Le Conseil d'Etat fribourgeois a approuvé les plans de fusions élaborés par les préfets des sept districts du canton, qui prévoient de passer de 164 à 35 communes. Le compte à rebours a commencé pour tenter de convaincre les localités.
Pour Marie Garnier, cheffe de la Direction des institutions, il s'agit d'une «belle utopie qui est réaliste», a-t-elle dit mercredi devant la presse. A ses côtés, Erwin Jutzet, Georges Godel et tous les préfets étaient présents pour présenter ces plans.
Ceux-ci ont dressé des cartes géographiques colorées et découpées selon leurs projets: 8 communes en Singine, 6 en Gruyère, 5 pour chacun des districts de la Sarine, du Lac, de la Glâne et de la Broye, et une seule en Veveyse.
Tous les protagonistes affirment qu'il ne s'agit pas de forcer la main et que le plan consiste à encourager les fusions volontaires. Ils soulignent la nécessité de dialoguer avec communes et habitants. Le vocabulaire entendu ici ou là - refus décrits comme des «poches de résistance» - laisse toutefois affleurer de fermes ambitions.
Votes consultatifs
Les autorités comptent sur l'effet de carotte que constituerait l'aide prévue par la loi sur l'encouragement aux fusions (50 millions de francs au total). Pour obtenir un financement, les communes doivent présenter leurs projets d'ici à juin 2015.
Elles sont incitées à sonder la population, ce que quelques-unes ont déjà fait. Sinon, passé ce délai, le Conseil d'Etat lancera des votes consultatifs, mais qui s'adresseraient aux législatifs des communes et non aux habitants.
Il n'est pas prévu de prolonger ce délai, martèle le Conseil d'Etat. Le bilan sera fait en 2015, insiste Marie Garnier, ajoutant que «si on se retrouve avec une image d'Emmental» en lieu et place des découpages prévus, «il sera temps de voir comment réagir».
Le chef des finances Georges Godel a ajouté que «le Conseil d'Etat prendra ses responsabilités» s'il s'avère que les plans des préfets se réalisent intégralement, hypothèse qui porterait l'aide totale nécessaire à 65 millions selon la clé de répartition. Interrogés sur le fait que d'aucuns voient ce plan comme une machine à gaz sans effet, conseillers d'Etat et préfets le réfutent. Ils estiment qu'il a déjà eu un impact, en stimulant des discussions qui sinon n'auraient jamais eu lieu.
Blocages
Reste qu'à l'intérieur des périmètres souhaités, les discussions présentent des états d'avancement fort divers. Certaines communes sont encore en train de digérer des fusions déjà opérées. D'autres ne participent même pas aux discussions car elles ne comptent pas fusionner. Il existe aussi des blocages liés à des relations entre les personnes, avancent certains préfets.
Au programme désormais: les préfets prendront leurs bâtons de pèlerins pour aller exposer dans les communes tous les avantages qu'ils voient dans les fusions. Certains ont déjà commencé. Concernant le dossier épineux du Grand-Fribourg autour de la capitale cantonale, le Conseil d'Etat a souligné sa volonté d'un centre fort, et vite. Deux variantes sont proposées: l'une à six communes dont Givisiez et Granges-Paccot, l'autre à huit communes en incluant aussi Chésopelloz et Corminboeuf.
Rappelons que ces quatre localités ont pourtant lancé leur propre projet («2C2G»), qui va bon train. Le vote populaire sur cette nouvelle entité, Englisbourg, est prévu en mars 2014. A cet égard, le gouvernement soutient les projets du préfet mais concède qu'il ne peut s'opposer à cette dynamique de fusion déjà active. «Nous la voyons comme une étape vers la fusion du Grand-Fribourg», maintient Marie Garnier.