Les fans de football qui habitent le canton de Fribourg peuvent se réjouir. En Suisse romande, ils sont les seuls à bénéficier officiellement d’une autorisation pour «exprimer leur joie» à la fin d’un match qui a vu la victoire de leur équipe. Ailleurs, la tolérance est de mise, mais officieuse. Tandis qu’à Fribourg, la Conférence des préfets a émis une directive officielle. Et ça marche plutôt bien.
Il faut dire que la police avait tout prévu. Elle avait diffusé un communiqué le 22 juin, dans lequel elle rappelait que les fans pouvaient «exprimer leur joie» durant une heure au maximum et que les comportements à risque ne seraient pas tolérés.
«On empêche les gens de sortir la moitié du corps d’un véhicule, de faire du wheeling, c’est-à-dire de rouler sur la roue arrière à moto ou encore de faire vrombir leur moteur ou crisser leurs pneus», ajoute Gallus Risse, en évoquant l’«auto corso», comme les policiers les nomment, c’est-à-dire les «cortèges de voiture».
Et pour mettre toutes les chances de leur côté, des patrouilles se sont rendues durant le match dans les centres culturels portugais et espagnols de Fribourg, ainsi qu’à Guin, où se trouve un écran géant. But du jeu: «Calmer les ardeurs et rappeler les règles», explique le sergent Stefan Marti, qui faisait équipe avec le gendarme Thomas Buchs, à bord du véhicule SA 326, surnommé «Tabarro». «C’est l’utilitaire avec lequel les patrouilles préventives sont effectuées dans le cadre des manifestations. Il tire son nom de l’italien. A Venise, «Tabarro», c’est une longue cape noire dans laquelle on peut se draper pour se protéger au mieux du vent, du froid et de la pluie», explique Gallus Risse. Pas besoin pourtant d’imposer sa présence puisque les Espagnols ont même joué les bons élèves. Ils avaient en effet affiché les consignes à respecter sur la porte de leur local à l’avenue du Général-Guisan.
N’empêche, ces visites préventives servent aussi à repérer les éventuels problèmes. «On mémorise déjà quelques numéros de plaques au cas où», poursuit Stefan Marti. C’est aussi l’occasion de procéder à des contrôles, comme cette Opel, circulant sur le boulevard de Pérolles et arborant le drapeau portugais avec un dispositif particulier au-dessus de la vitre arrière. «On dirait des caméras, je vais appeler les agents pour qu’ils l’interpellent et vérifient», a lancé Gallus Risse. Finalement, il s’agissait d’un klaxon très élaboré. Pour la petite histoire, après le match, la même voiture avait rajouté le drapeau espagnol.
Une ambiance bon enfant qui se retrouve jusque dans les habitudes des fans à Fribourg. «Les Portugais, c’est le boulevard de Pérolles et les Espagnols la rue de l’Hôpital et la place Georges-Python», note Gallus Risse. Et ils ont leur manière de fêter. «Les Portugais sont plus nombreux sur les trottoirs tandis qu’il y a davantage de véhicules chez les Espagnols.»
«On a procédé à une seule dénonciation. Trois jeunes qui étaient sur le même scooter et qui ont été avertis deux fois sans se conformer à nos indications», résume l’adjudant Martial Pugin, chef d’intervention de l’opération «Hopak». Qui n’est rien d’autre que le nom d’une danse populaire ukrainienne. «Il fallait trouver une dénomination en rapport avec cet Euro!» précise Gallus Risse . Jeudi soir, son équipe était à nouveau sur le qui-vive, puisque les Italiens sont venus fêter leur victoire durant une heure en ville de Fribourg avec 500 voitures et 1000 personnes. Le tout sans incident. Dimanche soir, les supporters espagnols en ville de Fribourg ont eu une heure pour «exprimer leur joie» selon une autorisation officielle de la conférence des Préfets.
Egger Ph.