme de fantaisie. Tout est servi sur un plateau et il n'y a plus de spontanéité ou d'effet de surprise, comme trouver un restaurant au fil des rues au lieu de le repérer grâce à une application mobile et s'y rendre directement. On est en train de tuer une forme d'inattendu", estime-t-il.
Egger Ph.