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samedi 22 juin 2013

Le FN, se parti qui grimpe, qui grimpe, qui grimpe...


Entre 26 et 29 % des Français prêts à voter Front national 

Marine Le Pen © NICOLAS TUCAT / AFP 

Le vote FN apparaît de plus en plus comme un vote d'adhésion, et non comme un vote protestataire, commente Gaël Sliman, directeur adjoint de BVA.

26 % des Français pourraient voter pour le Front national à une élection nationale, et 29 % pourraient le faire à une élection locale, des proportions qui marquent des progrès de la formation d'extrême droite, selon un sondage BVA pour l'émission CQFD de i>Télé publié vendredi. D'après cette enquête, 11 % des personnes interrogées pourraient voter "certainement" pour le FN à des élections présidentielle ou législatives, et 15 % le pourraient "probablement", soit un potentiel électoral de 26 %. À titre de comparaison, le potentiel électoral, mesuré dans cette même enquête, s'élève à 51 % pour l'UMP, et à 46 % pour le PS. En mars 2012, un mois avant l'élection présidentielle, une enquête précédente de BVA évaluait le potentiel électoral de Marine Le Pen à 17 %, soit quasiment le même niveau que le score qu'elle avait obtenu le 22 avril 2012.

Selon BVA, le potentiel de vote du Front national est particulièrement fort chez les jeunes (33 %) et chez les ouvriers (40 %). Auprès des ouvriers, la part de ceux se déclarant "certains" de voter pour le FN (27 %) est même désormais supérieure à celle se déclarant certaine de voter pour le PS (24 %) ou pour l'UMP (14 %). D'autre part, relève le directeur général adjoint de BVA Gaël Sliman, la porosité entre électeurs potentiels du PS et du FN "est extrêmement limitée", puisque seules 4 % des personnes interrogées pourraient voter pour l'un comme pour l'autre parti. "La porosité entre FN et UMP est 4 à 5 fois supérieure, puisque 18 % envisagent de pouvoir voter pour l'UMP et pour le FN", précise-t-il.

Au niveau local, avec 29 %, le potentiel électoral du FN est supérieur de trois points à son niveau national. C'est aussi le cas pour l'UMP (54 %) et le PS (49 %). S'il est "habituel" pour les partis de gouvernement que sont l'UMP et le PS, cet écart de trois points est "assez exceptionnel pour le FN qui n'est pas un parti à qui les élections locales réussissent habituellement", commente Gaël Sliman. Enfin, le vote FN apparaît de plus en plus, non comme un vote protestataire, mais comme un vote d'adhésion. À la question "qu'est-ce qui vous incite le plus à envisager de voter" pour ce parti, 51 % ont répondu "l'adhésion aux idées politiques du FN" et 47 % "le rejet des autres partis" (2 % de non-réponses). La question n'est toutefois posée qu'aux 29 % du total de l'échantillon affirmant pouvoir voter pour le Front national.

Enquête réalisée par Internet les 19 et 20 juin auprès d'un échantillon de 1 060 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, recruté par téléphone. Méthode des quotas.


UMP, PS, MoDem : ces transfuges passés sous pavillon FN 

Parmi les 493 candidats FN investis pour les élections municipales, une trentaine sont d'anciens militants venant de tous horizons politiques. 

Encouragé par ses bons résultats aux législatives partielles, le FN prépare activement les élections municipales de mars 2014. À ce jour, parmi les quelque 493 candidats investis sous l'étiquette FN ou Rassemblement Bleu Marine, une trentaine sont d'anciens militants venant de tous horizons. Qui sont ces transfuges et d'où viennent-ils ? Selon un document interne qu'a pu consulter Le Point.fr, 13 candidats investis par Marine Le Pen sont issus de l'UMP. Il s'agit, par exemple, d'Adrien Mexis, tête de liste à Istres (Bouches-du-Rhône), de Catherine Rouvier, tête de liste à Aix-en-Provence, de Philippe de La Grange, candidat au Luc (Var), de Jean-Bernard Formé, tête de liste à Lorgues (Var) ou de Marie-Anne Baudoui-Maurel, ex-présidente de l'association des Amis de Nicolas Sarkozy dans les Alpes-de-Haute-Provence pour la présidentielle qui sera tête de liste à Digne-les-Bains. 

Un parti "attrape-tout"

Trois candidats sont des transfuges du MoDem de François Bayrou. Il s'agit notamment de Damien Guttierez, tête de liste à La Seyne-sur-Mer (Var), et de Pierre-Jean Robinot, candidat à Épinal (Vosges). Six candidats investis par Marine Le Pen viennent des partis de Nicolas Dupont-Aignan ou de Philippe de Villiers. Alain Verdin a été investi pour conduire la liste FN à Poitiers (Vienne), Romain Vaudan dans le 3e arrondissement de Lyon (Rhône), Alain Rousseau à Brest (Finistère) et Anne-Laure Maleyre à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Enfin, sept candidats frontistes sont issus du PS. On peut notamment citer Antoine Ibba, tête de liste à Grenay (Pas-de-Calais), Mungo Shematsi à Saint-Martin-d'Hères (Isère) ou l'ex-conseiller municipal Daniel Gest à Outreau (Pas-de-Calais). 

Le FN continue d'être un parti "attrape-tout" qui essaie de séduire autant les "déçus du PS de François Hollande" que "les orphelins de Nicolas Sarkozy". "Le rassemblement est en marche", se félicite-t-on au sein de la commission d'investiture du FN. Pour le parti de Marine Le Pen, les municipales sont un rendez-vous à ne pas manquer puisque c'est l'occasion de constituer un important tissu d'élus locaux à travers tout le territoire. Le FN espère rééditer le succès des municipales de 1995, lors desquelles plus de 1 000 frontistes avaient été élus dans les conseils municipaux après avoir constitué 540 listes. "La dynamique est bonne : le FN et Marine Le Pen sont très populaires, l'opinion des Français change au sujet de l'immigration, de l'insécurité et du mondialisme", se félicite le secrétaire général du FN, Steeve Briois. 


Mungo Shematsi, ex-PS : "Le FN n'est pas raciste" 

Une trentaine de transfuges de l'UMP, du PS et du MoDem sont candidats FN aux municipales. Qui sont-ils ? Tour d'horizon en quatre portraits. 

"Au FN, j'ai trouvé des gens normaux", explique Mungo Shematsi, candidat aux municipales à Saint-Martin-d'Hères (Isère). © DR 


Encouragé par ses bons résultats aux législatives partielles, le FN prépare activement les élections municipales de mars 2014. À ce jour, parmi les 493 candidats investis sous l'étiquette FN ou Rassemblement Bleu Marine, une trentaine sont d'anciens militants encartés venant de tous les horizons. Qui sont ces transfuges et d'où viennent-ils ? Galerie de portraits de quelques-uns de ces candidats qui ont franchi le Rubicon en s'engageant pour Marine Le Pen.

Mungo Shematsi, ex-PS : "Le FN n'est pas raciste"

Ce réfugié politique d'origine congolaise adhère au PS après les émeutes dans les banlieues de 2005. Mais, dégoûté par "les dirigeants socialistes, qui pensent davantage à s'enrichir qu'à oeuvrer pour la France", ce professeur d'économie en BTS pousse un jour la porte d'une réunion du FN. "Quand j'étais encarté au PS, je pensais que le FN était raciste, mais ce n'est pas le cas, car j'ai trouvé des gens normaux", explique-t-il au Point.fr. "L'honnêteté" de Marine Le Pen et "son amour de la France" achèvent de le convaincre, et il prend sa carte en mai 2011. Mungo Shematsi a été investi tête de liste FN aux municipales à Saint-Martin-d'Hères (Isère). Habitant de La Villeneuve, cité de la banlieue de Grenoble tristement connue pour ses violences, il espère y emmener un jour Marine Le Pen. "Dans mon quartier, beaucoup sont déçus par Hollande, mais ils n'osent pas voter UMP, et le FN leur fait encore peur", souffle-t-il.

Damien Guttierez pour une "coalition FN-UMP"

Infirmier, ce fils de pieds-noirs âgé de 32 ans est tête de liste FN à La Seyne-sur-Mer (Var). C'est parce qu'il se dit attaché aux questions de moralité publique qu'il a rejoint Marine Le Pen. Entre 2004 et 2009, Damien Guttierez est membre de l'UMP avant de rejoindre François Bayrou. Même s'il n'a jamais été encarté MoDem, il est investi pour les législatives de juin 2012 dans la 7e circonscription du Var. C'est au second tour de cette élection qu'il fait son premier pas en direction du FN. Lors de la triangulaire UMP-PS-FN, Damien Guttierez appelle à voter pour le candidat frontiste Frédéric Boccaletti. Se classant clairement "à droite", il n'imagine pourtant pas une seconde voter pour le candidat UMP Jean-Sébastien Vialatte, avec qui il a eu des différends. "L'ennemi public numéro un de la République n'est pas le FN, mais la corruption des politiques", se justifie-t-il alors. En août 2012, Damien Guttierez prend sa carte au FN. "Je pense qu'une coalition FN-UMP est le souhait de la majorité des électeurs de droite", affirme-t-il au Point.fr.

Alain Verdin : "Le TGV de Le Pen va plus vite que la micheline Dupont-Aignan"

Ce retraité de 60 ans est tête de liste FN à Poitiers (Vienne). Encarté à Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, de 2003 à 2012, cet ancien fonctionnaire rejoint le parti de Marine Le Pen après la présidentielle. "Le TGV de Marine Le Pen n'a rien à voir avec la micheline de Dupont-Aignan. Marine Le Pen a une grande force de persuasion. Et quand elle persuade les Français, c'est pour prendre le pouvoir. Pas comme d'autres...", explique-t-il au Point.fr. Alain Verdin reconnaît que ses convictions ont évolué au fil des années avec la montée en puissance de l'immigration, de l'insécurité et du chômage. "Il y a dix ans, le vote FN était un vote de protestation. Aujourd'hui, c'est un vote d'adhésion", lance-t-il.

Adrien Mexis, de l'UMP au FN

Âgé de 32 ans, cet administrateur de la Commission européenne a été investi tête de liste FN à Istres (Bouches-du-Rhône). Ancien militant de l'UMP, ce diplômé de Sciences Po a figuré en 36e position sur la liste conduite par Jean-François Copé aux élections régionales de mars 2004. Après avoir délaissé la politique pendant quelque temps pour des raisons professionnelles, Adrien Mexis décide de prendre sa carte au FN en 2012, écoeuré par "les connivences de l'UMPS".



Marine Le Pen, un femme politique comme les autres ! 

Contrairement à son père, elle ne se contente pas de haranguer les foules. Elle veut s'implanter dans toute la France. Et si elle était en train d'y parvenir ? 

L'immunité de Marine Le Pen, députée européenne, sera sans doute levée en juillet, lors de l'assemblée plénière du Parlement de Bruxelles. La commission des Affaires juridiques vient en tout cas, à la majorité des deux tiers, de prendre la décision de transmettre cet avis à l'ensemble des parlementaires européens. Pourquoi ? Pour une phrase prononcée en décembre 2010 dans laquelle la présidente du Front national - qui n'occupait pas ce poste à l'époque - s'était lancée dans une comparaison plus que délicate entre les musulmans faisant leurs prières rituelles dans les rues de Paris, au mépris des piétons et des automobiles, et l'occupation allemande. "S'il s'agit de parler d'occupation, avait-elle insisté, on pourrait en parler pour le coup... Certes, il n'y a pas de blindés, il n'y a pas de soldats, mais elle pèse sur les habitants."

La phrase, qui rappelait d'autres sorties paternelles du même acabit, avait fait son effet : après le dépôt de plainte par le mouvement contre le racisme, le Mrap, et par le Collectif contre l'islamophobie en France, le parquet de Lyon avait demandé en 2012 la levée de l'immunité de Marine Le Pen. Celle-ci lui sera très vraisemblablement accordée dans quelques jours. 

Marine Le Pen et la "dédiabolisation" du Front national

Elle le sera au moment où Marine Le Pen entre dans le peloton de tête des hommes et femmes politiques français. Au moment où, éliminant le socialiste, le jeune candidat du Front national, Étienne Bousquet-Chassagne, est resté en lice contre le représentant de l'UMP à Villeneuve-sur-Lot, dans la circonscription dont Jérôme Cahuzac était jusqu'à présent l'élu. Elle le sera enfin au moment où Marine Le Pen pourrait bien être en train de gagner sa partie essentielle : la "dédiabolisation" du Front national. 

C'est une stratégie qui est la sienne depuis qu'elle est à la tête du mouvement frontiste : dédiaboliser le parti de papa, certes, mais avec obligation de ne pas perdre les militants du Front national qui campent à l'extrême droite depuis les années 80. D'où cette apparente godille : par moments, le plus souvent, Marine Le Pen cherche, et réussit, à s'inscrire à la droite de la droite, refusant le parti pris extrême de son prédécesseur. Et à d'autres, elle se laisse aller à une de ces expressions que Jean-Marie Le Pen ne renierait pas : ainsi de son évocation de l'Occupation. Ainsi, également, de son voyage à Moscou, hier, où, comme Jean-Marie Le Pen parlant autrefois de l'Irak de Saddam Hussein, elle a déploré que la Russie "soit représentée en France sous des traits diabolisés". Façon de prendre à rebrousse-poil l'establishment politique français et européen, qui dans sa quasi-totalité considère Poutine comme le fossoyeur de la Syrie.

Gageons pourtant - et c'est ce qui est en train de changer par rapport aux trois décennies politiques précédentes - que la condamnation de Bruxelles ou celle des juges français ne changeront pas grand-chose au positionnement nouveau de Marine Le Pen. Au mieux, elle suscitera la désapprobation des partis qui lui sont opposés. Au pire, elle sera considérée, par les proches du Front national, comme une manoeuvre destinée à abattre sa présidente.
 Dans la réalité, le Front national est en train de changer. Les groupuscules d'extrême droite que Jean-Marie Le Pen s'était plu à plus ou moins fédérer ont fui, ou s'éloignent, du mouvement dirigé par sa fille. On les a vus peut-être se fondre aux casseurs à l'occasion des manifestations contre le mariage pour tous : mais Marine Le Pen, précisément, toujours dans sa stratégie de normalisation, s'est bien gardée d'apparaître comme la pasionaria de la cause anti-mariage homosexuel. Elle a laissé Frigide Barjot en occuper provisoirement la première place : elle savait bien que le leadership de celle-ci sur la droite ne durerait pas.

Le Front national est en train de devenir un parti comme les autres

La réalité est que le Front national joue aujourd'hui l'implantation sur le terrain, qu'il veut exercer des responsabilités locales, et que sa présidente ne veut pas se laisser enfermer dans la fonction tribunitienne, celle qu'a exercée avant elle Jean-Marie Le Pen. Contrairement à celui-ci, le pouvoir ne l'effraie pas : son père, au contraire, le redoutait. D'où l'engagement personnel de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont : elle sait, comme les élus d'autres formations qui l'ont précédée, appeler les gens par leur prénom, parler avec eux du petit qui n'a pas de travail, ou de la météo folle. 

De jour en jour, sous nos yeux, le Front national est en train de devenir aux yeux des Français un parti comme les autres, qui s'inscrit dans le jeu politique, qui envoie à l'Assemblée nationale un avocat célèbre ou une toute jeune fille, du nom de Marion Maréchal-Le Pen. Une formation qui pourrait, le cas échéant, investir les municipalités ou les conseils généraux.

Peut-être son candidat à Villeneuve-sur-Lot sera-t-il battu dimanche prochain par le candidat de l'UMP. En tout cas, il aura été la révélation du premier tour de ce scrutin partiel vers lequel tous les Français dirigeaient leur regard. Il sera en tout cas intéressant d'observer le comportement des électeurs, de gauche ou de droite. Les électeurs socialistes voteront-ils comme un seul homme pour l'adversaire UMP, observant la discipline républicaine ? Feront-ils rempart contre un candidat dénoncé comme non républicain ou bien préféreront-ils, dimanche prochain, en contradiction avec les mots d'ordre de la rue de Solférino s'en aller visiter les merveilleux petits villages du Lot ? 

Difficile de savoir quelle sera l'évolution future exacte du Front national, et jusqu'où ira sa course vers la normalisation politique. L'UMP peut y voir se briser sa cohésion, certains de ses militants davantage attirés par les promesses et les propositions facilement démagogiques du Front national, d'autres continuant de voir en lui l'ennemi de la République. Le PS peut redouter l'attrait que Marine Le Pen exerce, de façon continue, sur son électorat le plus populaire. Quant au FN lui-même, le pari de sa présidente est de s'implanter dans la réalité politique française sans devenir un parti analogue à ceux qu'elle dénonce avec un constant mépris. 

AFP
Michèle Cotta