Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 1 avril 2013

1816, un été sans Soleil !


L’année 1816 fut l’année sans été en Europe et aux Etats-Unis, et même jusqu’en Chine. C’est ainsi que les historiens ont nommé cette année catastrophique. L’Europe connu des températures inférieures à 0 degré pendant l’été, des pluies glaciales, et toutes les récoltes furent détruites.

Que s’est-il passé?





En 1812 et 1814, des volcans des Caraïbes et des Philippines avaient été très actifs, laissant dans l’atmosphère des tonnes de poussière. En 1815, un volcan d’Indonésie, le Tambora, a explosé, un peu à la manière du Krakatoa en 1883. L’explosion du Tambora fut décrite par des témoins et transcrite par les chroniqueurs de l’époque.

“Le 5 avril 1815 eut lieu une première éruption donnant une colonne éruptive de 33 km de hauteur et qui dura 33 heures. Le paroxysme de l'éruption eut lieu 5 jours plus tard, le 10 avril. Vers 10h du matin, une colonne éruptive de 44 km de haut monta dans le ciel, mais l'éruption dura seulement 3h. Vers 7h de l'après-midi, l'activité du volcan augmenta, suivi une heure plus tard d'une pluie de ponce sur le village de Sanggar, 30 km à l'est. Le volcan à ce moment était alors surmonté d'après les témoins de trois « colonnes de flammes », en fait trois colonnes éruptives. La chute de pierres ponces dura jusqu'à 10h du soir, lorsque le village de Sanggar fut ravagé par une onde de choc. Vers ce moment, toujours d'après les témoins, les trois colonnes fusionnèrent et la montagne ne fut plus qu'une masse de « feu liquide ».”

Le volcan tua directement 11’000 personnes et le tsunami qui suivi environ 50’000. La poussière du Tambora, ajoutée à celle des autres volcan, fit un nuage sur l’hémisphère nord pendant presque deux ans. Le soleil étant voilé, voire absent pendant toute l’année 1816, la température se refroidit dramatiquement.

“En mai 1816, le gel détruisit la plupart des récoltes qui avaient été plantées et en juin deux grands blizzards dans l'Est du Canada et en Nouvelle-Angleterre entraînèrent de nombreuses morts. C'est presque un pied de neige qui fut observé dans la ville de Québec au début de juin. En juillet et août, on vit de la glace sur les lacs et les rivières aussi loin vers le sud qu'en Pennsylvanie. Des différences rapides et extrêmes de température étaient habituelles et des températures normales ou proches de la normale en été, allant jusqu'à 35 °C, pouvaient tomber au-dessous de zéro en quelques heures.”

Les conséquences humaines furent particulièrement graves:

“L'Europe, qui n'était pas encore rétablie des guerres napoléoniennes, connut une crise alimentaire. Des émeutes de subsistance éclatèrent en Grande-Bretagne et en France et les magasins de grains étaient pillés. La violence fut la pire en Suisse, pays privé d'accès à la mer, où la famine força le gouvernement à déclarer l'état d'urgence. Des tempêtes d'une rare violence, une pluviosité anormale avec débordement des grands fleuves d'Europe (y compris le Rhin) sont attribuées à l'événement, comme l'était le gel survenu en août 1816. Un documentaire de la BBC réalisé en Suisse estimait que les taux de mortalité en 1816 étaient cette année deux fois supérieurs à la moyenne avec au total deux cent mille morts.”

Les populations en étaient souvent réduites à manger des racines, quand celles-ci n’étaient pas gelées. Les couchers de soleils avaient pris des teintes psychédéliques, et le peintre Turner en témoigne dans certains tableaux de cette époque. En fait tout l’hémisphère nord fut atteint:

“L'éruption du Tambora donna aussi en Hongrie un exemple de neige marron. L'Italie connut quelque chose d'analogue, avec de la neige rouge qui tomba tout au long de l'année. On croit que la cause en était la cendre volcanique contenue dans l'atmosphère.

En Chine, les températures exceptionnellement basses de l'été et des trombes d'eau furent désastreuses pour la production de riz dans la province du Yunnan au Sud-Ouest, avec comme résultat une famine générale. Fort Shuangcheng, aujourd'hui dans la province de Heilongjiang, signala que des champs avaient été ravagés par le gel et qu'en conséquence les conscrits désertaient. Des chutes de neige en été se produisirent en différents endroits dans les provinces de Jiangxi et d'Anhui, toutes les deux dans le Sud du pays. À Formose, pourtant sous un climat tropical, on vit de la neige à Hsinchu et à Miaoli, et du gel à Changhua.”



Sur le mur d'une maison à Heiligenstein, en Alsace, on peut lire :



Im Jahr 1817 ist diese Hütte gebauet worden, in welchem Jahr man für ein Furtel Waißen bezahlte 120 fr für ein Sack Erdapfel 24 fr für ein Ohmen Wein 100 fr. Jacob Stiedel. 

(En l'année 1817 cette chaumière a été construite ; cette année-là on payait 120 francs pour une mesure de froment, 24 francs pour un sac de pommes de terre, 100 francs pour un Ohmen (50 litres) de vin. Jacob Stiedel.) 



Léonard Nebinger (né en 1794), qui fut maire de Heiligenstein (Bas-Rhin), raconte de façon saisissante dans ses mémoires cette année épouvantable :

1817 fut une année d'une invraisemblable cherté. Le quart de blé valait 150 francs. Il y eut peu de vin et il était aigre. Huit jours avant les vendanges la neige tomba jusqu'à la hauteur d'une moitié de chaussure, si bien qu'en grand nombre les ceps se brisèrent et que de nombreux arbres sur le ban de la commune et dans la forêt rompirent sous la neige. Cette année-là on ne put travailler le sol des vignes tant il avait plu. Dans ce trimestre de disette un ohm de Klevener de 1811 valait 80 francs, un quarteau de blé 150 francs, un sac de pommes de terre 24 francs, une mesure de haricots de 15 à 16 sous. Les paysans sur le marché n'arrivaient plus à savoir ce qu'ils devaient demander, si bien que plus d'une fois, quand ils avaient exagéré, les gens renversaient ce qu'ils avaient sur leur étalage et les pauvres, qui se tenaient derrière eux le leur volaient, imités souvent par les gradés allemands qui étaient encore dans la région3. Les pauvres allaient en forêt, dans les coupes, cueillaient des herbes, les faisaient cuire, les hachaient comme du chou et les mangeaient. Mais tout ce qu'on arrivait à manger cette année-là ne nourrissait pas, si bien que les gens avaient encore faim une heure après. Bien des gens périrent d'inanition dans les environs de Strasbourg et l'on trouva deux enfants morts dans un champ de trèfles où ils avaient mangé de jeunes pousses.

Egger Ph.