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mardi 14 janvier 2014

Le livre «Mein Kampf» cartonne en ligne


Le livre d’Adolf Hitler pose les bases de l’idéologie nazie et de sa violence contre les Juifs. DR


Le pamphlet d’Adolf Hitler connaît un surprenant succès en librairie électronique. Contrairement à une idée répandue, sa vente n’est pas illégale. Pierre Dubois, président de la section neuchâteloise de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), se prononce contre toute interdiction.

Début 2013, un ouvrage que beaucoup espéraient en train de moisir dans les poubelles de l’Histoire est réapparu dans les librairies en ligne Amazon et iTunes, en édition électronique. Depuis, «Mein Kampf», le livre d’Adolf Hitler qui pose les bases de l’idéologie nazie et de sa violence contre les Juifs, cartonne. Le journaliste américain Chris Faraone s’en est récemment étonné dans le magazine en ligne Vocativ.com, notant que le livre apparaissait dans le top 20 des livres politiques et faisait course égale avec des essais politiques récents.

L’ouvrage haineux qui annonce la Shoah, publié en 1925, s’est vendu par dizaines de millions d’exemplaires avant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne et dans le monde entier. Après-guerre, il est toujours resté disponible en Europe. Contrairement à une idée répandue, sa vente n’est pas illégale. Le Land de Bavière, qui en détenait les droits, veillait cependant à ce qu’il ne soit pas publié sans avertissement aux lecteurs. En 2016, le copyright bavarois aura expiré. Des chercheurs prévoient de publier une nouvelle version assortie d’un ensemble de notes et de commentaires renouvelé.

En France, sa présence dans certaines librairies fait régulièrement débat. Il est parfois retiré sous pression d’organisations contre le racisme. Mais sa vente reste légale.

Depuis les débuts du commerce en ligne, de nombreuses versions, notamment gratuites, sont disponibles dans plusieurs langues. Ce qui rend d’autant plus surprenant le succès de la version payante. Une première édition électronique avait déjà été mise en vente aux alentours de 2008. Il n’existe ni version électronique ni version intégrale imprimée sur le site en français d’Amazon, cependant l’ouvrage en anglais figure relativement bien classé dans certains pays d’Europe. En Allemagne, il est listé en premier dans la section «Adolf Hitler» devant de nombreux ouvrages historiques et biographiques qui sont consacrés au dictateur.

L’ancien conseiller d’Etat neuchâtelois Pierre Dubois, président de la section neuchâteloise de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), ne s’en formalise pas outre mesure. Il a lu le livre «il y a de nombreuses années» et lui accorde un intérêt historique: «On peut le lire pour en connaître le niveau d’aberration. Mais ce qui importe surtout, c’est d’informer sans relâche sur les dangers du nationalisme et du fascisme. Même si on peut souhaiter, comme moi, une Europe plus sociale, la tentation de critiquer l’Union européenne ne doit pas conduire à oublier ce qu’était l’Europe à l’heure des nationalismes». Enfin, le militant contre le racisme se prononce contre toute interdiction: «A l’heure d’internet, il resterait disponible, avec en plus le goût de l’interdit.»

Pour le politologue Ernest Weibel, professeur émérite de l’Université de Neuchâtel, l’ouvrage «reste indispensable pour ceux qui doivent connaître le national-socialisme». Mais il relève aussi que l’ouvrage est presque centenaire. En dehors du contexte académique, il ne revêt plus grand intérêt. La question de savoir s’il présente un risque d’exciter l’antisémitisme peut donc être relativisée.

Luc-Olivier Erard 
Arpresse