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samedi 4 octobre 2014

OX513A: c’est le nom du premier animal génétiquement modifié à être relâché dans la nature


En avril 2014, le Brésil à donné son feu vert pour le déploiement à grande échelle de ce moustique transgénique créé par la startup britannique Oxitec. L’objectif: réduire, voire décimer, les populations de Aedes aegypti, le principal moustique vecteur du virus de la dengue.

Cette maladie sévit dans les régions tropicales et subtropicales. Le nombre d’infections annuelles est estimé entre 50 millions et 100 millions dont 25’000 conduisent au décès, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il n’existe aucun traitement ni vaccin et le nombre de cas est en hausse depuis cinquante ans. La maladie se transmet surtout par les piqûres des femelles A. aegypti. Le moustique tigre asiatique A. albopictus la transmet aussi mais de manière moins efficace; il est à l’origine de quelques cas observés dans le sud de la France.

Les techniques standards de lutte contre A. aegypti se sont pour l’instant révélées plutôt inefficaces, qu’elles soient préventives (élimination des lieux de ponte) ou chimiques (pulvérisation d’insecticides). D’où l’intérêt suscité par cette nouvelle approche qui pourrait être commercialisée prochainement.

Le directeur d’Oxitec se réjouit d’avoir obtenu l’autorisation de la Commission technique nationale pour la biosécurité du Brésil en avril 2014. «Elle a reconnu la sécurité intrinsèque de nos moustiques et les risques négligeables pour l’environnement, dit Hadyn Parry. Il nous faut désormais recevoir un permis commercial du Ministère de l’agriculture, ce qui prend en général six à neuf mois.»

Protéine létale

La stratégie d’Oxitec s’appuie sur une technique connue: le lâcher d’insectes mâles stériles. Ils sont irradiés et lâchés en surnombre afin que la majorité des œufs pondus par les femelles soient non viables. Cette stratégie a notamment permis l’éradication aux Etats-Unis de la lucilie bouchère, surnommée la «mouche tueuse» (elle conduit à des plaies parfois mortelles pour le bétail).

La méthode d’Oxitec consiste à introduire deux nouveaux gènes dans les mâles A. aegypti: l’un code pour une protéine létale et l’autre pour un marqueur fluorescent qui permet aux chercheurs de suivre et de recenser la population transgénique. L’une des clés du système est l’existence d’un antidote, l’antibiotique tétracycline, qui inactive la protéine létale et permet de multiplier OX513A en laboratoire.

Le moustique génétiquement modifié est relâché dans la nature en surnombre par rapport aux mâles sauvages et s’accouple avec les femelles. Privée d’antibiotique, sa progéniture meurt avant d’atteindre l’âge adulte — tout comme lui d’ailleurs. Plusieurs essais pilotes menés depuis 2009 avec OX513A aux îles Cayman dans les Caraïbes, en Malaisie et au Brésil ont démontré l’efficacité de la technique pour réduire les populations d’A. aegypti, de 80 à 90% après six mois.

«Toutes les deux semaines, nous disséminons en moyenne un ratio de 10 à 15 moustiques transgéniques par moustique sauvage, explique Hadyn Parry. Après six mois, la fréquence et le nombre des lâchers peuvent être réduits, mais doivent être maintenus à long terme.»

C’est une technologie «fantastique», juge Ilona Kryspin Sørensen, directrice de recherche à la Danmarks Tekniske Universitet et membre du groupe de travail sur les OGM à l’EFSA (European Food Safety Agency). «Elle est moins onéreuse que la stérilisation par irradiation, moins dangereuse que les insecticides et n’a aucun effet sur les autres animaux.» Mais la technique reste chère. Le chercheur Jayme Souza-Neto de la São Paulo State University (Brésil) en a estimé le coût pour une ville de 50’000 habitants: entre 900’000 et 2,2 millions de dollars pour la première année, et 450’000 dollars pour les années suivantes.

Risqué?

Mais l’efficacité de la méthode pour réduire la transmission de la dengue reste incertaine. «On peut penser qu’un moustique d’une autre espèce, comme A. albopictus par exemple, remplacera comme vecteur celui éliminé par Oxitec», note Christophe Boëte, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Marseille (France).

Des scientifiques relèvent la possibilité que le moustique développe une résistance au gène létal ou se mette en contact avec des antibiotiques issus de l’élevage, capables de contrecarrer l’effet du gène tueur. Paul Reiter, du Laboratoire Insectes et maladies infectieuses à l’Institut Pasteur (Paris), est confiant: «Nous savons que les moustiques OX513A meurent à terme et que le gène létal ne peut pas se transférer à une autre espèce.»

Il est également possible que certains moustiques transgéniques femelles soient relâchés accidentellement avec les mâles, ce qui au final augmenterait la population de vecteurs de la maladie, car ce sont les femelles qui la transmettent. Pour l’ONG GeneWatch UK, il existerait même dans certaines circonstances un risque de recrudescence de la forme sévère de la dengue en raison d’une baisse de l’immunité humaine due à la réduction partielle ou temporaire des populations de moustiques. Mais cet argument concerne également d’autres techniques, non génétiques, de lutte contre la dengue.

Le premier lâcher de moustiques «kamikazes» en 2009 avait déjà suscité la polémique. «Oxitec a manqué de transparence lors des essais réalisés sur l’île de Grand Cayman, relate Christophe Boëte de l’IRD. Il aurait fallu qu’il y ait une large consultation avec la communauté scientifique sur les questions légales, éthiques et sociales de tels essais.»

La directrice de GeneWatch UK, Helen Wallace, ajoute: «En vertu du protocole de Carthagène sur la biosécurité, Oxitec devrait publier une évaluation des risques selon les critères définis par l’UE, ce qui n’a pas été fait.» Elle déplore de plus qu’Oxitec n’ait pas publié les résultats de ses essais au Brésil.

L’entreprise a également démarré un essai au Panama et espère en commencer un autre en Floride d’ici à la fin de l’année, mais devra pour cela obtenir une autorisation de la FDA, qui considère son moustique comme un médicament.