Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 21 octobre 2014

La Suisse: il fait bon y naître, mais attention!



Contrairement à ce que prétend Orson Welles dans «Le troisième homme», la Suisse est un pays où l’innovation et la créativité pullulent. En ce sens, elle mérite sa place au premier rang des meilleurs pays du monde où il fait bon naître. Mais attention, cela pourrait changer.

Nous étions invitée récemment au Château de Prégny par la famille Rothschild pour le lancement du livre du professeur d’histoire économique de l’Université Harvard James Breiding, «Swiss Made, tout ce que révèle le succès du modèle suisse» (Slatkine). «Le succès du modèle suisse»: par les temps qui courent, que de bien cela ne fait-il pas!

«La Suisse, c’est le pays qui fait l’éloge du travail, de l’innovation et qui sait encore respecter les vraies valeurs du travail bien fait» s’exclamait dans la même soirée avec passion Jean-Claude Biver (Président du Groupe LVMH Horloger et Président de la marque Hublot).

Comme diraient les Québecois, en Suisse on ne perd pas notre temps à se vendre ni à rouler les mécaniques. «Nos babines suivent nos bottines en Suisse», dirait Josée Bélanger, notre chroniqueuse québécoise établie en Suisse depuis 30 ans. Nous les Suisses, nous aimons les 42 heures. Nous pensons que ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait et que la qualité a besoin de temps et de talents. Nous aimons le soin du détail, l’authentique, la nature, les sciences et nous sommes devenus les meilleurs au monde dans les professions de la complexité, du minuscule et du plus innovant. Preuve en sont l’innovation scientifique en Suisse depuis plus d’un siècle, les entreprises du secteur de la santé, les pharma. Mais aussi l’horlogerie et l’esprit d’innovation qui l’habite depuis plus de 200 ans… Et ces œuvres d’art que sont les montres de très grande complication…

Une vision de notre pays qui tranche singulièrement d’avec l’image que véhicule encore un hebdomadaire comme l’Economist, qui publiait en 2012 encore une liste des pays où il fait bon naître pour réussir dans la vie. La Suisse est au top de la liste, suivie de l’Australie. Les Etats-Unis ne sont qu’en 16e position et le Nigeria est le pire des 80 pays étudiés.

Il fait bon vivre en Suisse, constatait donc Laza Kekic, le directeur du «Country Forecasting Services» de The Economist Intelligence Unit. Il fait bon vivre en Suisse… Mais «quel pays ennuyeux et peu créatif». Et l’auteur de rappeler la réplique mythique attribuée à Orson Welles dans le «Troisième Homme» de Carol Reed: «Rappelez-vous qu’en Italie, sous les Borgia, pendant trente ans, il y a eu la guerre, la terreur, meurtres et assassinats: cela a donné Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu l’amour fraternel, cinq siècles de paix et de démocratie. Et qu’est-ce que cela a donné? L’horloge coucou!»

Rappeler cette anecdote dans un tel contexte est d’une débilité profonde: la Suisse n’est-elle pas le berceau de l’innovation pharmaceutique, de l’horlogerie, du Velcro, des Chevrolet, de l’Hotel Ritz, du meilleur joueur de tennis de l’histoire tennistique, et surtout le berceau de l’humanitaire avec le CICR, et l’on pourrait encore en écrire des pages et des pages…

Oui, décidément, la Suisse est un pays de réussite et d’innovation. Oui, il y fait bon vivre. Oui, la Suisse mérite sa place au premier rang des meilleurs pays.

Toutefois, attention chères entreprises suisses ou étrangères établies en Suisse, attention cher gouvernement suisse, ne comptez pas sur vos acquis et sur la réussite de ces derniers siècles, car nous vivons un tragique tournant en ce moment.

Nous allons au-devant d’une tragédie humaine et sociale! Les coupables sont les innombrables réorganisations et restructurations d’entreprises, la vision ultra court-terme des dirigeants et des conseils d’administration, la logique de baisse drastique des coûts et les nombreuses fusions d’entreprises qui entraînent des licenciements massifs. Ce sont tous ces coupables qui auront un impact irréversible sur le succès de la Suisse. Notre taux de 3.2% de chômage en Suisse est un leurre, car il n’inclut pas toutes les centaines de personnes, bientôt les milliers de personnes qui sortiront des statistiques du chômage d’ici mi-2015.

Et après, où seront-ils tous ces employés qui ont fait le succès de la Suisse de ces dernières décennies? A la rue? Et nous serons ex aequo avec le Nigeria!

Caroline Miller
fondatrice et directrice Head to Head
Executive Search & Public Relations
cabinet de recrutement de cadres dirigeants