Vrai. On les accuse souvent de pousser les jeunes à la violence, mais de récentes études montrent qu'ils sont bénéfiques pour apprendre et raisonner.
Les jeux vidéo sont régulièrement soupçonnés d'inciter les adolescents à la violence, surtout quand il s'agit de tuer virtuellement un maximum d'ennemis ! Une équipe scientifique de l'université de l'Indiana, aux États-Unis, a cherché à le vérifier en 2011, en scrutant le fonctionnement du cerveau d'une vingtaine de joueurs grâce à des appareils de neuro-imagerie.
Au bout d'une semaine, la partie de leur cerveau qui gère le contrôle des émotions et l'agressivité s'est montrée peu active : c'est le signe qu'ils étaient moins capables de maîtriser un éventuel accès de violence. Était-ce l'effet du jeu vidéo ? La même année, à l'université américaine du Missouri, des psychologues ont demandé à environ 70 jeunes de jouer à un jeu vidéo, violent ou non. Puis ils leur ont montré des images plus ou moins dures et ont enregistré la réaction de leur cerveau. Après une session de vingt-cinq minutes sur un jeu belliqueux, les jeunes ont peu réagi à la vue d'images montrant une scène d'agression.
Vrai bénéfice
Pire, quand ils ont ensuite été soumis à un test d'agressivité, ils se sont montrés particulièrement offensifs... Où est le côté positif ? Toujours aux États-Unis, mais cette fois à l'université de l'Illinois, la psychologue Daphné Bavelier a dévoilé un vrai bénéfice du jeu vidéo. La chercheuse a comparé les performances de treize jeunes joueurs et de treize non-joueurs dans des tests de compétences visuelles : capacité d'attention, de prise en compte d'un grand nombre d'éléments en même temps, de repérage des objets dans un large champ visuel, ou encore de changement rapide de tâche.
Dans les mois qui ont précédé l'expérience, les joueurs se sont adonnés à des jeux de course, d'action ou de tir, de type Super Mario Kart, Spider-Man, Half-Life, etc. Ils se sont montrés les meilleurs. Et il a suffi aux non-joueurs de commencer à jouer pour que leur attention visuelle augmente !
Les jeux peuvent même soigner
Depuis cette étude réalisée au début des années 2000, Daphné Bavelier a confirmé par plusieurs expériences l'aspect positif des jeux vidéo. Pas seulement sur le plan visuel, mais aussi, plus largement, sur les facultés de mémoire, d'apprentissage et de raisonnement. D'autres chercheurs abondent dans son sens. Ainsi, à l'université du Michigan, on a testé le potentiel créatif d'environ 500 très jeunes adolescents et montré l'intérêt des jeux.
Ces bénéfices existent, qu'il s'agisse de jeux d'interaction (Les Sims, Animal Crossing) de sport, de course, d'action et d'aventure (Half-Life, Star Wars...) ou de jeux dans lesquels on affronte des adversaires (Zelda, "Super Smash Bros, etc.). Et ils peuvent même soigner ! Le psychiatre Serge Tisseron et le psychologue Michael Stora s'appuient sur certains d'entre eux dans le cadre de psychothérapies, assurant qu'ils permettent aux enfants d'exprimer leur agressivité et, plus simplement, de retrouver l'estime de soi. À condition de ne pas les laisser s'y enfermer et d'en parler avec eux..
Anne Balleydier