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samedi 5 avril 2014

Cycle d'orientation : un numerus clausus camouflé


A Fribourg, l’examen de passage au cycle est mal vécu. Normal: les barèmes fluctuent une fois les examens corrigés. Mais sans que cela ait été clairement dit.



Cette semaine, une partie des Fribourgeois retenait son souffle: les élèves de 8e primaire (HarmoS) qui passaient l’examen de passage dit Procédure de préorientation (PPO) d’entrée au cycle d’orientation, et leurs parents. Car cet examen, mis en place en 2006, est devenu le catalyseur des peurs et des angoisses qu’on prête aux éléments qui nous dépassent et qu’on méconnaît. Et pour cause. «L’élève ne sait pas à quelle sauce il sera mangé, car le barème est fixé après l’examen, une fois les évaluations corrigées, dénonce un parent bien informé. C’est davantage un concours d’entrée qu’un examen de passage.»

Une analyse que nuance Hugo Stern, chef du Service de l’enseignement obligatoire de langue française du canton de Fribourg: «Les barèmes sont placés à l’avance. Mais on se donne le droit de les pondérer légèrement après coup si on se rend compte que l’épreuve était trop difficile ou au contraire trop facile, de sorte que l’élève soit orienté dans le type de classe adéquat.» Ou, pour filer la métaphore: «C’est un peu comme le saut à skis, plaisante un directeur de cycle. Si tout le monde saute loin, on rallonge la piste. Dans le cas contraire, on raccourcit.» La preuve: beaucoup trop d’élèves ont raté mardi dernier les maths. Lundi, les directeurs et les inspecteurs se rencontreront pour relever le barème «de cette épreuve mal calibrée», justifie un responsable.

Fribourg aurait-il des concepteurs d’examens à côté de la plaque? Certainement pas. La véritable raison de ces notes élastiques tiendrait plutôt à un numerus clausus camouflé, afin de répartir les élèves au cycle selon cette clé: environ 25% en prégymnasiale, 50% en section générale et 25% en exigences de base. Qu’une volée s’avère médiocre, et un enfant à la limite pourra se retrouver dans la section supérieure. Qu’elle soit brillante et c’est l’inverse. «Là-dessus, c’est l’omerta, commente une enseignante. En forçant le trait, on peut dire que les directeurs doivent s’arranger en fonction du nombre de chaises par classe. Concrètement, si une prégymnasiale est pleine à craquer, ils n’insisteront pas pour y intégrer un bon élève de générale. Mais malgré tout, les erreurs d’orientation sont rares.» D’autant plus que cette épreuve n’est qu’un paramètre parmi d’autres, puisque les notes de l’année, l’évaluation de l’enseignant et le point de vue des parents comptent aussi. «Cet examen est un élément modérateur pour les élèves à cheval entre deux degrés, tempère Frédéric Ducrest, directeur du CO de La Tour-de-Trême. Mais vous ne pourrez pas empêcher les gens de penser qu’il s’agit d’une grosse machinerie faite pour remplir des pourcentages.» En tout cas, Fribourg est le seul canton romand à bricoler les barèmes a posteriori. Ailleurs, on dément procéder de la sorte.

Soutien scolaire

Quoi qu’il en soit, dites PPO à Fribourg et vous sentirez la tension monter. Les seuls à en profiter sont les centres de soutien scolaire. A Bulle, Laure Brienza, fondatrice du centre Eurê-K: «En trois ans, nous avons enregistré une hausse de plus de 50% de la fréquentation des cours de préparation à la PPO. Nous avons agrandi nos locaux, engagé des professeurs et malgré cela, nous avons dû refuser des élèves aux vacances de carnaval.» Hugo Stern le concède: «Je comprends le sentiment de certains parents d’être face à un numerus clausus, même si notre attitude est celle de la bienveillance. Le risque de ces épreuves cantonales, c’est qu’elles deviennent un élément survalorisé par rapport aux autres critères.» Et le responsable de formuler le vœu «que Fribourg repense ce dispositif et remplace cette procédure par une solution plus harmonieuse». Et plus transparente. Les Fribourgeois alors respireront mieux.