Le territoire helvétique n'est pas à l'abris des catastrophes naturelles. Cette thématique reste souvent négligée, alors qu'il vaudrait mieux se préparer.
Au VIe siècle, un éboulement dans le delta du Rhône a produit un tsunami qui s’est abattu sur les rives du Léman. Les vagues ont détruit alors des villages, inondé des moulins, et atteint les murs de la ville de Genève. C’était l’apocalypse. Cet évènement, rare mais dangereux, souligne un fait souvent oublié en Suisse: le territoire helvétique n’est pas à l’abri des catastrophes. «La Suisse a connu relativement peu de dangers naturels lors de son histoire, mais cela a changé récemment, explique Martin Wüthrich, chef du département des assurances dommages à l’Association Suisse des Assurances. Depuis 1987, le nombre de catastrophes a augmenté de façon conséquente à cause du changement climatique: vent, inondations, tempêtes, etc. Tout est plus fort, plus dangereux, plus coûteux.» Tour d’horizon des menaces qui pèsent sur la Suisse.
1. Les tremblements de terre
Il s’agit du danger le plus menaçant pour la Suisse. «La région de Bâle et l’arc alpin, en particulier Sion et les environs, sont les plus exposés, explique Blaise Duvernay, chef de la Centrale de coordination pour la mitigation des séismes de l’Office fédéral de l’environnement. Les secousses pourraient atteindre un niveau sept sur l’échelle de Richter.»
En 1356, un tremblement de terre d’une telle fréquence avait ravagé la région bâloise et causé plus de 300 morts. «Ce type de secousse détruirait plusieurs milliers de bâtiments, causerait plusieurs dizaines de milliers de morts. Le coût des dégâts se chiffrerait à plus de 100 milliards de francs», indique l’expert. Martin Wüthrich souligne un autre problème: «Il y a un trou législatif, les dommages liés à ce genre de catastrophes ne sont pas couverts par les assurances.»
2. Les tempêtes
En décembre 1999, le Lothar s’est abattu sur les terres helvétiques. Le vent avait atteint une vitesse jamais vue: 249km/h au sommet de la Jungfrau. La tempête a tué 14 personnes. Les dégâts sur les bâtiments ont coûté 600 millions de francs, 750 millions dans les forêts.
Les tempêtes, aujourd’hui, sont la menace naturelle qui coûte le plus cher aux Suisses. «Lors de ces évènements, le vent arrache les arbres, des parties de forêts et même des pylônes, explique Hans-Peter Willi, chef de la prévention des dangers à l’Office fédéral de l’environnement. Les bâtiments sont gravement endommagés. Les routes, les voies de chemin de fer et les aéroports sont immobilisés.» Et l’expert relève que la menace ne va pas s’atténuer ces prochaines années: «Avec le changement climatique, l’effet de serre augmente l’intensité des tempêtes.»
3.La grêle
Etonnamment, la grêle est le second danger naturel qui cause le plus de dégâts en Suisse. «En juin et juillet 2011, la grêle a causé pour 205 millions de francs de dégâts. Et rien que le 12 août 2009, cela a coûté 400 millions de francs», explique Martin Wüthrich. Toutes les régions sont concernées sans discrimination. Les boules de glace ont le potentiel d’abîmer des bâtiments, ravager des récoltes et de sérieusement délabrer les voitures.
4. Les avalanches
Ce sont les avalanches destructrices de 1951 qui ont poussé les Suisses à créer la première assurance contre les dangers naturels. En moyenne, les avalanches tuent 25 personnes et causent pour 71 millions de francs de dommages par an. Il s’agit du danger naturel le plus sérieux pour les habitants de l’arc alpin. «L’hiver 1999 a été l’un des plus destructeurs. Dix-sept personnes sont mortes et les dégâts ont coûté 600 millions de francs», indique Stefan Margreth, chef de groupe à l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches. En 60 ans, plus de 1,5 milliard de francs ont été investis dans les infrastructures de protection contre les avalanches.
5. Le dégel du permafrost
Phénomène plus récent, le dégel du permafrost – les terres gelées toute l’année – commence à poser problème. Les fondations de certaines infrastructures alpines s’effondrent à cause de la transformation du sol. Surtout, ce phénomène provoque des chutes de pierres, des éboulements, des glissements de terrain ou des coulées de boues. Les régions les plus concernées sont le Valais, Berne, Glaris et les Grisons. «Il est difficile d’évaluer le coût de ce phénomène, mais nous commençons à en voir des signes concrets», explique Martin Wüthrich.
6. Les inondations
«Les inondations ne sont pas seulement liées à la pluie. Elle sont aussi fortement influencée par d’autre facteurs comme la fonte des neiges», explique Laurent Filipini, du Bureau des cours d’eau au Tessin. L’expert distingue deux types de dangers en fonction des régions. Sur le plateau, les inondations statiques — liées à la hausse du niveau des lacs — abîment les bâtiments. Mais dans les régions alpines, les débordements de cours d’eau sont autrement plus dangereux. «La pression exercée par les torrents peut emporter des gens et des édifices», souligne-t-il. En 1987, les inondations avaient causé pour 1,7 milliard de francs. En 2005, entre 2.5 et 3 milliards. «Pour limiter les risques, les rivières comme le Rhin et le Rhône ont été corrigés à nouveau. Nous essayons de leur donner un cours plus naturel pour mieux prévoir le niveau de l’eau», explique Valérie November, membre de la PLANAT, une commission de spécialistes en dangers naturels à l’Office fédéral de l’environnement.