La présidente du FN a défilé mercredi 1er mai en l'honneur de Jeanne d'Arc avec pour mot d'ordre : "Le peuple d'abord".
En ce 1er mai, sur fond de crise économique et sociale et de défiance à l'égard de la classe politique, le Front national a le vent en poupe. © ERIC FEFERBERG / AFP
"On est chez nous !", "Mélenchon au goulag !", "Islam hors d'Europe !" Un peu après 10 heures, ce mercredi matin, les militants du FN s'égosillent au départ du traditionnel défilé du 1er Mai en l'honneur de Jeanne d'Arc, place du Palais-Royal à Paris. En tête du cortège, on aperçoit la présidente du FN Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, les députés Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, mais aussi les dirigeants Louis Aliot et Florian Philippot qui tiennent une banderole proclamant "Le peuple d'abord". Quelques instants plus tard, le défilé fait une halte place des Pyramides pour déposer une gerbe de fleurs au pied de la statue dorée de la Pucelle d'Orléans. Pour le parti créé par Jean-Marie Le Pen en 1972, le défilé du 1er Mai est devenu une tradition afin d'honorer cette sainte de l'Église catholique qui "incarne l'esprit de résistance" pour avoir repoussé les troupes anglaises au XVe siècle.
Cette année, le cortège est clairsemé, mais les militants ultra-motivés. "Je suis venue parce que seule Marine Le Pen peut nous aider. Je suis au chômage depuis trois ans. Marine Le Pen est la seule à s'occuper des oubliés de la société française", explique au Point.fr Jeannine, une Parisienne de 45 ans. Les militants défilent en arborant fièrement les drapeaux de leurs régions. Et crient les traditionnels slogans frontistes : "Ni droite, ni gauche ! Front national !" ou encore "Marine à l'Élysée ! Du travail pour les Français !" Certains manifestants ont voulu innover en portant à bout de bras une banderole : "Stoppons la dhimmitude" (Un dhimmi est, selon le droit musulman, un non-musulman ayant conclu avec les musulmans un traité de reddition, NDLR). Aussitôt repérés par les services d'ordre du FN, ils sont priés de la replier rapidement. Car depuis que Marine Le Pen est cheftaine du FN, les consignes sont claires : les provocations, les treillis militaires et les cranes rasés sont interdits.
Saucisses grillées et Action française
Dès 11 h 15, les quelque 15 000 militants (selon les chiffres du FN) sont déjà rassemblés devant la majestueuse tribune dressée devant l'Opéra Garnier. En fond, un immense fond bleu et jaune avec pour slogan : "Le peuple d'abord !" Ici et là, des camionnettes prennent place pour vendre des saucisses et des sandwiches. De jeunes garçons vendent le journal de l'Action française, ce mouvement royaliste et nationaliste héritier des idées de Charles Maurras. Maxime, un cordonnier de 30 ans, est venu entre amis pour défiler : "J'ai voté Le Pen au premier tour de la présidentielle. Et la dynamique est en marche, je suis certain qu'elle a des chances d'être au second tour de la présidentielle en 2017."
Pour ce 1er Mai, Marine Le Pen a vu un peu trop grand. Au lieu d'anticiper la faible affluence et de dresser la tribune place des Pyramides, c'est la grande place de l'Opéra qui a été choisie comme l'an dernier. Et à midi, la place est loin d'être remplie, contrairement au 1er mai 2012 où 5 000 à 10 000 militants étaient venus pour célébrer leur chef de file qui avait réuni 17,9 % des voix au premier tour de la présidentielle. Difficile de faire aussi bien en pleines vacances scolaires et en cette année sans élection. Mais pour le FN, l'essentiel n'est pas là. Marine Le Pen caracole dans les sondages et dans les intentions de vote tandis que le parti s'enorgueillit de rassembler 65 000 adhérents. Voilà le plus important. Sans compter la législative partielle de l'Oise fin mars, lors de laquelle la candidate FN a perdu de justesse au second tour (48,6 %), donnant des sueurs froides à l'UMP.
"Nous avons gagné la bataille des idées !
Peu avant midi, Marine Le Pen jubile en grimpant sur la tribune. "Nous avons gagné la bataille des idées ! Désormais, nous devons transformer cette victoire idéologique en victoire politique !" s'enthousiasme-t-elle, en abordant les questions d'immigration, de laïcité ou de lutte contre l'ultralibéralisme. Clamant son "amour de la France", Marine Le Pen ambitionne de "sortir la lanterne, celle du peuple français" car "la France est dans la nuit".
Fustigeant tour à tour Nicolas Sarkozy et François Hollande qui appliquent "la politique du système au service du système", l'ex-candidate à l'Élysée promet d'arriver au pouvoir. "Tenez bon ! Nous y arriverons ! Ce sera la longue épopée des amoureux de la patrie", lance-t-elle d'une voix forte sous les applaudissements.
Ségolène de Larquier