Cassé !
"Tout ce qui est excessif est insignifiant. La politique, c'est penser au résultat final, et non pas se concentrer sur l'expression qui va faire le buzz du jour !" ,
a rétorqué Didier Burkhalter
Le ministre fort en gueule du Redressement productif français Arnaud Montebourg (grand donneur de leçons, mais qui a encore beaucoup de travail devant lui, vu l'état catastrophique de son pays) a estimé que le vote suisse était "un suicide collectif", provoquant l'ire du président de la Confédération Didier Burkhalter.
© JOHN THYS - TIM BRAKEMEIER/DPA/dpa Picture-Alliance / AFP
"La votation suisse, c'est le démonstrateur du lepénisme en vrai", déclarait mardi sur France Inter le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, ajoutant : "On va pouvoir montrer les résultats aux Français du lepénisme exercé à une petite échelle, qui est l'échelle helvétique." Très virulent, le ministre a poursuivi, menaçant la Suisse de "mesures de représailles. [...] Il va y avoir des barrières, en contrepartie, pour l'exportation des produits suisses. Et la Suisse va s'appauvrir, voilà le résultat ! C'est du lepénisme à petite échelle, c'est la ruine !" s'est emporté Arnaud Montebourg, concluant : "C'est un suicide collectif pour les Suisses."
La réplique cinglante de Didier Burkhalter, président de la Confédération suisse et ministre des Affaires étrangères, ne s'est pas fait attendre : "Tout ce qui est excessif est insignifiant. La politique, c'est penser au résultat final, et non pas se concentrer sur l'expression qui va faire le buzz du jour !"
Membre du Parti libéral radical, adversaire de la "votation" contre l'immigration de masse, Didier Burkhalter tente de limiter les dégâts chez ses proches voisins. Alors que la chancelière allemande Angela Merkel l'a reçu assez chaleureusement, cherchant à trouver une "solution raisonnable", le président a eu droit à un accueil bien plus sec de la part de Laurent Fabius. "Berlin a montré une claire ouverture vers le pragmatisme. Ici, à Paris, il faut encore beaucoup travailler", confie le président de la Confédération dans la presse suisse.
La Suisse peut compter sur l'Allemagne
«Les relations entre l'Union et la Confédération doivent demeurer aussi intensives que possible» a déclaré Angela Merkel lors d'une rencontre avec Didier Burkhalter.
L'Allemagne s'engagera pour trouver des «solutions raisonnables» entre la Suisse et l'Union européenne (UE). Celles-ci devront toutefois se fonder sur les principes de l'UE, a souligné mardi à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une visite du président suisse Didier Burkhalter.
«Les relations entre l'Union et la Confédération doivent demeurer aussi intensives que possible», a souhaité Mme Merkel à l'occasion d'une conférence de presse commune. Bien que regrettable, la décision du peuple suisse doit être respectée. Il est hors de question d'interrompre de bons contacts hâtivement, a souligné la chancelière.
Pas de discrimination
Didier Burkhalter a quant à lui déclaré que la Suisse ne discriminera aucun Etat membre de l'Union européenne (UE). Il s'agit tout d'abord de trouver une solution pour appliquer l'initiative contre l'immigration de masse. On ne peut toutefois pas encore prédire si la «solution suisse sera totalement compatible avec la libre circulation des personnes», a précisé le ministre des affaires étrangères.
La Suisse et l'UE ont toutes deux intérêt à poursuivre les négociations en cours, notamment concernant l'accord sur l'électricité. L'Allemagne ne gagnerait rien non plus à interrompre les pourparlers, estime Didier Burkhalter.