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jeudi 20 juin 2013

Le National décide d'agir face à la forte mortalité des abeilles


Image tirée du film «More than honey». DR


Les abeilles doivent être davantage protégées des pesticides et des recherches doivent être lancées à ce sujet. Le Conseil national a adopté mercredi deux motions en ce sens mais la majorité de droite a refusé un troisième texte, qui demandait l'extension de la suspension de certains insecticides.

La première motion, adoptée tacitement, demande la mise en place d'un plan d'action national. Il devra déterminer d'ici la fin 2015 les causes de mortalité des abeilles sur une base scientifique afin de pouvoir élaborer les stratégies adéquates et prendre les mesures nécessaires.

Le second texte, accepté par le National par 145 voix contre 41, charge le Conseil fédéral de prendre des mesures pour réduire, d'ici 2023, les risques inhérents à l'utilisation de pesticides pour les abeilles et les autres pollinisateurs.

«Pertes catastrophiques»

Les élus nationaux veulent ainsi montrer leur volonté d'agir face à la forte mortalité des abeilles remarquée ces dernières années. Ces «pertes catastrophiques» ont culminé pendant l'hiver 2011, avec 25% de colonies en moins, a rappelé Isabelle Chevalley (PVL/VD), au nom de la commission des sciences.

Un fait auquel on ne peut «rester insensible», a complété Jacques Bourgeois (PLR/FR), pour la commission de l'environnement. Il ne faut pas pour autant pas interdire tous les insecticides, sans quoi l'agriculture ne pourrait pas produire autant qu'actuellement, a-t-il argumenté. Des recherches sur les effets indirects des pesticides sur les abeilles devraient permettre de mieux cibler leur utilisation.

Relativiser

L'UDC s'est élevée contre une extension de la suspension de l'utilisation de produits phytosanitaires à d'autres cultures et à d'autres insecticides nuisibles aux abeilles.»L'influence d'insecticides sur la mort des abeilles doit être relativisée, aucun lien direct entre l'utilisation de pesticides et la mort des abeilles n'a pu être prouvé», a argumenté Nadja Pieren (UDC/BE).

Son argumentaire a convaincu une majorité de droite. La motion a été rejetée par 99 voix contre 85. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer sur les deux autres.

Le crépuscule de l’abeille à miel

Le documentaire «More than Honey» montre une abeille mise à contribution de la même manière que l’homme dans «Les Temps modernes» de Chaplin. Piqûre de réflexion.

Vous ne regarderez plus les abeilles de la même façon après avoir vu «More than Honey», qui sort le 28 novembre sur les écrans romands. Markus Imhoof, le réalisateur et coproducteur de ce documentaire époustouflant, a choisi de montrer Apis mellifera à taille humaine, avec ses yeux immenses et poilus et sa carapace qui la font ressembler à un être venu d’une autre planète.

«J’ai ressenti l’urgence et l’importance de ce thème alors que l’on voyait dans le monde entier que les abeilles étaient en train de mourir. J’ai mis de côté un autre projet pour faire ce film, souligne Markus Imhoof. Mon intention était de permettre au spectateur de saisir le drame en train de se jouer grâce à des images très sensorielles. Et, au-delà de la vie bien réelle des minuscules abeilles, de mettre en évidence un contexte bien plus vaste.»

La bande-annonce de «More than Honey»



Le grand-père du réalisateur soignait des ruches pour sa conserverie de fruits, et le petit Markus était déjà fasciné par les abeilles. Il a élaboré le projet de «More than Honey» avec son beau-fils BorisBaer, qui dirige à Perth, en Australie, le Centre de recherche intégrée sur les abeilles (CIBER), auquel collabore sa fille Barbara. Le couple travaille depuis trois ans avec une trentaine de scientifiques sur le système immunitaire des abeilles. L’Australie, qui compte encore des abeilles à l’état sauvage, dispose d’une banque génétique énorme.

Cinq cerveaux humains

Markus Imhoof a fait le tour d’un réseau mondial de chercheurs. Dont le professeur berlinois Randolf Menzel, neurobiologiste, qui murmure à l’oreille des abeilles. Avec lui, on plonge dans l’extraordinaire organisme formé par 50'000 butineuses. Il concentre la puissance de calcul de 500 millliards de cellules nerveuses (5 x le cerveau humain).

En Californie, John Miller, apiculteur industriel, loue ses colonies pour polliniser les amandiers de cet Etat, puis les pommiers du Maine, avant de faire un crochet par le Dakota. Images spectaculaires, propos mercantiles, et abeilles sur le carreau. Belle santé en revanche pour les protégées de Fred Terry, en Arizona, les abeilles dites «tueuses». «Ce ne sont pas des caniches comme les abeilles d’élevage normales», lâche Fred Terry. Ce sont des loups. Voilà pourquoi elles ne tombent pas malades.»

Au nord de la Chine, les abeilles ont été décimées suite à une campagne d’éradication des moineaux. La disparition des oiseaux a été suivie d’une prolifération de vermine, traitée à grands coups d’insecticides. Avec comme dégât collatéral la disparition des abeilles. Etrange spectacle que celui de ces grappes de Chinois perchés dans les arbres, qui pollinisent les vergers avec des cotons-tiges imprégnés de pollen.
Dans les Alpes bernoises, Fred Jaggi élève exclusivement des abeilles de race noire locale: «leur place est ici, et il faut que cela reste ainsi», dit-il. Heidrun et Liane Singer, elles, élèvent en Autriche une souche d’abeilles «Carnica», qui porte leur nom (Carnica Singer).

A des degrés divers, tous les protagonistes du film travaillent au rythme de la nature, mais parfois aussi contre elle. Un paradoxe au quotidien. I

Markus Imhoof: «On pourrait apprendre d’elles»

Né à Winterthour en 1941, Markus Imhoof a fait des études de cinéma. Depuis 1969, il travaille comme auteur et réalisateur indépendant de longs-métrages et de documentaires. Le grand public se souvient notamment de «Das Boot ist voll» (la barque est pleine), en 1980, le drame des réfugiés juifs renvoyés à la frontière suisse en 1939-1945. Coproduit avec Alain Meier, «More than Honey» a été présenté en première mondiale lors de l’édition 2012 du Festival international du film de Locarno. Il sort cette semaine sur les écrans romands.

- La disparition des abeilles, une conséquences de notre manière de vivre, c'est le message que vous voulez faire passer?

J’essaie de ne pas le présenter comme cela, mais je suis heureux si le spectateur aboutit à cette réflexion. Chacun de nous veut continuer de manger ce qu’il mange et n’a pas envie de voir le monde en noir et blanc, sans légumes et sans fruits, ou même sans viande. A la base de l’énorme pyramide de la globalité et de l’économie, il y a les abeilles. Nous devons choisir si nous voulons dominer la nature, ou faire partie de sa famille, vivre avec. La pire image de l’homme, c’est celle d’un parasite de la nature. Et le parasite le plus stupide, c’est celui qui détruit son hôte.

- Dominer la nature ne réussit pas toujours, on le voit dans le film, avec le déplacement de milliers de ruches aux Etats-Unis

Intervenir pour «améliorer» la nature a des conséquences en chaîne auxquelles on n’avait pas pensé. Les abeilles en sont un exemple crucial. C’est frappant aux Etats-Unis, avec la fertilisation des amandiers, où les ruches sont transportées par milliers en camion. L’apiculteur industriel le reconnaît: «mon grand-père serait furieux de voir comment je traite les abeilles: il me dirait que j’ai perdu mon âme. Mais je n’ai aucune possibilité de faire autrement, j’ai dix fois plus de ruches que lui.»

- Vous faites un parallèle avec «Les Temps modernes» de Chaplin

Quand la nature devient une industrie, les abeilles travaillent à la chaîne. Deux tiers de toutes les abeilles américaines sont transportées en Californie en février. Elles se transmettent des maladies. Beaucoup vont mourir à cause des pesticides vaporisés sur les arbres. Une ruche coûte 130 dollars. L’apiculteur touche 150 dollars pour un mois dans les champs d’amandiers. Même si les abeilles meurent, il a gagné 20 dollars.
- La situation est quand même différente en Suisse et en Europe?

En Suisse, presque tous les apiculteurs le sont par hobby, avec quelques ruches. C’est aussi un peu dangereux, car l’apiculture est devenue beaucoup plus difficile, avec le varroa notamment. Il faut connaître, suivre des cours pour être à la hauteur.

- Vous dites que votre grand-père volait le miel des abeilles. On ne devrait plus prélever le miel, ne plus en manger?

Je viens de déjeuner, et j’ai mangé du miel. Les abeilles font plus de miel qu’elles ne peuvent en consommer. Quand j’étais petit, cela m’énervait de voir que l’on prenait le miel et qu’on donnait de l’eau sucrée aux abeilles. On devrait leur en laisser un peu. Les abeilles ont besoin de pollen, c’est leurs protéines. Mais le miel leur sert de carburant pour voler.

- Vous avez travaillé cinq ans sur ce film. Qu’avez-vous appris des abeilles?

Ce qui me fascine le plus, c’est l’organisation de la ruche, l’intelligence de la colonie. Les ouvrières peuvent décider si elles veulent une nouvelle reine. Elles peuvent prendre la décision d’essaimer. Quelques abeilles vont chercher un endroit où elles pourront vivre. Elles reviennent et ça prend trois jours pour que la ruche décide d’essaimer. On pourrait apprendre des abeilles, de leur intelligence collective.

- Quels espoirs placez-vous dans les recherches de votre fille et de votre gendre?

Leurs travaux visent à renforcer l’immunité des abeilles. C’est vraiment la base de ce qu’on devrait faire. On a trop longtemps élevé des abeilles juste pour qu’elles nous conviennent, qu’elles soient laborieuses et dociles, au lieu de privilégier des abeilles saines. Cependant, on ne doit pas faire des abeilles fortes capables de résister aux pesticides. Mais mettre ensemble les apiculteurs et les agriculteurs pour les forcer à trouver des solutions. Tous deux travaillent dans le même secteur.


Une autre version de la bande-annonce


Des images saisissantes

«More than Honey» est truffé d’images saisissantes, comme celles d’un accouplement dans les airs, ou la visite guidée à l’intérieur de la ruche. Lors des prises de vues macroscopiques, il pouvait y avoir jusqu’à dix personnes pour filmer une seule abeille. Et elle n’avait pas lu le scénario! D’autres images spectaculaires ont été réalisées avec des drones qui ont suivi le vol des abeilles. Un studio pour abeilles a été construit à Vienne, dans une ancienne usine entourée de vastes champs.

Les cameramen ont découvert que si les abeilles étaient filmées à 70 images par seconde, (images projetées ensuite à 25 images/sec.) elles bougeaient à la même vitesse que les humains. L’équipe a beaucoup travaillé avec des odeurs, ce qui lui a permis de «communiquer» dans le langage des abeilles. Certains consultants auraient voulu réaliser une abeille en 3D, qui peut tout faire et ne pique pas! Une proposition balayée par Markus Imhoof, qui tenait à ce que le film ne montre que de vraies abeilles.

Claudine Dubois 
 ATS