Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

jeudi 7 juin 2012

Rome : Des héros de légende...mais aussi des citoyens qui croient en leur destin


Des héros de légende…

Disons-le d'entrée : l'image de Rome qui s'est imprimée dans nos mémoires d'écoliers studieux est, sinon fausse, du moins trop partielle – voire partiale – pour refléter la réalité. Les voici donc, ces Romains, grands bâtisseurs d'empire, faiseurs de lois et de discours vengeurs au Forum quand ils ne parcourent pas le monde antique, armés jusqu'aux dents, dans le seul dessein de gouverner les autres, de les plier à leur discipline, de les soumettre à leur redoutable administration.

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Et de citer Virgile : "Toi, Romain, souviens-toi de gouverner les peuples sous ton empire", sans trop se soucier du contexte, du propos, de l'appel à la paix et à l'humanité qui accompagnent ce vers de L'Énéide. Les a-t-on entendus, au long des pages de Tite-Live et de César traduites laborieusement, ces légionnaires dont les galoches aux semelles de plomb – pour ne pas user le cuir ! – martelaient le pavé des routes au rythme de leur pas lent, mais régulier, au point de devenir obsédant ! Les a-t-on vus ces héros impressionnants de courage et d'humilité au service exclusif de leur patrie ! Voici Horace, vainqueur des Curiaces, qui sauve Rome de la servitude, et Cincinnatus qui délaisse seize jours ses labours, le temps de repousser l'ennemi, puis revient à son araire et enraie placidement la terre comme s'il l'avait quittée la veille ; voici Régulus, venu à Rome encourager à combattre Carthage jusqu'au bout, qui s'en retourne se livrer à l'ennemi parce qu'il avait donné sa parole ; il sait que la mort l'attend, mais il supporte les plus affreuses tortures sans même jeter un cri… Et l'idée s'insinue que ces héros rigides, glorifiés par l'histoire, sont des statues sans âme, des géants impitoyables, à la limite de l'humain, que seuls pouvaient encore mettre en scène un Shakespeare ou un Corneille. Les Romains eux-mêmes, d'ailleurs, sont à l'origine de ces stéréotypes : les jeunes écoliers de l'Antiquité écoutaient la geste de ces héros avec le plaisir qu'aiguise le frisson de l'effroi.

Certes, c'est ainsi que Rome s'est faite, au prix des sacrifices et du don de soi.

Theatrum Belli