Dénigrée par la Suisse sous l'ère Ben Ali, la Tunisie profitera en 2013 d'un programme d'aide de 30 millions de francs géré par la coopération suisse sur place.
Pierre Combernous a relancé les échanges helvético-tunisiens. (photo: Keystone)
En septembre 2010, lorsque le nouvel ambassadeur suisse nommé à Tunis Pierre Combernous a pris ses quartiers, les relations entre la Suisse et la Tunisie étaient quasi-inexistantes. Le discours délivré cinq ans plus tôt à Tunis par l'ancien conseiller fédéral Samuel Schmid dans le cadre du Sommet mondial de la société de l'information avait refroidi le climat entre les deux pays.
Le Bernois s'était permis de fustiger les carences en matière d'informations en Tunisie. Il était dès lors hors de question pour Berne de coopérer avec le régime policier de Zine al-Abidine Ben Ali.
«Lorsque je suis arrivé ici, les Tunisiens ne parlaient que de football et de météo puis tout a changé du tout au tout en janvier 2011 avec le début de la révolution. Deux mois plus tard, le 11 mars, le Conseil fédéral prenait la décision de lancer un vaste programme de soutien en faveur de l'Afrique du Nord», a indiqué dimanche soir à l'ats M. Combernous.
Penser local
Aujourd'hui, la Suisse est omniprésente dans plusieurs régions défavorisées du centre et du sud de la Tunisie. Au total, la coopération helvétique bénéficie cette année de 30 millions de francs pour mener à bien des projets liés autant à la transition démocratique qu'au développement économique ou pour aider le pays à gérer sa politique migratoire.
Berne soutient par exemple la construction de stations d'épuration dans la province de Kasserine (centre) et pousse l'hôtellerie à «penser local» en impliquant les acteurs des régions balnéaires et touristiques, à favoriser le développement des énergies renouvelables ou encore à soutenir la création de micro-entreprises.
Fin 2012, plus de 135 prêts participatifs et 1700 micro-crédits ont été accordés, pour un potentiel de 1500 emplois créés, l'objectif final étant la création de 10'000 emplois jusqu'en 2015.
Processus constitutionnel
La capitale n'a pas été oubliée. Un projet de la coopération suisse vise par exemple la formation de 80 jeunes, filles et garçons, non qualifiés et actuellement privés d'activité, issus de familles nécessiteuses des quartiers défavorisés du Grand Tunis. Jusqu'ici, cette formation professionnelle accélérée a permis à six jeunes Tunisiens de se lancer dans le métier de coiffeur et à trois autres de monter leur entreprise.
Quatre secteurs clés de l'économie tunisienne sont visés par ces aides: le textile, l'agro-alimentaire, le traitement de surface et l'hôtellerie. La formation de jeunes au métier d'installateurs solaires est également prévue dans ce programme.
La Suisse met encore à disposition son expertise dans le processus constitutionnel en cours en Tunisie. Selon l'agenda prévu, un projet de constitution, maintes fois reporté, est cette fois attendu pour avril avec une première lecture au parlement en juillet, dans le but d'organiser des élections d'ici la fin de l'année, entre octobre et décembre probablement.